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Le mythe antique : pourpre et ors

Auteur : Jean-Paul Savignac

Date de saisie : 10/05/2008

Genre : Litterature Etudes et theories

Editeur : la Difference, Paris, France

Collection : Les Essais

Prix : 25.00 / 163.99 F

ISBN : 978-2-7291-1752-8

GENCOD : 9782729117528

Sorti le : 17/04/2008

  • Les presentations des editeurs : 17/09/2008

L’imagination veut toujours a la fois rever et comprendre, rever pour mieux comprendre, comprendre pour mieux rever. L’affirmation de Bachelard peut s’appliquer a ce livre. Jean-Paul Savignac convie le lecteur a une quete amoureuse du mythe antique, car il est convaincu que ce type de recit est le chant essentiel que nous aimons passionnement entendre.
Il montre que le mythe, dont les premieres occurrences ecrites fleurissent au cours de l’Antiquite, a besoin aujourd’hui d’explications, pour en devoiler les aspects symboliques et oniriques – le mythe veut que l’on soit ebloui et terrifie.
Il defend une ecriture poetique de la traduction en reprenant des textes grecs et latins qu’il etudie de facon a en exprimer la force suggestive. Ses exemples sont le plus souvent des poemes de Pindare. Enfin, menant l’enquete dans un domaine sinistre, il recolte les lambeaux d’une langue et d’une parole gauloises dont le temoignage culturel fait jusque-la defaut a l’heritage antique. Il repare ainsi une perte et une injustice de l’histoire tout en montrant que la recherche erudite peut retrouver meme les mythes que l’on croyait irremediablement disparus.

Jean-Paul Savignac developpe son travail d’ecrivain et de traducteur dans trois domaines : le latin, le grec et le gaulois. Il a publie a La Difference : Merde a Cesar – Les Gaulois, leurs ecrits retrouves (2000), Le Chant de l’initie et autres poemes gaulois (2000), Oracles de Delphes (2002), Dictionnaire francais-gaulois (2004), et des traductions des Oeuvres completes Je Pindare (Minos, 2004), et d’Oedipe roi de Sophocle (Minos, 2006).

  • Les courts extraits de livres : 17/09/2008

Extrait de l’introduction :

Tous les hommes desirent naturellement savoir.
Aristote, La Metaphysique (A, 980 a 21)

Il s’agit de s’interroger ici sur le present choix de textes relatifs a l’Antiquite greco-latine et gauloise. Etudes ? Recherches ? Mises au point ? Coups de coeur ? Tout cela sans doute – un butinement voue a la delectation, une plongee du regard dans le miroir des heroismes passes. Une passion. Issus d’offres circonstancielles ou de preferences avouees, ces articles et conferences s’essaient a deux pratiques du langage, celle qui cree, en vue du travail de traduction, et celle qui critique, pour le commentaire de textes. Reproduire a travers quelques exemples la pourpre de la poesie, celebrer l’or du mythe, telle est bien la tentative immodeste de cet ouvrage. Parallelement a d’autres travaux, que les Editions de la Difference ont publies, ces ecrits, cousus les uns aux autres, qui n’obeissent a aucune idee preconcue consciente et n’entendent illustrer aucune these, resultent de la volonte de recolter un peu du sens et de la verite des choses de l’imaginaire antique. C’est ainsi que sont cites ici Homere, Hesiode, Pindare, Eschyle, Sophocle, Porphyre, Ciceron, Virgile, Ovide et Pline. Ce qui les reunit, c’est une quete amoureuse du mythe, tout emerveillee, quand cet instrument de connaissance de soi et du monde peut etre suivi mot a mot, comme c’est le cas dans la litterature greco-latine, ou bien pleine d’attente et d’espoir, lorsqu’il est a peine saisissable dans le monde dormant de la Gaule. Ce choix, pratique au fil des ans, repond, en fin de compte, au besoin d’etre effraye et ebloui, d’ou l’errance vers les rives glorieuses de l’au-dela et les retrouvailles dans des espaces de felicite.

Textes et traductions ont ete regroupes en trois parties. La premiere rassemble des articles ayant trait a une geographie mythique, inspires de sujets et de textes litteraires. Ecrit initialement a propos du theme de l’epouvantail, le Jardin en transe s’est augmente des mythes de Priape et de la Nymphe Lotis, puis a surpris le secret du domaine feminin pour en venir, au-dela de l’usage de l’epouvantail proprement dit, aux presences symboliques qui fondent un jardin. Ce premier article, qui a declenche la venue des autres, combine plusieurs elans.
Une charite ardente, d’abord. L’epouvantail, c’est l’homme mal en point ; il a besoin de se relever de sa decheance et de sa melancolie sterile, ce fantome humain ! Il est le heros des rehabilitations et de toutes les histoires de redemption. Le combat essentiel, tendu, torturant qu’il est toujours amene a engager, c’est de faire eclater la justice, quand precisement elle est obliteree par le langage d’un detenteur de la parole qui ment et qui fait taire. L’oppression de la liberte incendie notre faculte de penser et consume notre energie psychique : nous suffoquons a ne plus pouvoir parler que dans un etat spasmodique. C’est une experience comparable a une agonie rageuse : nous devenons un sanglot qui parle, un epouvantail delabre. La seule ressource pour porter plainte : ecrire. Sous ses haillons, l’epouvantail a ete un dieu.
Ensuite, l’amour du sol. Cette defroque mise en croix defend et protege le jardin, espace de l’eros. Un lien puissant nous attache a la terre. L’ecriture est le moyen d’entretenir et de celebrer la relation sans cesse renouvelee a l’herbe, aux fleurs, aux arbres, aux fruits, aux graines et a l’element terre. L’ecrivain herborise avec les mots. Il explore l’espace enchante en foulant le corps elastique et rassurant de la terre. Il echappe a la menace d’abstraction en contemplant la bouche de la Terre, c’est-a-dire l’Oracle, son sexe, soit le jardin, sa chevelure qui est la foret, aussi ses seins, ce que sont les collines, ses yeux, les sources, et son front, les monts.