Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Le nouvel amour

Auteur : Philippe Forest

Date de saisie : 23/08/2007

Genre : Romans et nouvelles – francais

Editeur : Gallimard, Paris, France

Collection : Blanche

Prix : 16.00 / 104.95 F

ISBN : 978-2-07-078330-4

GENCOD : 9782070783304

Sorti le : 23/08/2007

Acheter Le nouvel amour chez ces libraires independants en ligne :
L’Alinea (Martigues)Dialogues (Brest)Durance (Nantes)Maison du livre (Rodez)Mollat (Bordeaux)Ombres Blanches (Toulouse)Sauramps (Montpellier)Thuard (Le Mans)

  • Les presentations des editeurs : 02/09/2007

Il parait que l’amour n’est pas la grande affaire dans l’existence des hommes, qu’ils ne grandissent pas en pensant qu’il y a devant eux cette chose affolante, ce souci d’etre a quelqu’un d’autre ou se tient tout le sens possible de leur vie. Il parait que de telles fables sont l’affaire exclusive des femmes. Que ce sont elles seules qui calculent tout de leur temps en raison de l’amour qui viendra.
Je ne sais pas. Il me semble que j’ai toujours pense que l’amour m’attendait, que j’allais a sa rencontre, et que si par malheur je le manquais, j’aurais tout manque avec lui. Qu’il n’y avait au fond rien d’autre que cela a attendre de la vie.
Rien d’autre, oui, si ce n’est l’amour. Et comme l’ecrit un poete, tout le reste m’est feuilles mortes.

Ne en 1962, Philippe Forest est essayiste et romancier. Il est notamment l’auteur de L’enfant eternel (prix Femina du premier roman 1997), Sarinagara (prix Decembre 2004) et Tous les enfants sauf un (2007).

  • La revue de presse Philippe Lancon – Liberation du 11 octobre 2007

L’amour est une impossibilite vecue. Autrement dit, un deuil de plus. Il n’est pas question de le faire, mais de l’ecrire. Le Nouvel Amour est le roman d’une passion impossible et vecue par un homme qui ressemble a Philippe Forest. Cette passion vient a un moment ou, ayant perdu sa fille puis son pere, il pensait ne plus craindre et ne plus renaitre. On pense trop : tout veritable amour fait feu des cendres qui precedent. Un nouvel amour vient, ecrit Forest, et, comme on a deja un peu vieilli, il y en a eu beaucoup d’autres avant lui. Et pourtant, il est le seul. Tout ce que l’on vous a donne avant lui, il vous le donne une fois de plus. Tout ce que l’on vous a ote, il vous en prive de nouveau. Tout l’ecrivain est dans ces mots. Sa psychologie de l’amour et de soi est precise, sensible, detaillee dans la justesse.

  • La revue de presse

Guide par le souci d’etre juste, le refus de toute sublimation, le degout des cliches, il s’insinue en profondeur dans l’experience interieure que constituent le sentiment amoureux, l’attirance electrique des corps – le desir et la mort, la plenitude et le neant, la volonte de se sauver et la tentation de se perdre… tout cela si etrangement synonyme, jusqu’a se confondre. A cette histoire, il n’y a pas de fin, heureuse ou malheureuse. Il y a les phrases de Forest, qui tentent moins de comprendre que d’attester de ce qui a ete. Et ces mots de Breton qu’il choisit de faire siens : Ce que j’ai aime, que je l’aie garde ou non, je l’aimerai toujours.

  • La revue de presse Patrick Grainville – Le Figaro du 23 aout 2007

Il est tres difficile de parler d’un livre de Philippe Forest, car il dit et commente des choses si radicales, si personnelles, avec tant de finesse, de verite, en employant des mots si peses que le critique est presque reduit a le paraphraser en redoutant de le trahir. Un critique lit un livre, le stylo a la main, en vue de noter ce qu’il devine peu a peu emerger d’essentiel. Le probleme avec Philippe Forest, c’est qu’on souligne tout…
Mais un texte autobiographique de Philipe Forest ne saurait en rester au simple deroulement lucide d’un aveu, c’est aussi et toujours une interrogation sur le roman. Nullement technique mais vitale. Premiere declaration : Il n’y a de roman que d’amour. On n’y coupera pas, aussi loin que l’on pretende s’eloigner du sentiment qui nous fait homme. Or, le propre d’un roman d’amour est que cet amour meurt a la fin. Tel est le tragique du romanesque mythologique. Forest, pour toutes les raisons terribles que nous avons vues, n’accepte plus de clore. Et c’est une fin ouverte qu’il va nous offrir. En effet, le propre du romancier c’est, peut-etre, de ne rien oublier, de ne jamais se separer tout a fait. Il est, a la difference de l’aventurier, voire du sage, le grand veilleur des ames toujours vivantes.

  • Les courts extraits de livres : 07/01/2008

Quand ma fille est morte, j’ai eu le sentiment stupide d’etre soudainement devenu invulnerable. Quelque chose etait arrive, que je n’avais pas voulu, que j’aurais tout donne afin de pouvoir defaire, mais en quoi s’epuisait d’un coup tout le chagrin du monde. Je mentirais si je taisais l’ivresse que j’ai tiree de ce neant. C’est cette ivresse qui m’a preserve de mourir tout a fait. Le bonheur ? Oui, je veux bien de ce mot scandaleux. Et meme si je suis le seul a vraiment en comprendre le sens.

Une fois de plus, je revois l’apres-midi de printemps ou tout cela a eu lieu. Il faisait soleil. Au fond de la fosse, nous avions laisse l’urne encore tiede ou se trouvaient les cendres de notre enfant. Le pretre qui se tenait la a dit quelques mots simples. Puis, de sa main droite, il a trace une croix dans l’air. L’employe municipal (le fossoyeur) a tire sur le trou la lame de trois grandes dalles. Personne ne savait comment secouer l’embarras de cette scene. En ordre disperse, nous sommes repartis, traversant le cimetiere, passant parmi les croix penchees, les steles noires, les fleurs fausses allongees sur le gravier ou bien sur le marbre.

Je revois tout cela comme une simple vision, de celles que l’on a parfois en reve et qui restent dans la memoire plus vivantes qu’un vrai souvenir. Quand nous nous sommes eloignes, retournant a la voiture, ne sachant pas ou nous dormirions le soir meme car nous n’avions plus de maison ou aller, pensant que cela n’avait plus d’importance puisqu’a un tel chagrin, il etait de toute facon inconcevable que nous sachions survivre bien longtemps, j’ai vu le monde entier disparaitre, convaincu que la douleur presente contenait en elle la somme tres simple de toute souffrance possible, de toute souffrance passee, presente, a venir.

Alors j’ai vu vraiment le monde basculer en lui-meme, se dissoudre a l’interieur d’un dedans tres sinistre qui avalait tout en lui. Ma propre mort, celle de tous ceux que j’avais aimes, l’evanouissement meme de toutes les choses un jour vecues, je les ai vus tres concretement contenus dans cette scene ou tout soudain s’abimait. Et a ce moment tres precis, j’ai su cette chose que racontent les legendes lorsqu’elles disent comment le monde un jour ou l’autre finira. Toute l’immense et cruelle beaute de ce spectacle sans merci.

Oui, tout etait en ordre. Et c’etait peut-etre pour la premiere fois.

Et puis est venu le temps dont j’ai parle dans mes livres. Beaucoup d’annees ont passe. Elles n’ont pas compte. C’est en tout cas le sentiment qu’elles m’ont laisse. J’etais certain que plus rien ne pouvait maintenant m’arriver. Du moins : plus rien qui puisse m’atteindre dans le secret de mon coeur. Je vivais. Je laissais les jours se remplir et puis se vider de la meme matiere morne et sans durable importance. De minuscules vanites, quelques plaisirs pour rien m’occupaient le corps et puis l’esprit. Merveilleuse et puis miserable, une magnifique melancolie s’etait etendue sur le monde. Et si elle le privait de toute signification, du moins n’interdisait-elle pas tout arrangement pris parfois avec la vie.

Mon existence ne differait de celle des autres que sur un seul point : elle etait sans avenir. Je flottais dans la formidable nonchalance d’un perpetuel present. Le futur me faisait defaut. Tout projet m’etait impossible. La reconduction a l’identique des jours, des semaines, des annees me laissait immobile au sein du grand mouvement du temps qui poussait tous les autres vers l’avant.