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Le pays

Auteur : Marie Darrieussecq

Date de saisie : 23/08/2007

Genre : Romans et nouvelles – francais

Editeur : Gallimard, Paris, France

Collection : Folio, n 4582

Prix : 5.80 / 38.05 F

ISBN : 978-2-07-034704-9

GENCOD : 9782070347049

Sorti le : 23/08/2007

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  • Les presentations des editeurs : 09/01/2008

Une femme rentre au pays. Elle est fille, petite-fille, epouse, mere et soeur. Ce dernier point est le lieu des secrets. Cette femme court, demenage, achete des meubles et en laisse d’autres, se pose quelques mois et ecrit je de temps en temps. La Maison des Morts l’attire comme un casino attire un joueur, mais son mari est contre, heureusement. C’est un petit pays, charmant et balneaire, mais dont les traditions funeraires ne sont pas pour attirer les touristes, il faut en convenir. Un pays natal, c’est une parcelle d’un sol, c’est aussi une muqueuse uterine, c’est une langue, c’est la memoire des morts, c’est une histoire et une geographie. C’est un roman d’amour, et des cartes postales. Mais est-ce que ca existe, un pays sans Etat ? Un pays coupe en morceaux ? Et une femme enceinte au cerveau politique ? Avec un humour tres subtil, une gravite et une precision quasi scientifique, Marie Darrieussecq nous permet d’eprouver toute la metaphysique des origines, la question de la filiation, et livre une analyse perspicace des effets de la solitude et du deracinement.

  • Les courts extraits de livres : 09/01/2008

Je courais, ignorante de ce qui se passait. Je courais, tara, tam, tam, tam, lentement, a mon rythme. Mes chaussures amortissaient le choc. Tam. Tam. Tam. Tam. Ca montait dans mes jambes, mes genoux chauffaient, l’attache des muscles gonflait. Je m’etais mise a courir depuis que j’etais arrivee ici. Ignorante encore de ce qui se passait. J’enfilais mes chaussures et hop, je courais. J’avais le sentiment de faire quelque chose. Comme quand on fume, ou quand on ecrit : le temps passe. On le sent physiquement s’ecouler. On sent le flux.
Je courais de plus en plus longtemps. Ce n’etait plus le corps de jeune fille allant par impulsions, enfantin. Je m’etais installee. Je possedais un corps, solide, en pleine sante. J’avais confiance, il avait porte un enfant, il avait tenu bon dans plusieurs occasions. Il supportait les variations, les chocs. Mes jambes decouvraient la course. Elles etaient capables de ca : de tenir. Mon coeur, mes poumons, mes arteres. Mes genoux, tendons, cartilages, la ponctuation des articulations. La plante des pieds, souple, sensible au relief, l’anticipant, sachant faire avec la route.
Peu a peu, en courant, je m’evaporais. Les coureurs le savent, au bout d’un moment on se detache de soi-meme. Etape par etape, je ralliais des jalons, un arbre, un panneau, un champ. Au debut, les premieres minutes, mon corps n’etait pas chaud. Cet exercice, il le reconnaissait, les jambes protestaient. La machine froide, c’est moi qui la poussais, c’est moi qui la forcais. Je me portais, j’etais lourde.
Puis un moteur prenait ma place. Un souffle, quelque chose d’aveugle et d’obstine, qui poussait et avancait pour moi. Les jambes prenaient le bon mouvement, le rythme, comme si le reste de la vie n’avait ete qu’une pause dans la course. Le macadam reculait sous ce qui avancait a ma place. Les bas-cotes, les fosses, les arbres et les collines se deplacaient. Je jetais de frequents coups d’oeil sur mes pieds : tam, tam, tam, tam. Ils s’abaissaient et se relevaient, talon-pointe, cuir et caoutchouc. Me precedant de peu. Alors je pouvais me reposer, me reposer sur eux. Mes poumons s’activaient jusqu’au bout des bronchioles, se deployaient, hah, comme des parachutes. Se deployaient, hah, comme des anemones rouges. La brulure en fond de gorge, a la base tendre du cou, une medaille chauffee, hah, la bouffee. J’etais suspendue. Tout ce qui courait en moi me tenait debout, me portait. Je devenais j/e. Avec le meme soulagement que lorsqu’on glisse vers le sommeil, j/e basculais vers d’autres zones.
Alors quelqu’un se mettait a me suivre. Ses pas, au rythme des miens, claquaient et craquaient, comme des chevilles. Avec ce son mat et plat du macadam frappe. Puis ca changeait d’axe, se rapprochant par ma gauche ou ma droite, sur un rythme different. Et ca venait a mes cotes. Et la, ca me tenait compagnie.
J/e courais. Au bonheur de penser, a l’extase de penser. J/’exercais ma pensee avec une detente physique, une detente de gachette – et tout s’ensuivait. J/e ne pensais a rien. J/’avais laisse Tiot et Diego derriere moi. J’/avais laisse la maison et le pays et notre recent emmenagement, les cartons et le bazar : derriere moi. Mon cerveau se reposait, associait des pensees d’abord en sarabande, puis en fil continu : une ligne de pensees, tam, tam, tam, tam, solitaire, indifferente. Des phrases venaient a ma rencontre, nuages de moucherons, ou libellules. Passe le pont, les phrases venaient a ma rencontre. Une heure, une heure droit devant. Dans le souffle. La route etait libre, j/e courais.

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