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Le petit bol de porcelaine bleue

Auteur : Francoise Legendre

Date de saisie : 18/01/2008

Genre : Jeunesse a partir de 13 ans

Editeur : Seuil Jeunesse, Paris, France

Collection : Karactere(s)

Prix : 8.00 / 52.48 F

ISBN : 978-2-02-096903-1

GENCOD : 9782020969031

Sorti le : 17/01/2008

  • Les presentations des editeurs : 19/01/2008

Andrei est un enfant ; il aime jouer, rever apprendre des mots de francais et gouter sous les yeux de sa grand-mere qui l’adore. Mais la vie est dure dans la Roumanie communiste des annees 80.
Ses parents partent un jour et ne reviennent pas : c’est lui qui devra les rejoindre, plus tard… Andrei doit soudain devenir adulte ; il lui faut apprendre a maitriser sa souffrance et sa peur, entourer sa grand-mere, se proteger des regards hostiles et, surtout, apprendre a attendre, Le petit bol de porcelaine bleue qu’il retrouve un jour va l’aider a tenir…

Francoise Legendre puise dans ses souvenirs personnels pour nous offrir ici une histoire de tendresse et de courage, d’amour et d’exil, un regard sur une page d’histoire recente.

  • Les courts extraits de livres : 19/01/2008

Pendant neuf ans, j’ai habite appartement 36, bloc 3, strada Justitsiei, a Braila, en Roumanie. Je n’ai jamais oublie cette adresse. Mon immeuble etait comme les autres, jete sur un grand terrain vague ou les papiers sales voletaient sur une herbe rase, boueuse des octobre, grise de poussiere aux beaux jours. Certains immeubles etaient restes en chantier : les fenetres sans vitres, les portes donnant sur le vide et sans doute les histoires de brigands caches dans les caves me faisaient peur. Il y avait souvent des carreaux casses. En hiver, la petite ampoule eclairait a peine les paliers. Lorsque je rentrais et qu’il faisait deja sombre, je grimpais en courant les cinq etages.
Quand j’arrivais, la clef tournait deja dans la serrure de la porte de l’appartement avant que je n’aie eu le temps de toucher la clenche. Bunica etait la, elle guettait mon retour. Je montrais mon etonn-ment, rien que pour voir ce petit sourire apparaitre sur sa bouche, accompagne d’un leger haussement d’epaules qui voulait dire : Mais non, il n’y a rien d’etonnant, je suis ta Bunica…
Elle etait seule en fin d’apres-midi et me faisait asseoir en s’empressant de me servir un gouter. Rien a voir avec les gouters d’ici… C’etait du pain, du the brulant, de la dulceatsa, cette confiture de cerises tellement sucree et douce qu’il fallait boire entre chaque cuilleree. Bunica me regardait, assise sur un coin de chaise. Elle etait toute menue – j’etais sur d’etre vite plus grand qu’elle -, mais elle se tenait tres droite, ses cheveux gris argente bien maintenus par des peignes qu’elle reajustait sans cesse.
Mes parents rentraient plus tard. Ils travaillaient tous les deux dans une sorte d’usine autour d’un puits de petrole, un combinat. Leur travail me paraissait complique, lointain. Ils parlaient toujours du laboratoire. Par moments, ils semblaient contents, enthousiastes, d’autres fois, ils rentraient abattus pour des raisons qui restaient pour moi totalement mysterieuses. Ma mere, toujours bien coiffee, laissait alors s’echapper des meches de longs cheveux noirs de son chignon bas, des cernes se creusaient sous ses yeux gris. Ces soirs-la, elle m’embrassait sans y penser et tout ce que faisait Bunica l’agacait. Il n’y avait pas grand-place quand nous etions la tous les quatre. Bunica avait son lit dans la salle a manger, tout recouvert de coussins brodes pendant la journee : c’est dans cette piece aussi que je m’installais pour travailler ou pour lire, le dos appuye contre le buffet. Souvent, Bunica cousait ou repassait a un bout de la table, pendant que mes cahiers s’etalaient a l’autre bout.
Tous les soirs, elle venait s’asseoir a cote de moi pour suivre mon travail. Ensuite, elle me proposait des mots de francais, me designant les parties du visage, du corps, des meubles, des couleurs… Ses yeux brillaient. Elle me fixait pour tester ma comprehension, le ne comprenais pas tout, mais une riviere coulait vers moi et je me laissais flotter.
J’apprehendais les lecons d’histoire qui donnaient quelquefois lieu a des discussions entre mon pere et Bunica. Il avait toujours le dernier mot en lancant :
– Andrei doit apprendre ce qu’on lui demande d’apprendre, ne te mele pas de ca !
Combien de fois ai-je vu Bunica se detourner, disparaitre dans la cuisine, toute seule. Je ne comprenais pas leur discussion ni cette colere froide, je n’osais pas demander.
Mon pere etait tres brun, ses cheveux faisaient des crans, il avait les yeux noirs. Souvent, il regardait ailleurs : je lui parlais de l’ecole, de M. Teodorescu, le vieil instituteur, de mes amis. Tres vite, son regard flottait. Il ne m’entendait meme plus, je me taisais. Moi aussi, bientot, je revais.
J’entendais presque tous les jours :
– Andrei, reviens avec nous ! Toujours dans la lune, hein !
M. Teodorescu me pardonnait mes reveries parce que j’apprenais vite, mais Virgil, Mihai ou Grigore, mon meilleur ami, ne rataient pas une occasion de se moquer de moi !
– Andrei va encore se faire pincer !

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