
Auteur : Armand Cabasson
Date de saisie : 29/05/2007
Genre : Science-fiction, Fantastique
Editeur : Nuit d’avril, Oulon, Nievre
Prix : 16.90 / 110.86 F
ISBN : 978-2-35072-034-0
GENCOD : 9782350720340
Sorti le : 23/05/2007
- Les courtes lectures : Lu par Joachim Salinger – 07/06/2007
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Joachim Salinger – 07/06/2007
- Les presentations des editeurs : 30/05/2007
Le Poisson Bleu Nuit
Une femme se fait tatouer un poisson sur le dos et, tandis que l’oeuvre progresse, sa personnalite se modifie peu a peu…
Fascine par le desert, un roi prend la folle decision de ressusciter la celebre cite des sables de Meggelone…
Durant la Guerre de Secession, une section de fourrageurs nordistes se voit contrainte de s’enfoncer dans les dangereux bayous.
Une jeune femme erre dans les forets dans l’espoir de percer le secret de sa naissance…
Psychiatre et ecrivain, Armand Cabasson est l’auteur de trois romans publies aux Editions 10/18 (Les Proies de l’Officier, Chasse au loup, La Memoire des Flammes) et son premier recueil de nouvelles [Loin a l’Interieur, Editions de l’Oxymore) a obtenu le Prix Littre 2006. Dans Le Poisson Bleu Nuit, ses nouvelles nous plongent dans les meandres de l’esprit humain.
Ces pages sont hantees par un mal-etre qui ne trouve souvent d’exutoire que dans la violence et la repetition. Souvent, mais pas toujours. La ou certains se laissent happer par ce cercle vicieux, d’autres decouvrent en eux-memes, ou dans l’interaction avec les autres, les ressources necessaires pour echapper a cette apparente fatalite.
Melanie Fazi
- Les courts extraits de livres : 30/05/2007
C’etait pendant la guerre, en mai 1863, durant la campagne de Vicksburg. Je servais dans le corps d’armee du general Sherman, fort d’une quinzaine de milliers de soldats. Nous avions fait croire aux Sudistes que nous allions tenter de prendre d’assaut la ville de Vicksburg par le nord. Puis nous nous sommes lances dans une longue marche a travers la Louisiane, en longeant le Mississippi, afin de rejoindre le gros de l’armee sous les ordres du general Grant, pour attaquer Vicksburg par le sud. Nous nous trouvions en plein territoire ennemi et la cavalerie rebelle coupait sans cesse nos voies de ravitaillement. Le general Grant avait donc decide que nos troupes se nourriraient en pillant les civils. Mais, en Louisiane, dans la region des bayous, au beau milieu de ces fichus marecages, il est tres difficile de se procurer des vivres. Par consequent, les sections chargees du ravitaillement devaient s’eloigner de l’armee. C’est ainsi que toute cette histoire a commence.
Nous etions vingt-trois a progresser dans les bayous. Vingt-deux soldats du 55e regiment de F Illinois et un ancien esclave qui s’etait evade et qui nous servait de guide. Comme ce dernier n’avait pas de nom, nous l’avions baptise Lincoln. Quand il avait appris que notre President venait d’emanciper les esclaves, il avait declare : Il n’y a pas de meilleur nom sur Terre. Malgre toutes ces annees qui me separent de ces souvenirs penibles, je revois distinctement certains visages. A commencer par le lieutenant Arnold Tenly, evidemment. Il dirigeait notre section lorsque nous allions fourrager. Que dire de lui sinon qu’il adulait Sherman, qu’il portait une barbe a la Sherman, qu’il citait regulierement les propos de notre general… Tenly repetait a tout va qu’il fallait briser l’ennemi. En fait, Sherman annoncait qu’il voulait briser le moral de l’ennemi. Mais Tenly ne percevait pas la difference. De son idole, Tenly ne possedait ni l’intelligence, ni la tenacite. En revanche, il surpassait nettement Sherman dans la cruaute. Malheur a qui resistait a notre section ! Un tireur isole nous prenait a parti ? Une fois l’homme a terre, blesse, Tenly le faisait lyncher et l’abandonnait ainsi perche pour l’exemple. Nous arrivions dans une ferme ou logeaient des femmes et des enfants ? Tenly nous ordonnait d’emporter la totalite de leurs provisions, les condamnant a la famine en pretextant que ces gens nourrissaient l’ennemi. Quelqu’un s’exclamait : Vive le Sud ! ou souhaitait a mi-voix que le general Pemberton vienne nous crever la panse ? Tenly faisait pendre ce traitre et incendiait sa maison. Je l’avais deja vu ordonner de lyncher un adolescent, une femme ou un vieillard pour quelques mots de trop.