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Le quintet de l’islam. Volume 2, Le livre de Saladin

Auteur : Tariq Ali

Date de saisie : 07/02/2008

Genre : Romans et nouvelles – etranger

Editeur : S. Wespieser editeur, Paris, France

Prix : 26.00 / 170.55 F

ISBN : 978-2-84805-060-7

GENCOD : 9782848050607

Sorti le : 07/02/2008

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  • Le choix des libraires : Choix de Helene Camus de la librairie TOURNEZ LA PAGE a COMBOURG, France (visiter son site) – 20/02/2008

Un kurde a la conquete de Jerusalem. Quelle actualite ! Ce deuxieme volume du Quintet de l’islam ecrit par Tariq Ali nous emporte dans tout le Moyen Orient, de Damas a Jerusalem, de Beyrouth a Bagdad, a la fin du XIIeme siecle, veritable geste de la reconquete de cet immense empire arabe par le tres valeureux et grand commandeur des intelligences, le sultan Saladin. Les francs ne sont pas a l’honneur dans cette histoire, loin de la. La reflexion, la strategie, le raffinement, la culture de ces peuples arabes, nous renvoient une image assez fruste de ces croises aux moeurs terribles et nous nous faisons au fil des chapitres les fervents soutien de la reconquete de Saladin. Ibn Yakoub, le scribe juif attache au sultan est le truchement de l’auteur dont la verve et le style sont eblouissants, magnifiquement servis par la superbe traduction de Diane Meur (autre auteur Sabine Wespieser).

  • Les presentations des editeurs : 21/12/2007

LE LIVRE DE SALADIN. Depuis que le sultan du Caire et de Damas, Salah al-Din, a pris la decision de deloger les croises de Jerusalem, l’erudit juif Ibn Yakoub redige la geste de la reconquete. Dans le secret des palais, sous les tentes des campements ou dans la poussiere des routes, il rend compte de l’intelligence strategique, du courage et de la generosite de celui qui en 1187 entrera dans la Ville sainte.
Mais le souhait du memorialiste est aussi de brosser le portrait du jeune Kurde devenu monarque : il recueille ses souvenirs, les confronte aux confidences de ses proches, et notamment du vieux serviteur Chadhi, dont la version du roman de formation du sultan, entre frasques et depucelage, est nettement plus decapante… Au fil des annees, Ibn Yakoub leve le voile sur le quotidien de la cour : les erudits paillards y lutinent les jeunes scribes tandis qu’au harem les favorites du sultan filent entre elles le parfait amour, la sultane Jamila suit la troupe habillee en homme, quand elle ne se consacre pas a l’ecriture de traites subversifs…
Secrets licencieux, rivalites politiques, petites histoires melees a la grande histoire donnent chair a ces personnages dont le point de vue bouscule notre vision occidentale des evenements qui ont marque le Moyen Age : et c’est bien le propos de Tariq Ali que de confronter, dans son Quintet de l’islam, la tradition arabe a la tradition chretienne. Apres Un sultan a Palerme, evocation de la Sicile cosmopolite du XIIe siecle (Sabine Wespieser editeur, 2006), Le Livre de Saladin eclaire des enjeux qui restent tres contemporains. Il a ete traduit dans de nombreuses langues, y compris l’hebreu.

TARIQ ALI est ne a Lahore en 1943. Figure preponderante de l’extreme-gauche antiliberale au Royaume-Uni, il est l’auteur d’essais politiques et historiques ainsi que de deux cycles romanesques. Editeur a Londres, il ecrit egalement pour le theatre, le cinema et la television.

  • Les courts extraits de livres : 21/12/2007

Sur la recommandation d’Ibn Maimoun, je deviens le scribe de confiance du sultan.

Voila des annees que je n’ai plus pense a notre ancien chez-nous. L’incendie remonte a loin maintenant. Ma maison, ma femme, ma fille, mon petit-fils de deux ans – tous pieges a l’interieur comme des animaux en cage. Si le sort n’en avait pas voulu autrement, j’aurais ete reduit en cendres, moi aussi. Que de fois ai-je regrette de ne pas avoir partage leur supplice !
Ce sont de tristes souvenirs. Je les refoule. Mais aujourd’hui, alors que je commence a ecrire cette histoire, l’image de la piece voutee ou tout commenca reprend vigueur dans mon esprit. Les grottes de notre memoire sont extraordinaires. Des choses longtemps oubliees y restent cachees dans des coins sombres, pour ressurgir soudain en pleine lumiere. Maintenant je distingue tout, avec nettete, comme si le temps lui-meme s’etait suspendu.
C’etait par une froide nuit de l’hiver cairote, en l’an 1181 du calendrier chretien. Le miaulement des chats etait le seul bruit qui nous parvenait de la rue. Rabbi Moussa ibn Maimoun, un vieil ami de la famille, dont il s’etait aussi decrete le medecin, etait arrive chez moi au retour d’une visite au cadi al-Fadil, souffrant depuis plusieurs jours.
Nous avions fini de manger et, sans parler, nous buvions a petits coups notre the a la menthe sur de gros tapis de laine multicolore, ou etaient disposes des coussins recouverts de soie et de satin. Un grand brasero circulaire, rempli de charbon, rougeoyait au centre de la piece, diffusant de douces vagues de chaleur. Allonges par terre, nous voyions au-dessus de nous les reflets du feu sur la voute, et c’etait comme si le ciel nocturne lui-meme etait illumine.
Je songeais a la conversation que nous venions d’avoir. Mon ami m’avait revele un aspect colereux et amer de sa personnalite, ce qui m’avait a la fois rassure et surpris. Notre saint etait donc un homme comme les autres. Il ne portait son masque que devant les etrangers. Nous avions evoque les circonstances qui l’avaient force a fuir al-Andalus et a entamer son long voyage de Cordoue au Caire, qui avait dure quinze ans. Il en avait passe dix dans la ville maghrebine de Fez, ou tous les siens avaient du se faire passer pour des adeptes du Prophete de l’islam. A ce souvenir, Ibn Maimoun s’etait mis en colere. C’etait la tromperie qui le genait. Les faux-semblants n’etaient pas dans sa nature.
Jamais encore je ne l’avais entendu parler ainsi. Je le voyais se metamorphoser. Ses yeux etincelaient, ses poings se serraient. Etait-ce cette experience qui avait nourri ses doutes concernant la religion, en particulier quand il s’agissait d’une religion au pouvoir, d’une foi imposee a la pointe de l’epee ? Je rompis le silence :
Un monde sans religion est-il possible, Ibn Maimoun ? Les Anciens avaient de nombreux dieux. Le culte de l’un leur servait a se battre contre les partisans de l’autre. Maintenant que nous avons un dieu unique, il faut evidemment que nous nous battions a son sujet. Tout est donc devenu une guerre d’interpretation. Comment ta philosophie explique-t-elle ce phenomene ?
La question l’amusa, mais avant qu’il ait pu repondre nous entendimes de grands coups a la porte, et son sourire disparut.
Tu attends quelqu’un ?
Je fis non de la tete. Il se pencha vers le brasero pour rechauffer ses mains. Bien qu’emmitoufles dans des couvertures de laine, nous avions froid. Je savais d’instinct que si l’on frappait a cette heure tardive, c’etait pour mon ami.
Seul le serviteur d’un puissant frappe de cette facon, soupira Ibn Maimoun. L’etat du cadi s’est peut-etre aggrave et je vais devoir retourner a son chevet.
Mon domestique Ahmad entra, portant une torche qui tremblait dans sa main. Il etait suivi d’un homme de taille moyenne, aux traits communs et aux cheveux roux clair. Enveloppe dans une couverture, il marchait en boitant legerement de la jambe droite. Un eclair de crainte passa sur le visage d’Ibn Maimoun, qui se leva pour s’incliner devant le visiteur. Je n’avais jamais rencontre ce dernier. Ce n’etait certainement pas le cadi, que je connaissais de vue.