
Auteur : Marc Ferro
Date de saisie : 19/05/2007
Genre : Documents Essais d’actualite
Editeur : O. Jacob, Paris, France
Collection : Histoire
Prix : 21.50 / 141.03 F
ISBN : 978-2-7381-1874-5
GENCOD : 9782738118745
Sorti le : 27/04/2007
- Les courtes lectures : Lu par Charlotte Thomas – 31/05/2007
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Charlotte Thomas – 31/05/2007
- Les courtes lectures : Lu par Marie Nicolle – 21/05/2007
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Marie Nicolle – 21/05/2007
- Les presentations des editeurs : 20/05/2007
Pourquoi une guerre de cent ans entre la France et l’Angleterre ? Pourquoi deux siecles de conflits entre la France et l’Allemagne ?
Pourquoi des millenaires de persecutions entre juifs et chretiens, et des siecles entre catholiques et protestants ? Pourquoi les Arabes invoquent-ils les croisades dans leurs chocs avec l’Occident ?
Pourquoi les conflits sociaux et politiques a repetition ?
Pour Marc Ferro, il faut y voir la part du ressentiment. Guerres de religion, revolutions, guerres nationales et de liberation, fascisme et racisme, l’historien le plus creatif de sa generation passe l’histoire au crible de cette force obscure et ouvre des perspectives nouvelles.
La violence dans l’histoire des hommes n’aurait-elle pas avant tout une origine psychologique ?
Marc Ferro est directeur d’etudes a l’Ecole des hautes etudes en sciences sociales. Il a notamment publie Histoire de France, Le Choc de l’islam et Les Individus face aux crises du XXe siecle.
- Les courts extraits de livres : 20/05/2007
Revolutions : la part du ressentiment
Dans quelle mesure les revolutions constituent-elles l’une des expressions extremes du ressentiment ? Voila une question d’evidence qu’accompagne cette constatation : la mutation de la revolte, fut-elle aristocratique en 1789 ou bourgeoise en 1917, en revolution se comprend comme leur greffe sur la rebellion seculaire des classes populaires.
L’identification de la part du ressentiment dans ces evenements apporte-t-elle un complement d’intelligibilite a des phenomenes percus avant tout comme des conflits entre ordres ou entre classes ?
Ces revolutions ont vu leurs protagonistes compter un moment sur le monarque, tant en 1789 qu’en 1905, pour mettre fin aux souffrances et a la colere qui en ont ete a l’origine. Mais ce moment n’a pas dure. Rapidement, la violence s’est generalisee et a tout submerge. Elle fut d’abord une consequence de la desillusion suscitee par le comportement du monarque refusant que l’absolutisme fut mis en cause, ou l’ordre social renverse. Ensuite, cette violence a ete l’expression d’un ressentiment d’ou jaillit cette idee que rien ne saurait plus entraver une regeneration dont le drapeau etait desormais brandi.
On retrouve ces traits et les liens qui les unissent dans ces deux revolutions.
France 1789-1793 : contre le roi, contre les aristocrates, contre les riches
Des 1789, Francois-Noel Babeuf – denomme plus tard Gracchus – ecrivait a sa femme, horrifiee par les massacres du conseiller d’Etat Foulon, accuse d’avoir specule sur les grains, de Launay, gouverneur de la Bastille, de Flesselles, prevot des marchands, le 14 juillet : Je comprends que le peuple se fasse justice, j’approuve cette justice lorsqu’elle est satisfaite par l’aneantissement des coupables mais pourrait-elle aujourd’hui n’etre pas cruelle ? Les supplices de tout genre, l’ecartelement, la torture, la roue, les buchers, le fouet, les gibets, les bourreaux multiplies partout nous ont fait de si mauvaises moeurs… Les maitres, au lieu de nous policer, nous ont rendus barbares parce qu’ils le sont eux-memes. Ils recoltent et recolteront ce qu’ils ont seme car tout cela, ma pauvre femme, aura, a ce qu’il parait, ses suites terribles : nous n’en sommes qu’au debut.
Depuis deux ou trois siecles, l’accroissement des pouvoirs de l’Etat et la violence du systeme feodal avaient croise leurs effets, creant un sentiment d’arbitraire contre ceux qui en etaient a l’origine. En 1789 quand, a la suite de la crise financiere et de la revolte nobiliaire, Louis XVI suscite la redaction des Cahiers de doleances qui doivent preparer la reunion des Etats generaux, le monarque est en quelque sorte percu comme l’arbitre redempteur.