Le sang des innocents

Comment peut-on tuer une enfant ? Confronte au plus odieux des crimes, le commissaire Richard Jury n’ecarte aucune piste. Cette affaire pourrait-elle etre liee a la disparition d’une autre fillette, Flora, trois ans auparavant ? Etrange coincidence, un meurtre vient justement d’etre commis dans le parc de la propriete ou Flora habitait et ou le pere adoptif de la petite fille, Declan Scott, vit en reclus depuis le drame. Pour forcer la reserve de ce passionne de jardinage, Jury dispose, en la personne de son ami Melrose Plant, d’un atout decisif. Car l’erudition de Plant est legendaire, y compris en botanique…

Un polar a l’anglaise comme on les aime.
Marie-France Remond – Le Nouvel Observateur

Martha Grimes est nee a Pittsburgh (Ohio). Apres des etudes de lettres a l’universite du Maryland, Etat ou elle a vecu toute son enfance, elle suit les cours du tres repute atelier d’ecriture de l’universite d’Iowa, dont elle sort avec le titre de docteur es lettres. Elle a longtemps enseigne l’anglais avant de se consacrer pleinement a l’ecriture. Des son premier roman, L’Enigme de Rackmoor, ses enquetes policieres, qui se situent en Angleterre ou elle effectue les nombreux sejours necessaires a ses reperages, portent la griffe du commissaire Richard Jury et de son complice Melrose Plant Seuls La jetee sous la lune (1994), Le meurtre du lac (1999), Le crime de Ben Queen (2003) et Un monde impitoyable (2006) ne comportent aucun de ces deux personnages. Son sens tres fin de la psychologie et son habilete a recreer l’atmosphere propre aux romans policiers britanniques classiques lui ont valu de trouver une place de choix parmi les auteurs contemporains de romans policiers. Son dernier roman, Les fantomes du palace, a paru en 2008 aux Presses de la Cite.

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Les eclaboussures de sang se melaient aux campanules sur la robe de la fillette, telle une poignee de petales jetee en travers de son dos.
Un genou dans le caniveau de Hester Street, une rue miteuse du nord de Londres, Richard Jury contemplait, effare, le cadavre de l’enfant, dont le visage etait tourne sur le cote. Il regardait ses cheveux blond pale, ses yeux qu’il venait de fermer du bout des doigts, le filet de sang seche qui partait de la commissure droite de ses levres, descendait sur sa joue et tachait le col blanc de sa robe imprimee de campanules. Il avait reconnu les fleurs dans le faisceau de sa lampe torche. A la lumiere blafarde, meme le sang paraissait bleu. Il imagina a nouveau les taches comme des petales.
Tout ici semblait miniaturise : la robe, le corps, le sang, comme autant d’elements d’un conte pour enfants facon Alice au pays des merveilles, comme si la fillette allait se reveiller d’un instant a l’autre, le sang s’evaporer, les taches sombres sur sa robe s’effacer, laissant place aux fleurs.
Pas de manteau. On etait le 1er mars et elle ne portait pas de manteau.