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Le silence eternel : Modigliani-Hebuterne, 1916-1919

Auteur : Marc Restellini

Date de saisie : 12/03/2008

Genre : Arts

Editeur : Pinacotheque de Paris, Paris, France

Prix : 55.00 / 360.78 F

ISBN : 978-2-9530546-2-0

GENCOD : 9782953054620

Sorti le : 14/02/2008

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  • Les livres d’exception : Marc Restellini – 17/09/2008

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Marc Restellini – 11/03/2008

  • Les presentations des editeurs : 17/09/2008

L’histoire de la vie commune de Jeanne Hebuterne et d’Amedeo Modigliani. M. Restellini, specialiste du peintre, retrace les rapports de ce couple de legende, d’amour, de creativite et de mort.

  • Les courts extraits de livres : 17/09/2008

Modigliani – Hebuterne
un couple de legende,

Amedeo Modigliani, Jeanne Hebuterne : couple de legende. Couple dont la vie etait jusqu’a peu totalement inconnue. Certes, il y avait Modigliani et sa legende : artiste maudit, seducteur, ivrogne et consommateur effrene d’opium dans le meilleur des cas et de cocaine dans le pire, mort tragiquement a trente-six ans, dont la compagne, enceinte de huit mois, se donne la mort le lendemain. Jeanne Hebuterne, elle, est une belle inconnue. Pas meme une photo nette. Seulement l’oeuvre de Modigliani, qui nous la presente tantot magnifiee, tantot tres enlaidie, quelques dessins, une ou deux peintures, peu convaincantes. Revenons un instant sur Modigliani. Arrive a Paris en 1906, Modigliani commence a travailler de facon independante tout en poursuivant une formation denuee d’enseignement mais basee sur des supports traditionnels : musees, galeries et expositions. Viennent ensuite la rencontre avec Paul Alexandre et l’aventure de la rue du Delta, autre periode de formation de l’artiste. Lorsque Paul Alexandre lui presente Brancusi, Modigliani se lance alors dans une nouvelle vocation avec passion : la sculpture.
Tres rapidement – trop rapidement -, cette vocation est interrompue pour deux raisons : une sante fragile et la volonte d’un marchand ambitieux.

La premiere est traditionnellement evoquee : on le sait, a l’age de seize ans, Modigliani est atteint de tuberculose avec hemoptysie, dont il guerit de facon surprenante a une epoque ou il etait rare d’y survivre, les antibiotiques n’existant pas encore. Or seule l’interessait la taille directe de blocs, qui plus est, aussi durs que le gres ou le marbre. N’ayant pas les moyens financiers de se faire degrossir le materiau – ni meme parfois de l’acheter -, Modigliani, bien que jeune, ne possedait plus la force physique necessaire a ce travail. La seconde raison, moins traditionnelle, figure dans le temoignage de Paul Guillaume lui-meme : en 1914, lorsque Modigliani le rencontre, ce jeune marchand ambitieux aurait pousse l’artiste a interrompre la sculpture – difficile a vendre – pour revenir a la peinture – plus facile a stocker et a commercialiser. Sans doute, l’artiste est moins interesse par la peinture, mais les questions economiques, l’ambition de faire partie de l’ecurie d’un marchand prestigieux, aussi jeune soit-il, et la solitude liee au depart de son groupe d’amis, tous mobilises et partis au front, l’encouragent a accepter des concessions vis-a-vis de celui qui va le prendre en charge et dont sa survie du moment depend. Le style de Modigliani se construit ainsi peu a peu : differentes phases et periodes se succedent.

Etudier le couple Modigliani-Hebuterne, c’est aussi se replonger dans le contexte de l’epoque : periode de la Premiere Guerre Mondiale et du retour des hommes du front, periode de la vie artistique a Paris entre 1914 et 1920, qui fut l’une des plus dynamiques du siecle (en 1918, 1300 000 jeunes hommes sont morts au combat, 2 800 000 ont ete blesses, 600 000 sont invalides]. 1918, la Paix : l’homme exaspere, tendu, impersonnalise pendant quatre ans, enfin leve la tete, ouvre les yeux, regarde, se detend, reprend gout a la vie : frenesie de danser, de depenser, de pouvoir enfin marcher debout, crier, hurler, gaspiller. Un dechainement de forces vives emplit le monde. (…) L’homme de 1921, rendu a la vie normale, garde en lui cette tension physique et morale des dures annees de guerre. Il est change. Les luttes economiques ont remplace les batailles du front. Industriels et commercants s’affrontent en brandissant la couleur comme une arme publicitaire. Une debauche sans precedent, un desordre colore font eclater les murs. Aucune loi, aucun frein ne viennent temperer cette atmosphere surchauffee qui brise la retine, aveugle, rend fou : ou allons-nous ? s’ecrie Fernand Leger. L’ivresse de la paix etait reellement une chose extraordinaire, ecrit Anatole Jakovsky, (…) pour la premiere fois dans l’histoire du monde, la terre entiere s’est sentie si libre, si riche, si unie, prete a je ne sais quel grand saut dans une prosperite sans fin. D’ou le gout du neuf. D’ou le gout de la vitesse. Le temps, c’est l’argent. Plus de guerres. (…) Plus de misere ! Tout un chacun peut devenir millionnaire, c’est un fait. Rien que la poesie. Rien que la feerie… (…) Vive la poesie qu’elle soit orale, verbale, imprimee, manuscrite, plastique Toute la vie artistique se retrouve a Montparnasse qui devient, selon Jules Romain, un vrai mythe. Un vrai paradis sur terre. Un lieu du monde sans pareil, un moment du monde sans pareil. L’art moderne, l’art vivant, la section d’or, le cubisme, le dadaisme, le surrealisme, l’art abstrait, l’art concret – autant d’appellations plus ou moins controlees, sinon de querelles de chapelles ne gitent-elles pas dans son giron ? (…) Bientot, les mouvements et les ecoles ne se compteront plus. Il y aura le cloutisme, le dimensionisme, le rayonnisme, le constructivisme, le suprematisme, l’orphisme, le vitalisme, le relativisme, le musicalisme, et j’en passe. Tout cela, c’est Montparnasse… (celui) d’entre les deux guerres…