Auteur : Colloque Pierre Riboulet
Date de saisie : 24/10/2007
Genre : Architecture
Editeur : Ed. du Linteau, Fermanville, France
Prix : 10.00 / 65.60 F
ISBN : 978-2-910342-50-0
GENCOD : 9782910342500
Sorti le : 24/10/2007
L’Alinea (Martigues)Dialogues (Brest)Durance (Nantes)Maison du livre (Rodez)Mollat (Bordeaux)Ombres Blanches (Toulouse)Sauramps (Montpellier)Thuard (Le Mans)
- Les presentations des editeurs : 07/11/2007
A une epoque ou le court terme regne en maitre, avec l’alibi de la museification pour tout ce qui a plus d’un demi-siecle, architecture et architectes, urbanistes et formes urbaines se retrouvent au coeur de la contradiction : comment resoudre le hiatus grandissant entre les exigences sociales d’efficacite, de rapidite et d’immediatete et les imperatifs memes de ces disciplines – batir pour durer ?
L’association Pierre-Riboulet a voulu creer le temps et trouver un lieu pour tenter de penser cette contradiction. Elle a convie architectes et non-architectes a en debattre, dans le droit fil du travail et de la reflexion de l’architecte et urbaniste Pierre Riboulet.
- Les courts extraits de livres : 07/11/2007
Le temps, materiau de l’oeuvre de Pierre Riboulet
par Paul Chemetov
La notice que vous avez editee pour presenter les intervenants de ce colloque le temps, la ville et l’architecte, le premier organise par l’association Pierre-Riboulet, me designe comme l’exact contemporain de Pierre. Ce n’est pas tout a fait vrai, il etait mon aine de trois mois, j’essayerai donc pour parler de son travail, celui de l’architecte, confronte aux questions du temps et de la ville, d’etre un contemporain exact.
Je me mefie des oeuvres qui sont tout entieres epuisees par le premier regard qu’on leur porte, disait en substance Roland Barthes. Cet effet retard de l’architecture n’est-il pas tout d’abord le temps comprime dans la construction de l’oeuvre et que celle-ci va lentement delivrer, transcendant ainsi sa matiere jusqu’a la ruine finale, mais tout autant le temps mesure par la mise a distance qu’introduit dans l’oeuvre le sentiment historique, celui d’un avant evident, mais aussi la responsabilite de l’architecte pour l’apres, celui de l’apres-vente auquel se referent les assurances, mais aussi celui de l’apres dans le passage de temoin culturel. On pourrait parler de cet avant et de cet apres en termes de tradition et de modernite, en referant ces mots a la connaissance academique litteraire et philosophique qu’en possedait Riboulet.
J’ai choisi d’illustrer cette relation particuliere de Pierre Riboulet au temps, assez singuliere dans sa generation, par deux projets, celui des logements d’Ivry, celui de la bibliotheque de Milan. Ivry se situe au debut de son travail au sein de l’Atelier de Montrouge. Celui-ci venait de recevoir en 1965, en meme temps que l’AUA et l’Atelier de Bordeaux, le grand prix du Cercle d’etudes architecturales, qui recompensait le travail de groupe et le distinguait comme modele de depassement du mandarinat (on ne disait pas encore le star System). Les logements d’Ivry sont legerement posterieurs a ceux de Bagnolet mais inventent des projections de parties du batiment (Moshe Safdie a l’expo de 67 a Montreal n’est pas loin) a partir de la mise en rotation, pourrait-on dire, d’un plan en apparence carre. Cette projection, recyclee par la Hollande, est devenue un must de la jeune architecture. Ce projet a trente-cinq ans. Il a donc passe la garantie trentenaire mais s’il a survecu, s’il nous emeut comme au premier jour, c’est qu’il est aujourd’hui, comme il le restera, d’outre-mode et d’outre-temps.
Si j’en parle c’est que le proprietaire actuel de ces batiments m’a demande de les rehabiliter au plus pres de l’etat ou ils furent construits. Ils sont aujourd’hui classes monuments historiques. En les visitant, je m’apercois qu’il n’y a rien a changer, sinon de gratter l’irrespect des tags, de remettre a neuf l’electricite, de rafraichir les sanitaires. Les plans sont d’aujourd’hui par leur dimensionnement, leur proportion, les usages qu’ils favorisent. Belle generosite installee dans le temps parce que des le premier jour elle fut certes nourrie de Corbu, mais plus encore de traces regulateurs, de systemes proportionnels plus anciens et plus constants.