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Le testament belge

Auteur : Luc Dellisse

Date de saisie : 08/04/2008

Genre : Romans et nouvelles – francais

Editeur : les Impressions nouvelles, Bruxelles, Belgique

Collection : Traverses

Prix : 19.00 / 124.63 F

ISBN : 978-2-87449-049-1

GENCOD : 9782874490491

Sorti le : 17/04/2008

  • Les presentations des editeurs : 09/04/2008

Le Testament belge raconte le secret cache de la Belgique.
Le heros de ce recit, malgre son ironie et sa mefiance, est entre peu a peu dans une spirale infernale. Il a effectue pour un cabinet ministeriel inexperimente quelques missions culturelles farfelues. Et soudain, la machine s’emballe. Il doit s’occuper de dossiers brulants, mener des transactions souterraines, accepter des rendez-vous nocturnes. Il commence a comprendre qu’il est mele a un complot qui depasse les interets locaux et qui pourrait deboucher sur une affaire d’Etat.
La derniere mission qui lui est confiee est veritablement trop grosse pour lui. Elle a un parfum de mort. Quelqu’un, d’ailleurs, va mourir. Comme toujours, quand il est question, non pas d’un peu d’argent, mais d’un veritable tresor enfoui, les passions ne se controlent plus.
Nous traversons a toute vitesse une Belgique comme personne ne l’a jamais montree : bien loin de Jacques Brel, de Paul Delvaux et des pralines Leonidas. Nous penetrons des mysteres qui n’ont rien d’exotique. Et nous trouvons enfin l’explication inattendue de la crise que ce petit royaume traverse actuellement.
Dix ans se sont ecoules depuis les faits rapportes ici. Mais c’est aujourd’hui seulement que l’explosion va se produire.
Ce livre nous presente un portrait revelateur de la Belgique. Ni vision touristique, ni pamphlet : le roman noir de la realite…

Luc Dellisse, professeur de scenario a la Sorbonne et a l’universite de Bruxelles, mele ici son experience personnelle et son gout des intrigues frappantes pour produire un thriller greffe sur l’actualite.

  • Les courts extraits de livres : 09/04/2008

J’aimais l’existence legere, et le tragique reduit a rien, en attendant la mort, le plus tard possible. Je vivais dans un pays qui prenait tout au serieux, qui n’avait pas eu de XVIIIe siecle, qui confondait la legerete avec la secheresse de coeur.
Entre ce pays et moi, aucune tendresse n’etait possible. Je me changeais en passe-muraille, vingt fois par jour, pour le traverser comme un mur de fumee. De son cote, il veillait a ce que je ne possede rien, que je ne sois rien, que mon nom soit silence. Tout cela sans affres et meme dans un certain confort. Nous vivions ainsi une paix separee, qui n’empechait pas, de temps a autre, les coups droits.
Ce pays s’appelait la Belgique ; c’etait un royaume ; il pratiquait la paix sociale et l’indifference civique ; en ce sens, il n’etait pas trop difficile d’y survivre et de vaquer a ses fins dernieres ; a condition d’etre sans espoir.
Pour survivre il fallait quand meme un peu d’argent et un peu de chaleur humaine, bon an, mal an. Je m’y attachais avec obstination. Les resultats etaient intermittents. Je n’existais dans les yeux de personne. Sans le pacte secret qui se noue parfois, la nuit, entre une femme et un homme, j’aurais ete un paria. Peut-etre meme n’aurais-je pas eu de corps. Mon esprit aurait fini par exploser en plein vol.
Tout cela durait depuis quarante ans. Ma vie au jour le jour, dans l’invisibilite, ne m’assurait que le strict minimum vital. J’etais conscient de n’avoir aucune place dans la societe. Je me refugiais dans l’eternite, raturant sur mes genoux des fragments de poemes qui paraissaient de loin en loin dans des revues plus obscures que la mort. Je m’en tirais par accident, sans jamais exercer de profession precise. Vivant entre trois ou quatre villes, j’etais de passage dans chacune d’elles et citoyen nulle part.
La plupart du temps, je connaissais un denuement materiel complet. Mais plus que les vetements rapes, que le froid la nuit dans de mauvaises chambres, que les reins casses par les ressorts du sommier, et les femmes qu’on perd parce qu’on n’a jamais de quoi leur offrir un verre, il y avait le sentiment d’etre de trop, toujours.
Il y avait l’eternel mepris dans le regard des autres pour le bateleur que j’etais. On ne peut pas toujours obtenir le gite, le couvert, la couche nuptiale en parlant de Balzac ou de Wittgenstein. Le moment vient ou il faut payer cash.
Parfois j’aurais donne ma main droite pour avoir un metier honorable, une profession sur une carte de visite : il est vrai que je suis gaucher.
J’avais compris depuis longtemps que les emplois interessants ne se sollicitent pas : ils doivent venir d’eux-memes. Impatiemment j’attendais. Aussitot qu’une offre survenait, je disais oui. Au debut je faisais monts et merveilles. Ca ne durait jamais longtemps. A peine mon employeur avait-il prononce la phrase : Je crois que j’ai trouve l’oiseau rare, qu’il commencait a dechanter. Entre son dernier alleluia et ses premieres maledictions, il se passait rarement plus d’un hiver. Au printemps j’avais vide les tiroirs de mon bureau et retrouve mes altitudes sans chauffage, les toilettes sur le palier.