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L’ecluse des inutiles

Couverture du livre L'ecluse des inutiles

Auteur : Jean-Francois Pocentek

Date de saisie : 31/10/2007

Genre : Romans et nouvelles – francais

Editeur : Lettres vives, Castellare-di-Casinca, Corse

Collection : Entre 4 yeux

Prix : 14.00 €

ISBN : 978-2-914577-37-3

GENCOD : 9782914577373

Sorti le : 31/10/2007

  • Le choix des libraires : Choix de Jean-Pierre de la librairie LA BORGNE AGASSE a Bruxelles, Belgique – 29/11/2007

… Le livre que j’ai choisi, c’est un beau petit volume de cent vingt pages sobrement edite, d’un auteur peu connu et qui passe sans doute inapercu dans le deferlement des editions. C’est L’ecluse des inutiles de Jean-Francois Pocentek, qui est paru aux editions Lettres vives au mois de septembre. L’auteur avait deja publie aux editions Pleinchamp Les mangeurs de pommes de terre ; aux Lettres vives, Cafe des immobiles. Il est ne en 1958 dans le nord de la France et d’abord enseignant, il a vite choisi de travailler aupres des adultes qu’on dit en difficulte. Actuellement, il consacre une partie de son temps a animer des ateliers d’ecriture, et plusieurs textes de ses ateliers sont publies. Dans L’ecluse des inutiles, le narrateur qui s’occupe d’un vague bureau des objets trouves dans une gare pres du canal rend souvent visite aux habitants de quatre petites maisons au bord de l’eau. C’est un recit dans lequel il se passe peu de choses : la mort d’un chien, un repas, une promenade. Mais l’interet du livre a mon avis consiste surtout dans l’atmosphere de ce que l’auteur appelle ce pays immobile, le canal, et auquel il finira par s’identifier, et surtout dans la description des pauvres vies de ses habitants. Il y a quatre personnages qui habitent quatre petites maisons au bord du canal. En fait, le narrateur visite ces quatre petites maisons ; les personnages qui les habitent deviennent ses amis. C’est un livre dans lequel il n’y a aucun miserabilisme parce qu’il s’agit evidemment de la vie de ces personnes, de leurs malheurs. On apprend de-ci, de-la des bribes de ce qu’ils ont vecu. Aucun miserabilisme, dis-je, mais la chaleur de l’amitie et de l’amour. Il y a par exemple, un tout petit passage que je peux vous lire de suite ; c’est a propos du personnage principal Mathilde : … Elle me dit aussi qu’il ne fallait pas avoir peur d’aimer : les hommes, la biere, les chiennes, l’agneau, les infirmes, les souvenirs, les femmes trolls, les vieux livres, les vieilles dames, le bois qui brule dans la cheminee, les collections de collections, les enfants debout et sans vie, ses larmes, ses rires, et les anges et les demons, la boue sous nos chaussures, la figure des morts, l’odeur des sentiers, les roues d’un chariot, et meme soi-meme. Bref, c’est un livre que j’ai trouve vraiment lumineux malgre son amertume…

  • La Radio des libraires : Jean-Pierre de la librairie LA BORGNE AGASSE a Bruxelles, Belgique – 29/11/2007

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Jean-Pierre – 29/11/07

  • Les presentations des editeurs : 10/11/2007

Parfois, il n’en faut pas plus. Juste ca. Un qui n’est pas comme les autres, et une sourde haine dans l’ennui des saisons repetees. Dans un silence de canal d’hiver, ils sont arrives lentement, avec de l’alcool dans la bouche, du rire dans les dents et du froid dans la tete. Ils l’ont pris sous les bras, l’ont amene au milieu de la piece, et la, sur le plancher, ils lui ont cloue les pieds.

J.-F. P.

Ne le 17 mai 1958 a Valenciennes, dans ce Nord ou il a toujours vecu, Jean-Francois Pocentek a quitte l’Enseignement pour travailler aupres des publics les plus en difficultes, dans le cadre d’organismes de formation.

  • Les courts extraits de livres : 10/11/2007

La Clemence du matin

A L’ENTREE DU sentier, une femme etait la, sur le pas de sa porte. Un seuil de pierre bleue. Elle finissait de laver le sol de carreaux rouges de sa maison, et le petit bout de soleil malade qui nous servait d’illusion en ce frais matin faisait miroiter l’eau restee dans les fissures de la pierre. Elle se mit a genoux, dans une odeur d’huile de lin, un gout de lassitude et une lumiere de pauvres.
Quand elle eut fini de tordre sa serpilliere, en faisant saillir des veines d’un bleu sombre sur l’avant de ses bras, elle saisit le seau, s’approcha du canal, et laissa couler lentement l’eau bleuie, la mousse fugace et les poils en boules de son chien qui s’appelait sans doute Youki.
Alors, elle posa pres de sa porte, contre le mur, son seau renverse, la serpilliere pardessus, le balai tete en l’air, et elle quitta le monde. Dans la petite cuisine, elle allait peut-etre boire une tasse de chicoree, lire le journal pose bien a plat sur la table, ou encore allumer le poste pour entendre chanter des choses qu’elle ne comprenait pas.
Je n’en sus jamais rien, parce qu’on ne sait jamais ce qui se passe derriere la figure et la porte fermees des gens qui vivent, la-bas, pres du canal, au bout des jardins.

Comme ce serait doux…
Comme ce serait doux de faire ses adieux. De se lever un matin pour dire doucement, au monde et a ceux qui y vivent, que la farce est accomplie, qu’il est temps, quoi qu’on nous en dise, de quitter le paysage.
Ce serait doux d’aller vers ceux qu’on aime, avec un coeur qui sourit, des mains et des levres qui battent, et des mots au bout des doigts.
Bien sur, ils comprendraient, puisqu’ils aimaient.
Ils mettraient du vent dans nos sacs, du vent et de legers parfums. Pour la route. Pour le souvenir. Ils donneraient aussi tous les proverbes, toutes les sentences, toutes les paroles qui batissent la vie, quand la bouche qui dit est loin de l’oreille qui doit entendre. Ils donneraient l’heritage a celui-la qui veut quitter le paysage.