Auteur : Jean-Eric Perrin
Preface : Miossec
Date de saisie : 26/06/2008
Genre : Biographies, memoires, correspondances…
Editeur : Alphee-Jean-Paul Bertrand, Monaco, France
Collection : Edit plus
Prix : 19.90 / 130.54 F
ISBN : 978-2-7538-0319-0
GENCOD : 9782753803190
Sorti le : 26/06/2008
- Les presentations des editeurs : 27/06/2008
Leo Ferre a quitte ce monde le 14 juillet 1993, et si sa carriere phenomenale a fait de lui l’un des monuments inalterables de la chanson francaise, son heritage semble encore souffrir du parfum de scandale que le personnage a laisse dans son sillage, tout au long de sa vie. Quelles radios passent encore les chansons de Leo Ferre ? Alors que tant de chanteurs d’aujourd’hui (Miossec, Cali, Bashung, Noir Desir…) revendiquent haut et fort son influence !
Cette biographie vient a point pour retracer le parcours unique de Ferre, son enfance martyrisee par des educateurs pedophiles, ses debuts difficiles dans le Paris des cabarets d’apres-guerre, sa passion pour la musique classique et la poesie, ses convictions politiques, mai 1968 et les annees de plomb qui ont suivi, ses amours tumultueuses… Une vie de drames et d’exaltations, de creations frenetiques et de rencontres permanentes avec un public fervent, vecues parfois comme une confrontation. Une vie tout entiere consacree a cet irrepressible besoin d’ecrire et de composer, de chanter et de dire tout haut ce que les autres artistes s’autorisent a peine a penser tout bas.
Jean-Eric Perrin, ancien redacteur en chef des magazines specialises Best, RER et Rolling Stone France, est un specialiste des musiques actuelles et des mouvements culturels qui y sont associes. Auteur, documentariste et journaliste, il s’est penche sur la vie de Leo Ferre pour en livrer un recit circonstancie, ou le respect le dispute a la passion.
- Les courts extraits de livres : 27/06/2008
Extrait de l’avant-propos de Christophe Miossec :
Leo Ferre… On avait l’impression que c’etait le seul, au Grand Echiquier et dans ce genre d’emissions, a sentir un peu mauvais. Il n’avait pas le vocabulaire televisuel, pas les codes… On devinait quelqu’un d’extremement megalomaniaque, et du coup vachement interessant. Je me souviens des premieres fois ou j’ai du le voir, vers 74, 75. Et de son tube : Avec le temps. Il n’y aurait pas eu cette chanson, tout aurait ete different, sans doute.
Il pouvait faire des trucs experimentaux. Bashung, aujourd’hui, vient de cette voie-la, celle ou l’on n’a pas peur de se frotter a des choses. Il y avait beaucoup de frustration chez Ferre, comme chez Aznavour, et chacun a pourtant pris un chemin different. Au depart, Ferre, c’est juste un parolier, un compositeur, quelqu’un qui essayait de placer ses chansons, comme on le faisait a l’epoque, et puis il devient un personnage, mais ca lui prend un temps fou. C’est sans doute le luxe qu’on a en France, par rapport a la musique anglaise en general, d’avoir ces gens-la, qui prennent leur dimension a un certain age. C’est affolant de voir Gainsbourg, Ferre, Brassens : tous ces artistes qui ont rame comme des malades et ont surgi sur le tard. Le public les voit aujourd’hui comme des monuments sacres, alors qu’il n’y a rien de moins naturel que ce putain de boulot qu’ils ont fait, en ramant a contre-courant, pendant des annees. Aujourd’hui, etre dans l’underground, ca peut eventuellement etre confortable, mais a l’epoque, psychologiquement, ca devait etre dur !
J’avais une sympathie pour ses opinions politiques, meme si j’avais des amis a la federation anarchiste de mon coin, a Brest, qui l’avaient fait venir, et il avait demande une Mercedes a l’aeroport, alors tout d’un coup, c’est un petit detail qui cassait un peu le personnage ! Mais c’est ce qu’on m’a raconte, c’est du bouche-a-oreille… Gainsbourg avait eu une Rolls, qu’il avait vendue en gardant seulement le bouchon de radiateur, pour l’esthetique. En dehors de ca, ca transpirait le respect. Je suis passe entre les gouttes, il n’etait pas totalement fondateur pour moi, mais il l’etait quand meme, pour sa presence, et sa facon d’etre, un peu extraterrestre, qui m’avait marque. Quand j’ai commence a ecrire des chansons, je n’ai surtout pas voulu aller chercher mes influences chez lui. Quand j’etais gamin, il y avait tous ces cabarets en Bretagne, et il y avait plein de sous-Ferre qui s’y agitaient, entre les sous-Brel et les sous-Brassens ! Alors au contraire : ce n’etait surtout pas la voie a emprunter, parce que ca peut etre pathetique d’essayer de l’imiter. Lui ou Brel, ou Brassens. Ou Gainsbourg, un peu plus tard. On appelait ca les chanteurs tabouret dans ces cabarets bretons, les types s’asseyaient sur des tabourets avec une guitare acoustique, dont ils ne jouaient pas bien, et ils faisaient de la poesie contre le nucleaire et les marees noires… Donc l’influence de Ferre, pour moi, c’etait de ne surtout pas faire comme ces imitateurs. C’etait emphatique, et il faut pouvoir se le permettre, d’etre megalo comme il a pu l’etre. Il faut avoir un sacre talent.