Auteur : Mitch Cullin
Traducteur : Helene Collon
Date de saisie : 15/10/2007
Genre : Romans et nouvelles – etranger
Editeur : Naive, Paris, France
Collection : Naive fictions
Prix : 18.00 / 118.07 F
ISBN : 978-2-35021-097-1
GENCOD : 9782350210971
Sorti le : 24/09/2007
- Les presentations des editeurs : 17/09/2008
Sussex, 1947.
Sherlock Holmes vit retire d’un monde dont les mutations et le tapage absurde lui echappent de plus en plus. Seuls le preoccupent a present ses abeilles, l’ecriture et le declin de sa memoire. Mais certains etres cherchent encore aupres de lui des reponses essentielles sur la vie, l’amour ou les limites terriblement humaines de la raison, provoquant la resurgence d’emotions que Holmes avaient si longtemps enfouies, fissurant sa maitrise legendaire…
Dans ce portrait subtil et doux-amer d’une figure mythique, reflexion sur l’absence du pere, le temps qui passe et les barrieres interieures que l’on s’impose, Mitch Cullin mene l’enquete, entrelacant trois histoires, trois temps de la vie de Holmes, et porte sur le personnage un eclairage inedit et emouvant.
- Les courts extraits de livres : 17/09/2008
En rentrant de ses voyages a l’etranger, il reintegra sa ferme en pierre de taille par un apres-midi d’ete en laissant ses bagages devant la porte ; sa gouvernante viendrait les chercher. Puis il se retira dans la bibliotheque, ou il s’installa tranquillement, heureux de se retrouver au milieu de ses livres, dans l’atmosphere familiere du foyer. Il s’etait absente presque deux mois, qu’il avait passe a traverser l’Inde en train militaire avant de s’embarquer pour l’Australie sur un vaisseau de la marine royale debarquer enfin sur le rivage occupe du Japon d’apres guerre. A l’aller et au retour il avait emprunte les memes itineraires interminables, le plus souvent en compagnie de conscrits tapageurs dont peu reconnaissaient le tres vieux monsieur qui dinait a cote d’eux, se deplacait lentement, cherchait dans ses poches une allumette qu’il ne trouvait jamais et machouillait inlassablement un cigare jamaicain qu’il n’allumait pas. C’etait seulement dans les rares occasions ou un officier mieux renseigne le presentait publiquement que les visages au teint rougeaud se tournaient vers lui, l’air stupefait, car s’il se deplacait a l’aide de deux cannes, le vieillard se tenait toujours bien droit et les annees n’avaient nullement terni ses yeux gris au regard percant ; ses cheveux, d’un blanc neigeux, longs et epais comme sa barbe, etaient peignes en arriere, a la mode d’Angleterre.
– Vrai ? C’est bien vous ? -J’ai cet honneur, en effet.
– Non ? Sherlock Holmes ? Je n’en crois pas mes oreilles.
– Ne vous en faites pas, c’est a peine si j’y crois moi-meme. Mais enfin le periple s’achevait, encore qu’il eut du mal a s’en rappeler les details. En fait, si elles l’avaient empli de contentement comme peut le faire un bon repas, a posteriori ces vacances lui paraissaient insondables, avec par-ci, par-la de brefs eclairs de memoire qui se muaient en impressions vagues et retombaient invariablement dans l’oubli. Enfin… Il lui restait les pieces immuables de sa ferme, le rituel d’une vie bien ordonnee a la campagne, et la fiabilite de son rucher… Ces choses n’exigeaient pas de grandes capacites memorielles ; elles s’etaient imprimees en lui au fil de ses annees d’isolement. Et il y avait les abeilles : comme lui-meme, le monde continuait a changer ; mais elles, elles demeuraient. Quand ses yeux se fermeraient, quand son souffle se ferait plus sonore, l’une d’entre elles l’accueillerait au seuil de sa demeure – une ouvriere se manifesterait dans ses pensees, constaterait qu’il etait ailleurs, se poserait sur sa gorge et le piquerait.