Auteur : Sophie Bassignac
Date de saisie : 05/06/2008
Genre : Romans et nouvelles – francais
Editeur : Denoel, Paris, France
Collection : Roman francais
Prix : 18.00 / 118.07 F
ISBN : 978-2-207-26024-1
GENCOD : 9782207260241
Sorti le : 20/03/2008
- Les presentations des editeurs : 06/06/2008
Fenetres sur cour dans un immeuble parisien. Excentrique et reveuse, Claire observe, derriere ces aquariums lumineux ou evoluent ses voisins, les coulisses de leurs tragedies muettes.
Bouleversee par sa rencontre avec le seduisant, obsedant et japonais M. Ishida, sa vie contemplative va brutalement changer d’etage. Confrontee a une realite qu’elle avait jusqu’alors voulu ignorer, de soupcons en secrets reveles, Claire la solitaire se lance dans l’aventure.
Sophie Bassignac est nee a Dieppe en 1960. Elle a grandi a Angers. Elle se consacre a la lecture et a l’ecriture. Les Aquariums lumineux est son premier roman.
- La revue de presse Christine Rousseau – Le Monde du 6 juin 2008
Personne decalee, un rien excentrique, ayant “la capacite des grands reveurs d’enjamber les faits comme les enfants les flaques d’eau”, souffrant depuis l’enfance d’un “deficit de legitimite” qui alimente angoisses et nevroses de toutes sortes : ainsi apparait Claire, l’heroine du delicieux premier roman de Sophie Bassignac…
De disparition en filature, de mot enigmatique laisse dans la poche d’un costume en rendez-vous secret, de tribulations sentimentales en petits drames du quotidien, on se laisse vite seduire par cette fable urbaine aux faux airs de polar. Et plus encore par une (anti)-heroine dont le visage reflete la solitude, la peur de vivre, d’aimer et de s’engager.
- Les courts extraits de livres : 04/04/2008
La cour de l’immeuble rappelait un peu celle d’Hitchcock mais Claire n’etait pas Grace Kelly. Installee depuis quatre ans dans ce vieux quartier de Paris, elle pensait n’avoir pas atterri la par hasard et n’imaginait plus vivre ailleurs. Cette cour etait une boite rectangulaire de cinq etages au fond pave. En son centre, une sculpture de jeune ephebe portant une corne d’abondance et entoure de hautes plantes vertes dissimulait les poubelles. Les proprietaires se partageaient une vingtaine d’appartements, les chambres de bonne changeant sans cesse de locataires. Une subtile hierarchie liee au nombre de milliemes rappelait, lors de la reunion annuelle du syndic, que meme si le vote restait democratique, les revendications ne devaient pas outrepasser les metres carres de chacun. Il regnait la le plus grand calme en hiver. Aux beaux jours, les fenetres s’ouvraient et la vie de tous se deversait en vrac dans la cour.
Tu fais une connerie, avait mysterieusement lance son pere en visitant, les mains dans les poches, ce deuxieme etage lumineux mais traversant. Connaissant l’influence que cet homme avait sur elle et vraiment decidee a acheter ce trois-pieces, Claire s’etait abstenue de lui demander des explications. Elle avait fait peindre tous les murs en jaune par un vieil artisan hongrois contacte par annonce. Elle fut tres troublee d’apprendre sa mort quelques mois plus tard et se souvint de cet homme sympathique qui lui avait dit, un peu moqueur, quand vous en aurez assez de ce jaune canari, je vous repeindrai tout en bleu, ou en vert, comme vous voudrez. Elle pensa aux appartements qu’il laissait derriere lui. Que devient tout ce que nous accomplissons apres notre mort ? se demandait-elle alors. Ne fais rien et tu ne mourras pas. Ne laisse aucune trace derriere toi. Ces pensees tres secretes ne lui apportaient cependant aucun reconfort.
Tu vas supporter cet endroit ? avait demande sa mere, penchee a la fenetre.
Claire s’etait gardee de repondre que cette cour correspondait parfaitement a son obsession des endroits clos. Elle s’ajoutait a la liste deja longue des objets et phobies qui la fascinaient tout en la faisant suffoquer. Il y avait les sulfures qu’elle aurait voulu collectionner en plus grand nombre si elle en avait eu les moyens, les kaleidoscopes et les boules en plastique remplies de neige artificielle. Celles-ci s’entassaient, perdant leurs eaux jaunies, dans quatre cartons au fond de la cave. Et puis cote phobie, elle entretenait sa terreur de la noyade, des tunnels, des grottes, des souterrains, des trains fantomes, en y mourant regulierement d’asphyxie, la nuit, en reve. Selon elle, cette perturbation s’expliquait par une naissance surement compliquee, une sortie laborieuse du ventre maternel. Le plus simple eut ete de questionner sa mere mais elle se gardait bien d’aborder ce sujet hautement mine d’un point de vue affectif et n’en faisait donc pas une histoire.
Un matin d’hiver, M. Ishida arriva dans l’immeuble presque furtivement. En une heure, deux demenageurs silencieux avaient monte chez lui une vingtaine de cartons identiques et quelques meubles neufs. Le soir meme, Claire vit son voisin japonais prendre le the dans son salon comme s’il avait toujours vecu dans la cour. Elle eprouva une attirance immediate pour cet homme souriant et aimable. Il fut tres rapidement et tacitement adopte par les proprietaires, d’habitude tres suspicieux concernant les etrangers. Il parlait tres bien francais, s’habillait avec elegance, avait des horaires de bureau, s’absentait parfois quelques jours, jamais plus, etait abonne au Herald Tribune. Trois semaines apres son arrivee, il sidera Claire en l’invitant a prendre le the. C’etait un matin sous le porche. Elle emit une hypothese qu’elle adopta, finalement : il voulait connaitre sa voisine pour eviter entre eux tout soupcon de voyeurisme, leurs appartements se faisant face dans la cour. Et puis Claire connaissait sa tendance a trouver suspect tout ce qu’elle ne decidait pas elle-meme.
La jeune femme se rejouissait de ces invitations de plus en plus frequentes. Ishida s’etonnait du plaisir qu’elle prenait a ces moments de conversation polie, au cours desquelles elle ne montrait jamais aucun signe de lassitude. Il prit note des bizarreries de Claire et se garda de les juger. En veritable mystique du quotidien, maintenue hors d’eau par une repetition scrupuleuse des memes gestes, elle semblait vivre le rituel du the chez son voisin comme une sorte d’experience religieuse. Il s’en amusa, s’en agaca, s’y habitua et finit, lui aussi, par prendre un etrange plaisir a cette relation inattendue. Il n’avait pas imagine que cette invitation formelle se transformerait en habitude.
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