Auteur : Alice Ferney
Date de saisie : 00/00/0000
Genre : Romans et nouvelles – francais
Editeur : Actes Sud, Arles, France
Collection : Un endroit ou aller
Prix : 21.80 / 143.00 F
ISBN : 978-2-7427-6258-3
GENCOD : 9782742762583
L’Alinea (Martigues)Dialogues (Brest)Durance (Nantes)Maison du livre (Rodez)Mollat (Bordeaux)Ombres Blanches (Toulouse)Sauramps (Montpellier)Thuard (Le Mans)
- Le journal sonore des livres : Lu par Alice Ferney- 14/09/2006
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Alice Ferney – 13/09/2006
- Les presentations des editeurs : 25/08/2006
Caractere : n. m. Maniere habituelle de reagir, propre a chaque personne. Et juste en dessous : Personnes susceptibles s’abstenir. Voila ce qui etait ecrit en gros sur le couvercle. Ce jeu a recu une recompense au Festival international des nouveaux jeux de societe. Je ne m’arrete pas a ce detail positif, j’imagine le chambardement qu’il peut susciter dans notre groupe. Un jeu de miroir tient nos relations dans le monde des ombres et des reflets. Personnages et Caracteres propose d’eclairer cet imbroglio. Mais justement, faut-il faire la lumiere ? Je suis de l’avis de Fleur : c’est prendre des risques. Theo lit la regle du jeu avec un serieux d’enfant. On dirait que lire a voix haute le protege de comprendre ce qu’il annonce. Et Niels s’amuse, se frotte les mains, il assistera en direct a une experience psychologique. C’est bien digne de lui d’avoir offert ce cadeau.
Alice Ferney a deja publie chez Actes sud Le Ventre de la fee (1993), L’Elegance des veuves (1995 et Babel n280), Grace et denuement (1997 et Babel n439), La Conversation amoureuse (2000 et Babel n’567) et Dans la guerre (2003 et Babel n 714).
- La revue de presse Eliette Abecassis – Le Figaro du 24 aout 2006
Qui n’est pas susceptible ? Qui peut entendre les critiques en souriant ? Telle est la question lancinante qui hante le nouveau roman d’Alice Ferney, Les Autres. L’auteur, apres L’Elegance des veuves ou encore La Conversation amoureuse, y poursuit sa passionnante exploration de la relation humaine, avec la rigueur et la grace qui la caracterisent.
Ce roman met en scene une famille composee de Nina, la grand-mere, Moussia, la mere, Luc, le gendre, Niels et Theo, les deux fils, freres ennemis a la relation complexe. Et avec eux, leurs amis, fiancees et ex-maitresses, avec leurs secrets. Ces personnages vont engager un jeu qui s’appelle Caractere et qui consiste, d’une facon assez perverse, a faire dire aux participants ce qu’ils pensent les uns des autres. Le leitmotiv de ce livre, son originalite et sa force tiennent dans cette assertion vertigineuse que ce que les autres pensent de nous est extremement deconcertant et decevant, et n’a aucun rapport avec l’image que nous voulons donner de nous-memes…
Finalement, comme dans ce jeu auquel se livrent les personnages, ce jeu des caracteres – meme si a un certain moment l’on frise le tragique -, ce beau roman nous montre que la relation humaine n’est qu’un jeu auquel nous jouons tous, auquel peut-etre nous ne faisons que jouer : nous feignons de ne pas penser ce que nous pensons, pour pouvoir vivre avec l’autre, mais par cette feinte, loin de tout cynisme, peut-etre temoignons-nous de notre desir de rencontrer l’autre, de lui demander sa main ?
- Les courts extraits de livres : 15/09/2006
NINA
J’ai bien l’intention de mourir cette nuit. Dans la meme chambre ou il y a cinquante-huit ans j’ai porte a mon sein le corps sanglant de ma fille nouvellement nee. Depuis plusieurs semaines je m’y prepare. J’ai toujours dit que je choisirais moi-meme. Depuis que je l’ai decide, je n’en parle plus. L’abandon volontaire du monde n’est pas a annoncer mais a reussir. Est-ce que ca n’est pas le passage a l’acte le plus incertain qui soit ? Qui est assure de savoir mourir par lui-meme ? Et n’est-on pas souvent faible la ou l’on se croyait fort et fort la ou on se jugeait vulnerable ? Il n’y a rien a annoncer, il n’y a pas a semer par avance la tristesse ou la crainte. Il n’y a surtout pas a reveler ce desir le plus intime et le plus personnel, oui, plus intime que l’elan sexuel qui lui se partage.
Ils comprendront. Ils savent que j’aurais du bientot emmenager dans la maison medicalisee que m’a trouvee Moussia. Ils ne me croient ni fantasque, ni capricieuse, ni gateuse, mais usee et determinee. Je n’irai pas vivre ailleurs que chez moi. J’ai une maison et je suis ma maison. Ma mort advient la ou est advenue ma vie. Surtout ne pas mourir a l’hopital ! Peut-on faire d’une chambre aseptisee ou defilent les futurs defunts une chambre a soi ? Voila la maison pleine, mes petits-fils et leurs amis autour de ma fille. Je les entends rire. L’enfance n’est pas encore tres loin d’eux. Ils viennent a peine d’aborder les rives de la vie adulte. Certains, surtout les garcons, dans le secret de leurs coeurs, persistent a jouer et rever comme des enfants. Je veux partir de mon plein gre dans cet elan de la jeunesse qui se tient au bord de la vie et me prolonge.