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Les champs cannibales

Auteur : Roman Rijka

Date de saisie : 10/04/2008

Genre : Romans et nouvelles – francais

Editeur : Ed. Heloise d’Ormesson, Paris, France

Prix : 22.00 €

ISBN : 978-2-35087-074-8

GENCOD : 9782350870748

Sorti le : 10/04/2008

  • Le choix des libraires : Choix de Celine Fillot de la librairie CULTURA a SAINTE-GENEVIEVE-DES-BOIS, France (visiter son site) – 10/04/2008

Les champs cannibales constituent le deuxieme volet d’une saga.
L’auteur nous embarque a travers ses deux heroines Tatyana et Olga, au fin fond de l’Ukraine.
Et comme il ecrit si bien :
“Toute ressemblance avec l’histoire de la Russie et de l’Ukraine est voulue. Toute difference aussi.
La famine en 1932 et 1933 a devaste un pays, cette catastrophe a laisse a ces annees passees un gout bien amer sur les benefices d’une vie reussie, Olga devenue egerie de grandes marques de luxe en est le temoin.
Pour nous lecteur, ce roman nous embarque dans un drame de societe reel et meconnu en Occident.
Tres bien romance par ailleurs.

  • Les presentations des editeurs : 08/04/2008

Refugie a l’Ouest, loin de la guerre civile, la princesse Olga, figure de la jet-set, est l’egerie des plus grandes marques de luxe. Mais la revolution n’admet pas de treve. Lorsque lui parviennent les rumeurs d’une famine provoquee pour briser la resistance paysanne a la collectivisation, l’ex-imperatrice, revoltee, decide de sensibiliser l’opinion internationale. Des millions de civils sont menaces, elle doit sauver son peuple. Son amie Tatyana Duchesne, intrepide reporter, accepte de partir mener l’enquete.

Tandis que la machine mediatique s’emballe, les jeunes femmes se heurtent l’impitoyable commissaire Marlov et a son acolyte, la danseuse etoile Lilia Lilifieva dont la presence inquietante plane sur de noirs complots.

Ne en 1961, specialiste de la Russie, de l’Ukraine et de la Roumanie – en particulier de la premiere moitie du XXe siecle -, Roman Rijka est un passionne d’histoire militaire. Avec Les Champs cannibales, il poursuit sa lecture romancee de l’histoire de la Russie debutee avec Les Sept Trains de l’imperatrice.

  • Les courts extraits de livres : 08/04/2008

ETOILE INVOLONTAIRE

Le taxi glissait en chuintant sur la chaussee detrempee du boulevard Saint-Germain. Il pleuvait sans discontinuer depuis le debut du mois d’aout, un de ces etes gorges d’eau dont Parzh avait le secret, comme si l’immense cite savait qu’elle n’etait belle que la nuit, sous la pluie.
Le chauffeur taciturne entrainait sa charge sans un mot, conduisant avec des gestes surs dans la cohue qui, meme a une heure du matin, encombrait le grand boulevard. A l’arriere, la passagere, une main posee sur la cuisse la ou s’arretait sa jupe courte, l’autre sur la banquette, a quelques centimetres de son sac a main, laissait ses yeux bleus rebondir d’une vitrine eclairee a l’autre, d’une enseigne de cinema a celle d’un restaurant branche, du scintillement cramoisi d’un feu rouge au reflet blanc des phares sur le trottoir. De temps a autre, sans jamais quitter du regard le spectacle de la palpitation nocturne dans les arteres de la metropole occidentale, elle effacait de deux doigts une goutte qui tentait l’aventure en sautant de ses cheveux mouilles jusqu’a sa joue.
L’habitacle embaumait le pain d’epices. Un parfum chaud, rassurant, qui se melait delicieusement aux effluves presque marins de l’humidite nocturne. Sans doute le chauffeur fumait-il la pipe quand il etait seul. L’odeur, gentiment enivrante, contribuait a la detacher des souvenirs collants de cette triste soiree. Pourquoi insistait-elle ? Elle savait qu’elle n’etait pas faite pour ces mondanites, qu’elle ne l’avait jamais ete.
Laissant la rue du Bac sur sa gauche, le taxi poursuivit sur le boulevard. Le trajet n’etait pas bien long, elle aurait pu prendre le dernier metro. Elle connaissait assez la ville pour ca. Encore un reflexe idiot acquis en un peu moins de dix ans.
La passagere n’eut pas un coup d’oeil pour le ministere de la Defense, elle ne savait meme pas qu’il se trouvait la. Du reste, elle en avait soupe des generaux et autres plenipotentiaires galonnes, au point de ne plus que difficilement supporter leur presence dans son entourage. Alors, le ministere de l’armee locale… Elle n’etait d’ailleurs pas certaine qu’ils en avaient une. Ici, la guerre semblait a la fois si loin, si differente, si impossible. Tandis que chez elle… Par-dela les toits gris et les facades blafardes des grands immeubles, elle devina la coupole orgueilleuse de leur Assemblee, puis le taxi obliqua dans la rue de l’Universite. Encore quelques minutes et elle serait chez elle.
Elle respirait lentement, posement, s’efforcant de ne pas preter attention a la fissure qu’elle sentait se dessiner tout au fond d’elle-meme. Une nouvelle poignee d’heures gaspillees a ne rien faire, a sourire, a pretendre que l’on roucoule, a ecouter des inconnus qui n’ont de cesse de vous convaincre qu’ils vous connaissent. Un grand moment de rien, comme en raffolaient tous les puissants et les aises de la ville. Elle ne savait meme plus pourquoi elle avait accepte de se rendre a ce vernissage. Son agent, bien sur, c’etait lui qui avait insiste, comme si elle lui appartenait, comme si elle se devait de satisfaire ses moindres caprices relationnels et commerciaux.
Qu’etait-elle devenue ? Une creature repondant aux envies et aux ordres d’autrui, rien de plus. En cela, avait-elle vraiment change, finalement ? N’avait-elle pas toujours ete vouee a ce destin de girouette ostentatoire, que ce soit sur un trone ou en couverture des magazines de mode ?