Auteur : Guillaume Sire
Date de saisie : 18/01/2007
Genre : Romans et nouvelles – francais
Editeur : Table ronde, Paris, France
Prix : 17.00 / 111.51 F
ISBN : 978-2-7103-2910-7
GENCOD : 9782710329107
Sorti le : 18/01/2007
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- Le courrier des auteurs : 25/05/2009
Chers libraires,
Qu’avez-vous mis dans vos boutiques ? sur vos etals ? Pourquoi, lorsque je viens chez vous, mon coeur accelere doucement jusqu’a sourdre la ou j’ai l’impression de n’etre plus tout a fait moi. J’apercois ces vies qui ne sont pas les miennes, ces auteurs que je n’egalerai pas. En filigrane : des bateaux en partance, des mondes interdits -autant de drogues que je n’aurai pas assez d’une vie pour m’injecter.
Et ces parfums ? Qu’avez-vous fait ? ca sent le souffre, le whisky, le fiel. L’exhalaison tiede et acre des beaux livres se mele a la douceur amere des editions de poche. Ca pue le ballon creve, l’ecrivain maudit et le papier recyclable.
J’ai la desagreable impression que chez vous tout est vieux ; car seuls les vieux lisent encore. Aujourd’hui c’est l’epoque des iPods, de la television, du cine, des images digitalisees et des chiens-robots ; surement pas l’epoque des livres. On ne part plus pour ces contrees-la. Les seuls lecteurs sont des vieux, simplement parce qu’ils n’ont pas su passer a autre chose : ils continuent a baguenauder entre ces lignes imprimees, a ressentir ce que personne ne ressent, a croire ce qui n’a pourtant pas ete revele par un animateur tele… Des vieux ! Qui voudraient que le monde soit encore celui de Baudelaire et du cholera ! Les etudiants eux-memes, sous vos lumieres, ont l’air vieux. Et pervers qui plus est ! Autour de ce peuple rodent des pensees violees, des amours empruntees a d’autres, et des secrets qui auraient du mourir dans l’encrier. Et vous, chers dealers, vous faites votre beurre sur le dos de nos actes manques.
Votre beurre oui… Je profite de cette lettre pour vous en informer : je suis ruine. D’abord parce que ce que j’ai pu gagner comme argent est passe dans vos editions rares, ensuite parce qu’a cause de vos alchimies, j’ai ete atteint d’une maladie qui n’est pas de ce siecle. Oui, a cause de vous ! vous ! Je suis romantique… J’entends le monde autrement. Une feuille qui tombe, le bruit des autobus, un courant d’air a la surface de l’eau…un rien me trouble. J’oublie le temps qui file, mes rendez-vous chez le medecin, j’oublie les Autres, les pretendus contrats, j’oublie de payer ma facture de telephone -et ma machine a laver est en panne depuis bientot six mois !
Resultat : je dois demissionner quand je ne suis pas mis a la porte. La grande entreprise ne m’a pas accepte dans ses filets bienveillants. Ni elle ni aucun monstre froid. Je n’ai pas d’argent, trop de temps. J’ecris betement depuis qu’a quinze ans, puceau libidineux, je composai quatre pathetiques alexandrins sous mon affiche des Doors, juste apres avoir lu Le Grand Meaulnes. Depuis ce jour, helas, je cherche des tresors qui n’existent pas. Je reve a des ciels immenses dans une cave au plafond bas, entoure d’etudiants en ecole de commerce, de musique electronique et d’alcools frelates.
C’est l’objet de ma lettre : je souhaite etre rembourse dans les plus brefs delais. Je veux recevoir mon poids en romans. Je pese exactement 68 kilos. Je ne veux pas que vous vous contentiez de me faire parvenir les oeuvres completes d’Hugo ou Troyat. Non, je veux que vous exerciez votre metier comme vous savez si bien le faire. Surprenez-moi : des romans etrangers, des editions illustrees, des grandes fresques, des biographies, des drames, des comedies. Je veux aussi des guerres, du porno trash, des insanites, des fous, des homos. Montrez-moi un peu de quoi l’espece humaine a l’air. Parlez-moi de nous, des Autres, et de ce monde qui tourne betement sur lui-meme tandis que les etoiles se moquent de lui. Remboursez-moi. Parce que j’ai eu la betise d’apprendre a lire. Nourrissez-moi une bonne fois pour toutes ! Gavez-moi comme une outarde ! Ainsi vous ne me verrez plus, je ne vous derangerai pas… Et vous serez debarrasses enfin de cet amour que je vous porte : haineux, eternel et devoue.
Dans l’attente d’une reponse de votre part, je vous prie de croire, messieurs les libraires, en l’assurance de mes sentiments les plus terribles et, meme si ma lettre semble dire le contraire, les plus respectueux (Je pese 68 kilos, ne l’oubliez pas).
Guillaume Sire
- Les presentations des editeurs : 30/01/2007
Il etait une fois un enfant etrange qui n’aimait pas le gateau au chocolat…
Tenir en equilibre. Etre d’ici et d’autre part, a la fois bon et mauvais, melancolique et heureux, jongler avec les fibres du reel et la nebuleuse des reves. A force de volonte, faire d’une corde un monde merveilleux ou tout devient possible.
C’est ce que le vieux Celestin a enseigne a Robin. Il a legue a l’enfant le sceptre d’un royaume fabuleux. Tout au long de ses confessions, Robin tache de comprendre ce qui s’est passe entre cet homme et lui. Il essaye de tenir sur la corde de l’existence, d’y danser avec grace, il se blesse, puis il remonte sur le fil avec acharnement.
Le premier amour, les paradis artificiels, la boheme… Comment etre heureux aujourd’hui et demain ? Comment trouver l’equilibre dans une realite ou rien ne tient en place ? Enfin, comment rever les yeux ouverts ?
Guillaume Sire est ne a Toulouse. Il poursuit des etudes en economie appliquee a Montreal. Avec Les Confessions d’un funambule, il signe, a vingt ans, son premier roman.
- Les courts extraits de livres : 30/01/2007
Et ma mere parlait. Elle murmurait tout bas, puis criait haut et fort. Elle voulait endormir son enfant colerique. Ses doigts couraient le long des grandes pages illustrees. La tete posee sur ma taie de soie bleue, je l’observais attentivement. Je n’ecoutais pas ses histoires, mais je captais les mots. Quand elle s’en allait, me croyant assoupi, je rouvrais les yeux dans l’obscurite. Blotti sous ma couette, je donnais vie a ma propre legende a l’aide des mots absorbes.
Je touillais, rafistolais, effilochais. Je faisais bouillir, rotir, griller. Je repassais. Je laissais prendre. Le resultat de ma recette fut la mise au monde de mon propre univers : Terragora. Terre peuplee de mythes et de fous, d’envie et de haine. Je m’en allais, berce par le fleuve de mon royaume, cueillir les poires et les framboises de ma jeunesse : l’alchimie d’un esprit ethere.
Terragora fut la seule place ou j’ai pu vivre libre. J’y partais au plus profond de la nuit. Chaque matin, je revenais un peu moins. La-bas, la realite se mouvait comme un reflet. Personne ne se ressemblait. Chaque fleur avait son eclat, les chansons n’avaient jamais de refrains. Je naviguais sur des eaux dont les courants soufflaient selon leurs humeurs. Ni frontieres, ni normes, ni codes. Pas d’ecoles, pas de maitres, pas d’eleves.
Terragora ! O plaine de mes songes, etendue chapardee a mes nuits, recreation de mon enfance, merci. Merci pour les balades a l’ombre de tes baobabs. Merci pour les bains dans le secret de tes cascades. Merci pour les oiseaux de feu qui me prenaient sur leurs dos. Merci pour les ecureuils qui m’invitaient a jouer, pour les etoiles qui flottaient au reveil, pour l’impatience que j’avais de dormir.
- Les courts extraits de livres : 30/01/2007
L’ecole maternelle n’a laisse sur mes levres que d’apres souvenirs. J’etais peureux, maigre. J’avais une salopette rouge que j’aimais beaucoup. J’aurais voulu la porter tous les jours sans que ma mere ne la lave. Les autres se moquaient de moi. Ils m’effrayaient des qu’ils me montraient du doigt. Les enfants aimaient se battre. Il y avait des clans.
– Tu es avec nous ou contre nous ! me disaient-ils a la recreation.
Ainsi, j’avais beau ne vouloir ni de leur amitie ni de leurs coups, je finissais par etre enrole ou torture. Aucun enfer n’est plus embrase que la cour d’une ecole maternelle.
Pourquoi jouaient-ils avec des armes a feu ? Un jour, ces armes deviendraient vraies. Mon oncle leur donnait le nom de foi du traine-misere.
– Chacune d’elles est responsable de plus de cent orphelins, m’avait-il explique.
Rien ne me rendait plus triste que les orphelins. Les petites mains potelees de mes camarades me glacaient le sang quand elles appuyaient sur les gachettes en plastique. D’ailleurs, comme je n’avais pas d’arme, c’etait souvent sur moi qu’elles tiraient.
A l’heure de la sieste, la cloche hurlait. En rang par deux, les demons marchaient vers le dortoir en baillant. Le dortoir etait une gigantesque piece pavee de matelas. Je me couchais entre deux matelas et ne dormais pas : j’avais trop peur de voir ces enfants sales poser leurs pieds sur Terragora. Je craignais d’apercevoir, entre les palmiers bleus, une grimace repoussante. Ces momes n’avaient rien a faire dans le pays de mes songes, alors je les regardais dormir. Leurs sourires ensommeilles etaient avides de l’energie dont ils avaient besoin pour se battre. Perdu entre les ronflements, j’attendais.
Le temps a passe, les reves ont change. Les enfants se sont calmes.
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