
Traducteur : Francoise Robin
Date de saisie : 16/07/2007
Genre : Folklore Moeurs et coutumes
Editeur : Langues et mondes-l’Asiatheque, Paris, France
Collection : Bilingues L & M, n 14
Prix : 18.00 / 118.07 F
ISBN : 978-2-915255-33-1
GENCOD : 9782915255331
- La voix des editeurs : Christine Thiollier – 20/07/2007
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Christine Thiollier – 16/07/2007
- Les presentations des editeurs : 20/07/2007
Voici l’histoire que le cadavre Ngodrup-chan raconta :
Jadis, quelque part, il y avait six jeunes gens, un fils de chasseur, un fils de medecin, un fils d’artiste, un fils d’astrologue, un fils de charpentier et un fils de forgeron, qui scellerent une amitie fraternelle. A la suite de leur pere, chacun apprit son propre metier. Tel le jeune aigle qui a maitrise l’art du vol et le jeune canard celui de la nage, chacun s’appliquait a sa tache chez soi puis jouait avec les autres. Un jour, ils discuterent et tomberent d’accord :
Le proverbe dit : “Adulte, le garuda fend les airs; le ciel a beau etre tres vaste, il n’a pas peur. Adulte, l’homme arpente le monde ; la terre a beau etre tres vaste, il n’a pas peur.” Nous sommes dans ce cas-la. Les yeux s’ouvrent quand on fait le tour du monde en l’observant. Les six jeunes gens etaient tous intelligents, tres courageux et a meme de concretiser leurs projets, aussi chacun partit-il de chez soi pour regarder le spectacle du monde. Grace a leurs connaissances, ils firent une tournee d’observation du monde, dans le jeu et la bonne humeur, ne rencontrant pas de difficulte a se nourrir, se vetir, et se loger. Ils virent beaucoup de choses qu’ils n’avaient jamais observees auparavant…
Arrive a ce point de l’histoire, Decho Sangpo demanda : Et alors, la demone a-t-elle fait du mal a Sermotso ou non ? Le cadavre Ngodrup-chan s’exclama : Des paroles se sont echappees de la bouche du garcon dont le bon karma est epuise !, et il s’en retourna au charnier Silwatsal en volant.
Extrait de l’avant-propos :
La societe tibetaine etait jusque dans les annees cinquante – et elle l’est, dans une moindre mesure, aujourd’hui encore – traditionnellement agricole ou pastorale-nomade’, peu dense, tres peu industrialisee et presque totalement rurale (la capitale Lhasa ne comptait guere que trente mille habitants avant 1950). Comme dans toute societe de ce type, les contes, mysteres, apologues, histoires, fables, legendes (la taxinomie tibetaine est floue et polysemique) occupaient et occupent toujours une place importante au quotidien, tant dans la formation de l’individu que dans la construction d’une identite collective, a travers la diffusion de valeurs et de figures de reference partagees par tous…
- Les courts extraits de livres : 20/07/2007
Extrait de l’avant-propos :
La societe tibetaine etait jusque dans les annees cinquante – et elle l’est, dans une moindre mesure, aujourd’hui encore – traditionnellement agricole ou pastorale-nomade, peu dense, tres peu industrialisee et presque totalement rurale (la capitale Lhasa ne comptait guere que trente mille habitants avant 1950). Comme dans toute societe de ce type, les contes, mysteres, apologues, histoires, fables, legendes (la taxinomie tibetaine est floue et polysemique) occupaient et occupent toujours une place importante au quotidien, tant dans la formation de l’individu que dans la construction d’une identite collective, a travers la diffusion de valeurs et de figures de reference partagees par tous.
Les lecteurs occidentaux ont un acces relativement restreint aux oeuvres de cette tradition. On doit a Alexandra David-Neel et son fils adoptif Lama Yonden une traduction tres adaptee et resumee de l’Epopee du heros, guerrier et saint Gesar, qui a le merite d’etre traduite directement du tibetain. Il y a un demi-siecle, Rolf A. Stein a propose, quant a lui, la traduction integrale d’un episode celebre de ce cycle interminable (plus de cent quarante volumes a ce jour) et, si l’on peut dire, in-termine, puisque toujours en elaboration en quelque endroit des hautes terres tibetaines. Des contes populaires tibetains ont bien ete traduits et publies, mais ces initiatives risquent de laisser les lecteurs sur leur faim pour plusieurs raisons : certains textes renferment des elements culturels etrangers au monde qu’ils decrivent, faisant douter de leur origine. Il arrive par ailleurs que le texte de depart soit si adapte a un lectorat occidental qu’il en perde sa saveur originale. Il est courant aussi que les recits proposes soient traduits de l’anglais, du chinois ou d’une autre langue, alors que la traduction directe du tibetain est le meilleur garant d’une fidelite a l’esprit de ces contes. Quelques traductions interessantes ont paru dans des revues confidentielles ou anciennes, et sont donc inaccessibles au grand public. Enfin, certains contes, effectivement traduits du tibetain, sont en realite des traductions de textes sanskrits dont l’arriere-plan indianisant n’evoque nullement la culture tibetaine. Une exception se detache de cet ensemble : les Materiaux pour l’etude de la litterature populaire tibetaine, d’Alexander Macdonald. Ce titre designe un ensemble de vingt et une histoires (en deux volumes) qui ont plusieurs points communs avec les Contes facetieux du cadavre ici presentes, car des deux cotes il s’agit d’une variante d’un cycle narratif et litteraire plus large, les Contes du cadavre.
A l’instar d’une partie importante de la litterature narrative et populaire tibetaine, ce cycle trouve ses origines en Inde ; il est inspire des celebres Contes du vampire (ou vetala) indiens, dont la plus celebre version, traduite en francais par l’eminent sanskritiste et indologue Louis Renou, fut publiee en 1963. La trame est la suivante : un ascete offre des pierres precieuses inestimables a un souverain, qui s’enquiert aupres de son bienfaiteur de ce qu’il peut lui offrir en echange. Ce dernier lui demande de se procurer un cadavre enchante pendu a un arbre, situe dans un charnier lointain et terrifiant ; grace a ce cadavre, l’ascete pourra obtenir des pouvoirs surnaturels, des siddhi. Le roi, surmontant sa peur, s’execute et parvient a capturer le cadavre enchante.