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Les coups de cœur de Danielle Deloche de la librairie DELOCHE à MONTAUBAN, France

  • Le choix des libraires : En finir avec Eddy Bellegueule (5 choix)Edouard Louis Seuil, Paris, France– 01/03/2014

Quelle malédiction que de naître dans une famille de prolos du Nord de la France ! On quitte vite l’école pour l’usine et pour se marier parce que la fille est enceinte. On boit dru, on cause dru, on cogne dru – sur les copains, sa femme, ses enfants -, on maudit les bourgeois, les arabes, les pédés, on s’use prématurément et s’ensuit le chômage avec 700 € d’allocations pour 7 bouches à nourrir.
Et bien, il y a pire malédiction : naître «pédé» justement, dans ce milieu qui met au pinacle la virilité au point que même «les filles ont des couilles au cul», que toute marque de tendresse, tout signe de sensibilité est banni.
Voilà ce qui est arrivé au héros de ce livre, Eddy Bellegueule, qui dès la petite enfance fait des manières et préfère au foot les poupées de sa soeur. La honte de la famille ! Et un lot quotidien d’humiliations et de souffrances pour l’enfant puis l’adolescent qui tente sans succès de ressembler aux copains. Jusqu’à son évasion : une bourse pour continuer ses études comme pensionnaire dans la grande ville.
Eddy Bellegueule, c’est l’auteur lui-même qui pour en finir avec son passé se nomme maintenant Édouard Louis, étudiant de 21 ans à l’Ecole Nationale Supérieure, jeune prodige qui a déjà publié un livre sur Bourdieu l’an passé aux PUF.
On est sidéré par ce témoignage, par sa puissance et sa maturité. Il mêle émotion et intelligence, souvenirs et mise en perspective sociologique, sans ressentiment ni auto-compassion.

Le coup de poing de cette rentrée littéraire !

  • Le choix des libraires : Buvard (4 choix)Julia Kerninon Rouergue, Arles, Bouches-du-Rhône– 07/02/2014

Pour commencer, un avertissement : ce livre est une imposture ! Le sous-titre prétend qu’il s’agit de la biographie de Caroline N. Spacek, écrivain soi-disant célèbre et pourtant inconnue. Le narrateur est censé être un étudiant, or le livre est signé Julia Kerninon, ce qui n’est pas, vous en conviendrez, un prénom masculin.
Alors de quoi s’agit-il en fait ? D’un roman sur la création littéraire, des hasards qui y conduisent, des addictions et des souffrances qu’elle suscite. Ce qu’est la vie d’un écrivain, en somme.
Il raconte comment une gamine issue d’un milieu inculte et misérable, serveuse de bar va, grâce à une rencontre, devenir romancière talentueuse. Un poète de passage dans ce bistrot lui propose un emploi de secrétaire, il l’amène à Paris, l’oblige à apprendre le dictionnaire et en peu de temps, l’assistante dépasse le maître, trouve la formulation juste sur laquelle il bute. Jaloux, il la renvoie sur sa côte anglaise et son boulot de serveuse. Mais, elle a attrapé le virus… et quelques mois après son recueil de nouvelles reçoit les éloges de la critique, début d’une carrière à succès et d’une vie affective tourmentée. La passion des mots est dévorante et exclusive.
Lorsque Julian la rencontre, elle vit recluse dans son domaine, refusant tout contact avec la société. Pourtant, le timide et maladroit jeune homme va passer 9 semaines à ses côtés, à l’écouter raconter sa vie… avant, qu’à son tour, elle le rejette.
Dans le récit de ce huis clos entre deux personnes cabossées par la vie, récit étincelant de fluidité et de métaphores, les plus belles pages concernent la fièvre de la création littéraire.

Extrait (p 72) :
Je cherchais mon chemin dans la neige et le silence et je tapais avec une seule main parce que l’autre tenait la cigarette. J’avançais dans mes propres livres comme avec une lampe torche dans le noir, éclairant l’espace petit à petit, devinant lentement ce dans quoi je m’engageais. Chaque mot posé me donnait une idée plus précise du livre qui s’annonçait, un élément de réponse sur la destination vers laquelle, doucement, comme perdue, comme légèrement saoule dans l’eau noire et dense d’un fleuve la nuit, poissée dans mes vêtements, nageant, nageant sans cesse et en tenant la lampe entre mes dents, pour ne pas me noyer dans la liquidité des phrases.

  • Le choix des libraires : Aimer fatigue (2 choix)Philippe Fusaro Ed. de l’Olivier, Paris, France– 01/02/2014

Voici un épisode de la vie de Tennessee Williams ou plutôt de son avatar littéraire, Memphis. C’est ainsi que l’a baptisé Philippe Fusaro, qui a déjà publié 2 autres romans à la Fosse aux Ours, un ancien libraire, je le souligne au passage…
L’histoire se passe le temps d’un été et d’un automne à Tanger, autour d’un trio : le célèbre écrivain Memphis noie méthodiquement dans l’alcool et les barbituriques la douleur de la perte de son amour et de sa panne d’inspiration. Il se lit d’une amitié improbable avec un drôle de type, La Spia, espion à la petite semaine, amant d’une starlette de péplums, la jolie et ambitieuse Lulù. Ils se retrouvent à 2 ou à 3, le plus souvent la nuit, déambulant d’un bar à un autre, d’une piscine à la plage, d’une chambre d’hôtel à celle d’un palace, dans ce Tanger mythique, qui a inspiré Paul Bowles et la Beat Génération.
Ce roman d’atmosphère est truffé de clichés, autant d’hommages mélancoliques à la littérature et au cinéma des années 50 à 70 : Tanger, le luxe, la femme fatale, l’espion, l’écrivain solitaire et alcoolique. Pour autant, il s’agit d’une oeuvre originale, aux charmes subtils, qui nous entraîne sournoisement dans une superbe ivresse, où le rêve investit la réalité, où l’effroi du désespoir est combattu par une amitié ambiguë.
A lire la nuit, un verre de rhum-coco ou une coupe de champagne glacée à portée de main.

  • Le choix des libraires : Réparer les vivants (5 choix)Maylis de Kerangal Verticales-Phase deux, Paris, France– 01/02/2014

En 2010, Maylis de Kerangal, avait publié Naissance d’un pont aux mêmes éditions Verticales, qui avait reçu le Prix Médicis. Ce court mais dense roman, édité depuis en Folio, raconte l’épopée de la construction d’un pont et la vie d’hommes et de femmes qui agissent pour ou autour de cette oeuvre en cours de réalisation.
Une chanson de gestes sur des métiers, voilà qui est singulier !
Elle nous revient avec une autre aventure toute aussi originale, celle d’un coeur qui change de corps en moins de 24 heures. Le matin, il bat dans la poitrine d’un tout jeune homme, victime d’un accident de la route et le soir dans celle d’une femme de 50 ans qui n’osait plus y croire. Les héros du livre vont être à tour de rôle, le jeune homme, ses parents -confrontés à la décision urgente et terrible du don d’organes – et les divers personnels médicaux impliqués dans cette course contre la montre humaine et inhumaine à la fois.
Avec précision et bienveillance, passant du microscope à la longue vue, du registre scientifique à celui du poétique, de la méditation à l’accélération panique, Maylis de Kerangal fait battre… nos coeurs avec son Réparer les Vivants !

  • Le choix des libraires : Les évaporés (5 choix)Thomas B. Reverdy Flammarion, Paris, France– 21/09/2013

Au Japon, lorsque quelqu’un disparait, il est qualifié d’ «évaporé», la famille déshonorée n’en parle pas, la police ne le recherche pas.

Un privé américain, poète et paumé est embauché par la belle japonaise dont il est toujours amoureux pour retrouver son père : un roman noir dans la pure tradition.

Mais c’est aussi un reportage sur le Japon d’aujourd’hui, celui de la crise économique, du tsunami, de Fukushima et sur le Japon ancestral avec ses codes moraux et sociaux et ses puissants yakuzas.

C’est surtout un vagabondage tendre, drôle et poétique dans l’apocalypse où l’on comprend que l’art de l’esquive représente un mode d’existence tout autant qu’un style d’écriture…

  • Le choix des libraires : La table des autres (1 choix)Michaël Ondaatje Ed. de l’Olivier, Paris, France– 01/12/2012

Nous sommes conviés à embarquer sur un paquebot avec un gamin de 11 ans qui va du Sri Lanka vers l’Angleterre inconnue pour rejoindre une mère presque inconnue aussi. Un roman d’initiation par excellence, pensez-vous au départ. Oui, mais pas seulement ! Nous explorons le bateau des soutes aux premières classes, commettons quelques espiègleries, et observons insatiablement les passagers et membres d’équipage, tentant de déchiffrer leurs secrets. Alors, le récit se démultiplie en mille histoires : certaines juste ébauchées conservent leur mystère, d’autres débutent avant le voyage ou se prolongent après. Et puis, il y a le passage du canal de Suez avec ses quais fourmillant d’activités étranges. Nous voyageons au rythme ondoyant du récit qui tantôt s’accélère, tantôt se ralentit, dans le sillage rêveur d’évocations allusives et parfois subtilement sensuelles. Tout pétille, vibre et scintille sur le paquebot d’Ondaatje, le magicien-conteur…

  • Le choix des libraires : Ni d’Eve ni d’Adam (2 choix)Amélie Nothomb Albin Michel, Paris, France– 14/07/2012

Lire Amélie Nothomb, c’est souvent – pas toujours – comme laisser fondre dans sa bouche un morceau de chocolat noir : d’une onctuosité amère, d’une saveur unique, raffinée et paradoxale.
Ce plaisir, on le ressent pleinement à la lecture de son dernier livre qui se situe chronologiquement avant et pendant “Stupeur et tremblements” (Grand Prix du Roman de l’Académie Française 1999).
De retour au Japon, le pays de sa petite enfance, l’héroïne donne des cours particuliers de français, meilleur moyen, pense-t-elle, d’apprendre le japonais. Elle noue avec son élève Rinri des liens si intimes qu’elle va faire de rapides progrès en langue et civilisation japonaises, mais aussi en relation amoureuse.
Avec son humour décapant, souvent cruel, elle nous initie à cette société extrêmement codifiée et nous entraîne sur les pentes de sa démesure personnelle à la conquête du mont Kumotori Yama, sommet à mes yeux de ce roman savoureux.

  • Le choix des libraires : Le fugitif de la Saint-Jean (1 choix)Christian Bouchardy Ed. De Borée, Riom, France– 14/07/2012

Vous avez envie de lire un roman d’aventures ? Plongez avec délices dans cette histoire ! Sylvain Lair est un écologiste recherché par l’armée à la suite d’un coup d’état. Ce naturaliste confirmé doté d’une force de caractère exceptionnelle va arriver à déjouer toutes les poursuites, tous les piéges de la technologie la plus sophistiquée et à survivre dans ce centre de la France encore sauvage qu’il connaît bien. Au fil des pages, nous apprenons mille détails passionnants sur la faune et la flore auvergnates grâce au grand spécialiste qu’est Christian Bouchardy, auteur de nombreux ouvrages et films documentaires. Ce premier roman constitue une totale réussite grâce à l’heureux mélange d’ingrédients originaux : une chasse à l’homme haletante, une aventure humaine profonde et un chant d’amour passionné pour la nature.

  • Le choix des libraires : Jours d’été dans le Sud-Ouest (1 choix)Lionel-Edouard Martin Arléa, Paris, France– 14/07/2012

Le beau-père du narrateur vient de mourir. A la retraite, il s’était installé à «Palud», grande ville du Béarn, dans une belle demeure où se rendaient chaque été le narrateur, sa femme et ses filles. Il s’agit donc d’organiser les obsèques et de vider et vendre la maison. Sujet lugubre et pesant, s’il en est un !
Or le lecteur n’arrête pas de s’amuser, de s’extasier tout au long de ce récit découpé en courts chapitres. Car Martin est un virtuose de la langue, un magicien des mots qui fait sortir de son chapeau à foison lapins et tourterelles métaphoriques.
Peut-on résister à ses portraits comme celui de la jeune et gaie employée des Pompes Funèbres, «vivant oxymore» ou ceux des «puissantes serveuses aux «r» caverneux dans la voix, Padiracs de chair, volubiles et pleins d’échos ? qui se meuvent entre les tables comme du vide incarné» ? Et que dire de ses descriptions de paysages ou d’agapes à base d’oies gavées dont «l’heureuse cirrhose (…) crée l’euphonie» ?
Ainsi l’auteur se contredit, lui qui écrit que «d’un deuil, on émerge sans mots, comme on revient du cabinet dentaire avec un trou dans la gencive et une souffrance nouvelle». Son hommage délicat et élégant prend la forme de l’ «un de ses longs chats, très lents, dont le dos requiert une caressante main d’homme pour se voûter en pont ? reliant, entre deux rives, les vivants et les morts».

  • Le choix des libraires : Rendez-vous au 10 avril (1 choix)Benoît Séverac TME, Labège, France– 14/07/2012

La grande guerre est finit depuis 3 ans et les cours ont repris à l’Ecole vétérinaire de Toulouse lorsque l’on découvre le corps sans vie d’un enseignant. Suicide ? L’hypothèse en est rapidement écartée par l’inspecteur. Drôle de bonhomme que cet enquêteur qui boit et se drogue pour supporter ses cauchemars, mal vu par ses collègues et sa hiérarchie. Il fait des excès de zèle alors qu’on lui demande de clore le dossier. Et lui s’acharne à trouver une vérité bien dérangeante. Après tout, il aurait du mourir à la guerre. Alors…
Dans ce policier particulièrement noir, Benoît Séverac confirme de grands talents d’écrivain humaniste. Son précédent roman, «Les Chevelues» avait reçu le Prix littéraire de la ville de Toulouse et rencontré un vaste public.

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