Les coups de cœur de Laure Simoes de la librairie PETITES HISTOIRES ENTRE AMIS à CHENNEVIÈRES-SUR-MARNE, France

Un livre pour cinéphiles et plus particulièrement du cinéma polonais. Dominique Schneidre y déroule la vie du réalisateur Andrzej Zulawski (auteur des célèbres films “l’important c’est d’aimer”, “Possession”…) à travers les yeux de Cécile, jeune psychologue parisienne, éblouie par son aura. Mais l’amitié, qui lie ces deux êtres, n’empêche pas Andrzej de rester un homme mystérieux, pétri de contradictions, voire insupportable tandis que Cécile hésite sans cesse à définir leur amitié comme illusoire alors que Zulawski lui a tant donné.
Un roman crépusculaire, à la fois nostalgique d’une époque mais aussi interrogatif sur la construction que l’on fait de ses souvenirs les plus marquants.

Le ruban rouge c’est celui qui unit deux coeurs faits l’un pour l’autre dans la légende chinoise, mais c’est aussi celui qui guide le destin d’une famille chinoise poussée par la guerre à s’expatrier à Hawaï. Comme si le fil se dénouait peu à peu pour Thérésa, la dernière enfant de la lignée, le lecteur est invité à suivre le fil du destin de la famille Léong et les nombreux noeuds enchevêtrés qui, une fois déliés, pourront sauver Thérésa d’elle-même. Évoquant avec finesse et amour, les us et coutumes d’une famille chinoise régie par de nombreuses traditions, Cecily Wong nous mène de Guangdong à l’île d’Oahu, dans un mode exotique qui dévoile peu à peu les âmes tourmentées de ses personnages.

Henry Morgan, célèbre corsaire, disparaît corps et bien, avalé par la forêt des caraïbes. Trois siècles plus tard son trésor fait toujours rêver et va transformer la vie paisible de la famille Otéro. Dans ce roman aux allures de fable, chacun trouve un trésor mais ce n’est pas forcément celui qu’il cherchait…
Miguel Bonnefoy y décrit l’ascension d’une famille que le hasard fantasque transporte tantôt aux nues tantôt aux tréfonds, en développant une verve qui rappelle la fantaisie des romans d’Amérique du Sud.

Pearl et Stasha arrivent à Auschwtiz en 1944. Ce sont des jumelles, elles sont immédiatement envoyées dans le “zoo” de Joseph Mengele. A travers la voix de Pearl qui sert d’écho à celle de Stasha, se dévoilent alors les expériences nazies qui, sous un vernis médical, cachent une profonde cruauté.
Mais ce livre est aussi une ode à l’espoir et à la résistance car les enfants y montrent leur capacité à supporter l’impensable et à transformer leur faiblesse en force. Ce lien profond qui unie les jumeaux, Mengele cherche à le briser par toutes sortes d’expériences qui au contraire prouvent sa monstruosité et rappelle la profonde humanité de ces enfants réduits à vivre comme des animaux de laboratoire.

Avec un sens aigu de la justice, Eric Vuillard s’empare des moments les plus noirs de notre histoire pour en proposer un nouvel éclairage. A travers une langue poétique et engagée, il explore le trop célèbre Anschluss, autrement dit l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne. Mais ce n’est pas la version officielle qu’il nous propose… Reprenant le portrait des dirigeants et des industriels de cette époque, il donne à voir comment un ensemble réuni de petites lâchetés et de grosses cupidités a permis l’installation au pouvoir d’un homme despotique et paranoïaque, et nous rappelle que les exactions nazies sont aussi de la responsabilité de tous ceux qui ont benoîtement fermer les yeux.
A lire absolument !

Fruit désiré d’un menuisier et d’une gitane, l’enfant cherche sa place dans le monde depuis que sa mère est partie. Comme son père, il apprend peu à peu à apprivoiser cette liberté que sa mère lui a léguée, ce désir de marche et d’espace. Dans une langue poétique et terrienne tout à la fois, Jeanne Benameur fait revivre l’absente impossible, celle qui a ouvert l’espace de ceux qu’elle a côtoyés sans pour autant les guérir de leurs peurs.

Été 1893, La Principale, superbe demeure bourgeoise est au bord de la faillite. La famille s’exile alors à Barcelone laissant la propriété en héritage à la jeune Maria. Commence alors le règne des femmes sur La principale, règne qui se poursuivra sur un siècle. Lluis llach propose, à travers plusieurs récits qui s’enchâssent, trois beaux portraits de femmes fortes et fières, ayant acquis leur liberté à la force du poignet et bien décidées à la conserver coûte que coûte. Originales et indépendantes, elles sauront obtenir un pouvoir que les hommes cherchent trop souvent à leur refuser, tout en conservant ce brin de folie qui nous rend si humain.

Monteperdido, petit village perdu dans la montagne, voit disparaître deux fillettes un soir d’été. Cinq ans plus tard, l’une d’entre elles réapparaît. Et la course commence pour retrouver la seconde, tandis que les secrets du village font lentement surface et brouillent les pistes.
Une roman policier aux multiples rebondissements qui approche les contrées les plus obscures de l’humain sans jamais verser dans le glauque.

Jeune italienne fraîchement débarquée à Buenos Aires, Leda découvre avec stupéfaction que son mari et cousin Dante vient de mourir. Comment survivre dans une ville où les jeunes femmes sont considérées comme des proies ? Leda devrait repartir en Italie, mais l’appel de la liberté se fait plus fort et un soir elle part à l’aventure vêtue en homme et avec pour seule richesse un violon…
Un long périple musical commence alors pour elle, tandis qu’elle se découvre une attirance de plus en plus marquée pour les femmes et un goût chaque jour plus prononcé pour sa condition d’homme.

Elias est juif, de ces familles juives improbables, gauchistes et tirant le diable par la queue. Du haut de son adolescence traversée par les hormones, il observe ce petit monde inoffensif et décalé qui s’approche inexorablement d’une catastrophe retentissante. Avec un humour tout-à-fait “hébraïque” et jouissif, Joel Haroche dresse le portrait d’une famille d’inadaptés dans l’Amérique texane des années soixante.