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Les empreintes du diable

Auteur : John Burnside

Traducteur : Catherine Richard

Date de saisie : 14/02/2008

Genre : Romans et nouvelles – etranger

Editeur : Metailie, Paris, France

Collection : Bibliotheque ecossaise

Prix : 18.00 / 118.07 F

ISBN : 978-2-86424-636-7

GENCOD : 9782864246367

Sorti le : 17/01/2008

  • Les presentations des editeurs : 17/09/2008

Une nuit d’hiver, il y a tres longtemps, alors que la neige venait de tomber, le diable a traverse le village de pecheurs de Coldhaven en laissant la trace de ses pas dans les rues et sur les toits.
Michael a toujours vecu a Coldhaven et il s’y est toujours senti etranger, mais lorsque Moira, une de ses anciennes petites amies, decide que son mari violent est le diable et qu’elle se tue avec ses deux plus jeunes enfants en epargnant son ainee Hazel, elle met en marche un terrible engrenage qui va tout changer. Seduit et fascine par la jeune Hazel, Michael va se laisser entrainer dans un voyage au bout duquel il sera force de faire face a ce qu’il est, d’affronter les demons de son passe.
Dans un style qui a la force limpide des contes traditionnels, l’auteur nous raconte l’histoire d’un homme marque par la peur et la culpabilite et nous revele ce que peut cacher une vie ordinaire. John Burnside ecrit la un roman d’une beaute aussi mysterieuse et terrifiante que les traces de pas sur la neige.

John Burnside est ne le 19 mars 1955 dans le Fife, en Ecosse, ou il vit actuellement. Il a etudie au college des Arts et Technologies de Cambridge. Ancien ecrivain en residence a l’Universite Dundee, il enseigne aujourd’hui a l’Universite de St Andrews. Poete reconnu, il recoit en 2000 le Prix Whitbread de poesie. Il est l’auteur des romans La Maison muette et Une vie nulle part.

  • La revue de presse Christophe Mercier – Le Figaro du 14 fevrier 2008

John Burnside, l’auteur de La Maison muette invoque les superstitions qui hantent un village de pecheurs pour ciseler un roman poetique envoutant…
L’ecriture de Burnside se caracterise par ce qu’on ne peut appeler autrement que son moelleux (et l’image de la neige, qui ouvre le livre, en donne la clef musicale et poetique) : elle est precise, mais d’une precision assourdie, sans asperites, dans laquelle, tout naturellement, s’insinue une forme de lyrisme nostalgique, qui parvient a amortir les evenements les plus cruels…
Tres different d’Une vie nulle part (Living Nowhere, 2005), qui tenait du constant social, dans laquelle l’Ecosse urbaine d’aujourd’hui etait tres presente, Les Empreintes du diable est un roman intime, intemporel, un bilan douloureux, mais apaise. Et un tres beau livre.

  • La revue de presse Andre Clavel – L’Express du 7 fevrier 2008

Un port glace de la mer du Nord, un homme hante par le passe : envoutees et envoutantes, Les Empreintes du diable confirment le style incomparable de John Burnside…
Nous sommes dans la terrible glaciere de Coldhaven, un port de peche fouette par les flots de la mer du Nord. Chacun, la-bas, a peur. Et se souvient de cette nuit sinistre ou le diable avait laisse ses traces fourchues dans la neige, comme s’il avait decide d’installer son bivouac a Coldhaven. C’est dans ce port peuple de somnambules que vit le narrateur, Michael Gardiner…
Autant de secrets, autant de tourments dans le coeur d’un homme aneanti par son passe. Et qui semble etre la marionnette de Lucifer, tandis que s’orchestre un roman envoute et envoutant, ou la neige recouvre les ames comme un linceul funeste. Oui, Burnside est deja un tenor. Au fil d’Ecosse, il tisse une toile magnifique.

  • La revue de presse Mathieu Lindon – Liberation du 17 janvier 2008

Un meurtre a ete commis. Mais est-ce bien celui qu’on croit ? C’est d’autant plus important de le savoir qu’un dicton est place en epigraphe du roman : Mieux vaut le diable qu’on connait que celui qu’on ne connait pas. Les Empreintes du diable est le troisieme roman traduit en francais de John Burnside, Ecossais ne en 1955 et par ailleurs poete, apres la Maison muette et Une vie nulle part…
Les chronologies se melent tout au long des Empreintes du diable, mais elles ne se confondent jamais. Toutes les femmes qu’a connues le narrateur (son epouse actuelle mais pas pour longtemps, sa femme de menage au courant de tout ce qui concerne et a concerne Coldhaven, la vieille dame qui l’a aide enfant a sortir radicalement de son role de souffre-douleur, sa fille presumee, sa mere plus ou moins assassinee elle aussi) surgissent a leur tour, mais plus pour resoudre l’enigme – laquelle, malgre tous ces meurtres, demeure psychologique – que la compliquer.

  • Les courts extraits de livres : 17/09/2008

LES EMPREINTES DU DIABLE

Voila bien longtemps, a Coldhaven, petit port de peche sur la cote est de l’Ecosse, les gens s’eveillerent un matin dans l’obscurite de la mi-decembre pour decouvrir non seulement que leurs maisons etaient ensevelies sous une couche de neige epaisse et irreelle comme il ne s’en voit qu’une ou deux fois par generation, mais aussi qu’une chose etrange s’etait produite pendant leur sommeil, une chose dont ils ne purent rendre compte qu’au moyen de rumeurs et d’histoires qu’en honnetes croyants, ils avaient honte de colporter, des histoires evoquant le diable, ou les esprits, des histoires reconnaissant a contrecoeur la presence dans le monde d’une puissance cachee que, la plupart du temps, ils preferaient ignorer. En ce temps-la, la ville de Coldhaven etait pratiquement telle qu’aujourd’hui, un enchevetrement brouillon de maisons, de jardins et de chantiers navals exigus devalant jusqu’a la mer au long de petites rues couleur de pluie et d’etroites venelles pavees appelees des wynds. Les habitants de l’epoque etaient les ancetres des voisins que j’ai cotoyes ces trente et quelques dernieres annees : des gens de mer obstines, possedant leurs propres superstitions et terreurs, leur propre logique, leurs propres souvenirs des bancs de sable, des marees, de la traitrise des flots… et, bien que les enfants de leurs enfants aient quasiment perdu cette parente avec la mer, une parente faite pour moitie d’amour et pour moitie de crainte, comme toujours, je m’autorise a imaginer que je les connais, ne serait-ce qu’un peu et de tres loin. Peut-etre s’agit-il d’un pur fantasme, si rare que cela puisse etre, mais il me semble voir, dans leurs descendants a l’esprit lent, ferme, les fantomes de ces vieux marins, de ces hommes trop souvent contraints de retrouver le chemin du foyer au travers d’un brouillard dense ou d’orages impitoyables, de ces femmes dont le regard ne s’arretait pas a l’horizon mais voyageait bien au-dela, jusqu’aux rives et chenaux qu’elles ne connaissaient que par les cartes et les bulletins de meteo marine, faisant d’elles des voyantes, des oracles, des harpies. Ce devait etre un fardeau terrible pour elles, une affliction terrible et ordinaire que cette facon de scruter qu’elles avaient elaboree lors de quelques moments critiques, puis etendue a toute une existence, crispees et convulsees en un rictus d’anticipation et de premonition. J’ai vu ce regard dans les yeux de la postiere, don qu’elle ne peut ni utiliser ni rejeter. J’en ai vu les dernieres traces fugaces dans les yeux des ecolieres et des jeunes epouses qui vaquent a leurs occupations, dans l’attente d’une catastrophe.
En ce matin d’hiver d’il y a bien longtemps, les premiers leves, boulangers et marchands d’accastillage, femmes sortant chercher du charbon, pecheurs qui ne prenaient pas la mer ce jour-la mais s’etaient reveilles par habitude ou par impatience, furent les premiers temoins du phenomene que, plus tard, la ville entiere decida d’appeler “Les Empreintes du diable”, designation qui non seulement perdura, mais qui constituait en outre, pour des raisons jamais admises, meme en leur for interieur, une description aux evocations fantasques qui resterait a tout jamais, pour les gens de l’exterieur aussi bien que pour la descendance locale, voilee d’incredulite ou d’ironie. Les Empreintes du Diable : un titre, tel celui d’un cantique ou d’un livre emprunte a la bibliotheque par un apres-midi de pluie et relegue plus tard comme un ramassis de sornettes; une formule jamais enoncee qu’en tant que citation, pour peu qu’elle le soit, comme si l’appellation attribuee par leur soin a ce qu’ils avaient vu leur avait ete envoyee du trefonds de l’au-dela, de meme que ces traces dans la neige, des traces nettes, noir d’encre, laissees par quelque creature aux pieds fourchus, quelque etre qui non seulement etait alle sur deux jambes par les rues et les venelles d’un bout de la ville a l’autre, mais avait aussi escalade leurs murs et traverse leurs toits pentus bordes de redents, poursuivant une trajectoire rectiligne au travers de leur territoire endormi. Plus tard, ils se pencheraient sur ce phenomene, cherchant une explication qui leur permette de retourner, sereins et bienheureux, a leurs fours, filets ou eviers, et decouvriraient que les traces commencaient sur la greve, juste au-dessous du petit cimetiere situe a la sortie ouest du bourg, comme si la creature avait emerge des vagues, franchi l’etroite plage lavee par les marees ou la neige n’avait pas tenu, puis en silence, a grands pas decides, avait remonte James Street, pris Shore Street, grimpe sur le toit de l’eglise pour ensuite en redescendre en sautant par-dessus le filet d’eau d’un torrent qui traversait Coldhaven par le milieu et departageait ainsi l’ouest et l’est de la ville, longe Cockburn Street et escalade les maisons dans Toll Wynd avant de decamper plus loin dans les champs, vers l’arriere-pays, ou personne ne prit la peine de suivre. Ils ne sauraient jamais jusqu’ou cette ribambelle de nettes empreintes noires se poursuivait, mais ils seraient tous fixes, ou tous d’accord, plus tard, une fois la neige fondue, quand il n’y aurait plus aucune preuve du contraire, sur la nature de la bete qui les avait laissees. Ces empreintes-la n’etaient pas humaines, disaient-ils, et ce n’etaient les traces d’aucun animal, terrestre ou marin, qui ait jamais ete vu dans ces parages. Pointues, fourchues, noires, c’etaient les empreintes d’un etre agile aux mouvements rapides – l’impression de prestesse qu’ils avaient etait indeniable, quoique totalement infondee – qui avait traverse leur mince bourgade de bord de mer comme pour fuir, ou poursuivre, quelque terrible resolution surnaturelle. Certains soutenaient qu’il devait y avoir une explication rationnelle a ce phenomene, d’autres affirmaient que tout ce qui se produit sur terre peut s’expliquer, car seul Dieu depasse l’entendement, mais la plupart des habitants de la ville se contentaient de dire que le diable etait passe par la, un etre qu’ils n’avaient jamais tout a fait considere comme reel, mais qu’ils tenaient pourtant en reserve pour ce genre d’occasion, de meme que le croquemitaine, les lutins ou, tout bien considere, Dieu.