Auteur : Abbe Pierre
Date de saisie : 00/00/0000
Genre : Religion, Spiritualite
Editeur : Hoebeke, Paris, France
Collection : Le grands dehors. Documents
Prix : 28.00 €
ISBN : 978-2-84230-266-5
GENCOD : 9782842302665
- Le journal sonore des livres : Lionel Hoebeke – 19/07/2006
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Lionel Hoebeke nous presente ce livre de photographies sur et autour de l’Abbe Pierre.
- Les presentations des editeurs : 30/07/2006
Cet album reunit quelques deux cents photos, inedites ou inconnues du grand public, pour faire decouvrir le destin hors du commun d’un fils de bonne famille : Henri Groues devenu l’abbe Pierre. Touts issues du fonds Emmaus ou des archives privees de l’abbe Pierre.
Un voyage dans l’existence d’une des plus grandes personnalites du XXe siecle, un parcours qui se deroule comme une fresque aux multiples etapes. Jeune, il decouvre la vie de Saint-Francois d’Assise, entre dans les ordres et choisit la discipline la plus dure, celle des Capucins. Neuf ans plus tard, on le retrouve vicaire a Grenoble. Lorsque la guerre eclate, ce sera le debut de son engagement : il fonde le premier maquis du Vercors et devient passeur clandestin. Denonce, il doit fuir, capture, il s’evade pour rejoindre de Gaulle a Alger. Le calme revenu, l’abbe Pierre rentre en politique et devient depute. La grande histoire de l’abbe Pierre commence parallelement : il fonde Emmaus, developpe la communaute des biffins. L’hiver 54 est meurtrier pour les sans-logis, l’abbe lance son celebre appel : c’est l’ insurrection de la bonte dans la France entiere. Son action fait le tour du monde, il fonde des communautes sur tous les continents.
Les moments de cette vie, la photographie nous les restitue en autant d’etapes marquees par des temoignages iconographiques d’une rare intensite. Aujourd’hui avec ces images fortes, l’abbe retrouve les hommes et les lieux qui ont compte, ses actions innombrables. Il se souvient de tous ces instants et confie pour ce livre ses souvenirs, ses impressions, ses idees, ses coleres.
- Les courts extraits de livres : 04/11/2006
Un dimanche, colle pour quelques mauvaises notes, probablement, je n’avais pas eu l’autorisation de rentrer a la maison. Depuis quelque temps, un grand me poursuivait de ses avances. Je ne voulais en parler a personne, mais je ne voulais plus rester dans cette ecole. Un jour, n’y tenant plus, je m’enfuis de l’etablissement. Parvenu a la maison, tout essouffle, genoux saignants car j’avais trebuche, mes soeurs et ma mere me dorloterent. Le lendemain, j’avais beaucoup de fievre. On fit venir le medecin, il diagnostiqua les oreillons. Quand arriva enfin la lettre du college relatant mes exploits, mon evasion, j’etais alite et on n’eut pas le courage de me reprimander. Les vacances arriverent a point, et mon pere decida de nous faire quitter la pension. De cet episode, je tirai la conclusion que la chance m’accompagnait. M’est egalement venue, tout au long de ma vie, l’audace de prendre des risques porte par le sentiment que ce qui etait juste ne raterait jamais.
Pas etonnant dans ces conditions que le petit Henri integre la premiere troupe de scouts de Lyon. Ses camarades, bien observateurs, le baptiserent Castor meditatif. Pouvaient-ils se douter qu’un jour, devenu abbe Pierre, le petit Henri serait batisseur de logements ? Ils savaient en tout cas que l’exercice de la meditation etait dans sa nature.
Henri est d’une constitution fragile, souvent souffrant, mais ses maladies a repetition sont liees aux exigences intimes auquel l’enfant se livre.
Je pensais : “Tu es chretien et tu te prepares a engager toute ta vie selon cette foi. Mais si tu etais musulman, agnostique, ou bouddhiste, tu t’engagerais tout autrement… Q)u’est-ce qui t assure que tu ne te trompes pas ?” J’etais vide, je ne savais plus ou j en etais. Des ce jour, je menai une recherche tourmentee, je n ai jamais cesse de travailler a comprendre, au-dela de toute affirmation recue.
Un jour de l’annee 1927, son adolescence l’amene en Italie sur les pas de saint Francois d’Assise. L’emotion est au rendez-vous.
Nous faisions un pelerinage avec le college. Nous etions heberges par l’habitant et, la premiere nuit, je n’arrive pas a dormir. Alors je me leve et je pars sur un chemin montant qui devait me conduire a la Rocca. La, je me suis assis. Devant ce paysage merveilleux du petit matin, j’ai ressenti une joie immense, un bonheur plein. (Tetait Paques, les carillons se sont mis a tinter partout dans l’air. Je ne connaissais rien de la vie de saint Francois, ce n’etait pas sa personne qui me saisissait, mais la beaute du spectacle a l’aube, et pourtant, je suis certain que ce moment impregna tout ce qui allait m’advenir par la suite. L’apres-midi nous nous sommes rendus aux Carceri, un petit couvent dans la montagne, ou Francois aimait aller. La, j’ecoutais le moine qui detaillait la vie de saint Francois et ses compagnons. Sur le chemin du retour, je n’etais deja plus le meme et il me sembla que la solitude m’apporterait plus de rencontres qu’une vie sociale classique. Il me sembla aussi que l’adoration etait indissociable de l’action. Aujourd’hui encore, quand je retourne aux Carceri, j’embrasse la terre la ou jadis tout a change pour moi, au bout du petit chemin a flanc de colline.
Un peu plus tard, je me plongeai dans un merveilleux ouvrage sur la vie de saint Francois. Il me poussa a relire les Evangiles sous son eclairage. Ce fut une revelation : la plus grande force de Dieu est sa pauvrete, non pas pauvrete d’indigence, comme nous l’entendons generalement, mais pauvrete de non-suffisance. L’amour ne se suffit pas a lui-meme : il a besoin des autres. Saint Francois le voyait de maniere tres forte, quand, en larmes, il disait : “L’amour n’est pas aime.”