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Les jardiniers

Auteur : Veronique Bizot

Date de saisie : 03/03/2008

Genre : Romans et nouvelles – francais

Editeur : Actes Sud, Arles, France

Collection : Domaine francais

Prix : 15.00 / 98.39 F

ISBN : 978-2-7427-7334-3

GENCOD : 9782742773343

Sorti le : 03/03/2008

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  • Les presentations des editeurs : 13/03/2008

LE POINT DE VUE DES EDITEURS

Six nouvelles impeccablement (de)reglees, impitoyablement logiques, sur le fil de la dinguerie et de l’absurde, pour decouvrir un ecrivain singulier chez qui l’exploration des solitudes et des angoisses declenche un rire curieusement reconfortant. Il y a en effet dans l’etrangete des histoires courtes de Veronique Bizot une familiarite inattendue, une qualite de decalage qui parachevent leur charme, au sens sorcier du terme. Sa prose d’une simplicite trompeuse cultive le paradoxe : plus c’est noir et plus on rit, plus c’est bizarre et plus on s’y reconnait. Alien tranquille, insoupconne, Veronique Bizot feint parfaitement la normalite pour mieux traverser les apparences. Et, ce faisant, attaque de front sans jamais les nommer ni les surligner les terreurs les plus sombres, les tortures les plus intimement metaphysiques. Car il n’y a pas de doute : tout ce petit monde creuse sa tombe comme on taille des haies. Nous sommes tous des jardiniers.

Veronique Bizot est l’auteur d’un premier recueil de nouvelles remarque, Les Sangliers, paru chez Stock en 2005 (Livre de poche, 2007) et couronne par le prix Renaissance de la nouvelle 2006.

  • Les courts extraits de livres : 13/03/2008

LES JARDINIERS

Quand les jardiniers seront partis, je resterai seul dans la maison. Ou bien je m’installerai au fond du parc, pres du bassin, aussi muet que les carpes. Les carpes, comme les jardiniers, ne sont pas venues d’elles-memes, elles sont artificielles, ce ne sont que des artifices, comme ce massif, au-dela de quoi je vois les jardiniers courbes. Ces jardiniers me derangent. Je m’attends a ce qu’ils plantent de ces fleurs dont j’ai horreur, ce jardin etait parfait tel qu’il a toujours ete, avant. Je deteste voir creuser la terre, le jardin s’agiter, toute cette agitation. Les jardiniers font impitoyablement leur travail, ils ne se laisseraient pas renvoyer, ils deviendraient violents, nous savons ce que nous avons a faire, me diraient-ils en brandissant leurs beches, leurs fourches et tout leur attirail de tueurs. Un coup de binette sur la nuque et ils n’auraient plus qu’a m’enterrer, ce ne sont pas les endroits qui leur manqueraient, ni le terreau, apres quoi ils ensemenceraient, quelques metres carres de leurs fleurs bien drues, qui s’en irait supposer que je gis la-dessous, enfoui sous cet admirable parterre ? La plupart des jardins sont remplis de cadavres, c’est evident.
Il fut un temps ou j’arpentais le beton, ou mes mains ne rencontraient que du metal, ou tout ce qui entrait en contact avec mon corps sortait des usines, il y avait toujours un bouton sur quoi appuyer, une direction a prendre, il me semble que l’on savait toujours ou aller, quoi faire de soi. De tels endroits existent toujours, ils proliferent meme, je ne l’ignore pas, particulierement en Amerique du Sud, sur cette question, les Sud-Americains ne transigent pas. Mais ici on veut des jardins. On veut plus que tout des jardins, qu’on dit d’agrement, quand les jardins ne sont rien d’autre que des pieges. On se jette sur les jardins comme dans la gueule du loup, et quand nous comprenons notre erreur, nous sommes a la merci des jardiniers.
Autrefois je voyais les immenses bateaux entrer dans les ports, les cargos se frayer un lent chemin dans le beton des rades. La-bas non plus, personne ne se souciait d’un jardin. Les fleurs poussaient n’importe comment, a leur gre, personne ne se penchait sur elles. Il y avait les caisses a decharger, les treuils a manoeuvrer, nul n’etait heureux, ou malheureux.
Quand les jardiniers auront acheve leur massacre, je ferai venir les betonneurs, avec les betonneurs, il est possible de s’entendre, coulez-moi tout ca dans le beton, leur dirai-je, je veux du beton jusqu’a la foret, une chape bien epaisse, ne plus apercevoir la moindre fleur, plus un brin d’herbe.
Le matin, la maison est assez fraiche, reconnaissons-lui ca, je sens sa fraicheur du haut de l’escalier, les jardiniers ne sont pas encore arrives, entasses dans leur camionnette, a combien tiennent-ils la-dedans ? A l’instant de descendre l’escalier – un ample escalier, avec une rampe de bronze -, tout est intact encore, et flottant, du palier je marque un temps d’arret, ma main effleure la rampe, j’envisage quelque chose, rien de precis, puis tout se pose, tout se fige, et il n’y a rien a faire qu’a descendre, ouvrir les volets et contempler le desastre.
Des annees loin d’ici et, un jour, une sorte de calme, soudain, un detachement, et rien n’est venu combler le vide. Alors je suis revenu et Alice etait la, qui avait forci et ne m’attendait plus. Ce sont les paysagistes qu’elle attendait, ce jardin prend des allures de foret vierge, a-t-elle declare, on n’y comprend plus rien, il est grand temps de s’en occuper, tout est prevu, les paysagistes seront la d’un jour a l’autre. Les paysagistes, a ce que j’en ai vu, surgissent un beau matin en coupe decapotable avec des moues degoutees et des traces de dentifrice au coin des levres, arpentent le terrain au pas de course, en faisant de grands gestes cependant qu’il leur sort de la bouche des mots latins et des poches toutes sortes de petites etiquettes pointues qu’ils plantent ca et la comme au hasard, apres quoi ils remontent dans leur vehicule, disparaissent dans un vrombissement et il n’y a plus qu’a attendre la camionnette des jardiniers.

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