Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Les jardins de kensington

Auteur : Rodrigo Fresan

Traducteur : Isabelle Gugnon

Date de saisie : 03/03/2010

Genre : Romans et nouvelles – etranger

Editeur : Seuil, Paris, France

Collection : Cadre Vert

Prix : 22.00 / 144.31 F

ISBN : 9782020661133

GENCOD : 9782020661133

Sorti le : 27/08/2004

Acheter Les jardins de kensington chez ces libraires independants en ligne :
L’Alinea (Martigues)Dialogues (Brest)Durance (Nantes)Maison du livre (Rodez)Mollat (Bordeaux)Ombres Blanches (Toulouse)Sauramps (Montpellier)Thuard (Le Mans)

  • Les presentations des editeurs : 08/05/2010

L’histoire se deroule en une nuit au cours de laquelle Peter Hook (Hook est le nom anglais du capitaine Crochet) raconte a un petit garcon prenomme Keiko Kai, la vie de James Matthew Barrie, le createur de Peter Pan, et la sienne propre. Ces deux biographies sont presentees de facon alternee, comme des correspondances en positif et negatif.
James Matthew Barrie, ne en Ecosse, connait une enfance heureuse jusqu’a la mort accidentelle de son frere aine, David. Sa mere plonge alors dans la depression et la folie et delaisse le petit James, qui comprend que
pour garder l’amour des autres il ne faut pas grandir. Peter Hook, lui, nait dans les annees soixante. Il est le fils de beatniks issus de richissimes familles, son pere est un musicien rate qui n’a de cesse de jalouser les Beatles et sa mere une egerie du Londres de l’epoque. L’enfance de Hook est marquee par cette ambiance folle et insouciante des Swinging Sixties. Dans le Londres du debut du siecle, Barrie travaille comme journaliste, puis ecrit des pieces de theatre qui connaissent un grand succes, jusqu’au jour ou il rencontre la famille Llewelyn Davies qui a cinq enfants. Il s’immisce dans la vie de la famille, joue avec les enfants qui, en fait lui permettent de continuer a vivre a l’Age d’Or de l’enfance innocente, leur raconte des histoires et cree a partir d’eux et de leurs jeux dans Kensington Gardens le personnage de Peter Pan qui sera un triomphe pour l’auteur. Hook, parallelement, devient lui aussi un auteur de best-sellers pour enfants en inventant Jim Yang, un jeune garcon qui sur sa bicyclette se promene dans le passe et dans le futur.
Au fur et a mesure que le livre avance, le recit de Hook est de plus en plus hallucine, violent, melant reves, cauchemars, realite, epoques. Le recit prend un ton dramatique lorsqu’on en arrive a la vieillesse de Barrie et a la folie evidente de Hook, narrateur omniscient, inquietant, criminel, contrepoint parfait de James Matthew Barrie.
Voici un livre tout a fait novateur et derangeant. Un livre sur l’enfance et la mort, un livre sur Londres et la fascination de l’auteur pour les Beatles (en fait la nuit de Hook est le pendant et un hommage a une celebre chanson du groupe A day in life), une reflexion sur les rapports de l’ecrivain et la perennite des oeuvres, sur le passage de la realite a la fiction, sur la relation auteur-personnage. Rodrigo Fresan prend des risques pour tenter de trouver de nouvelles voies a la litterature, et on ne peut que se rejouir de cette audace. Il est a n’en pas douter un veritable renovateur des lettres latino-americaines, le seul qui ose prendre des chemins differents. On ne peut etre que fascine par son livre.

Le 18 juillet 1963, tandis que nait a Buenos Aires Rodrigo Fresan, fils d’une psychanalyste et d’un publicitaire qui n’achevera jamais le film d’avant-garde dont il revait, une reunion entre ecrivains a lieu dans la meme ville pour evoquer l’avenir de la prestigieuse revue Sur. Jorge Luis Borges et Adolfo Bioy Casares y assistent. L’ambiance est tendue. D’apres Bioy, Borges ne comprend pas pourquoi la revue devrait s’ouvrir aux communistes et se moque de presque tout le monde. Au meme moment, a l’hopital, Rodrigo Fresan est declare en etat de mort clinique. On l’annonce aux parents, il y a une panne d’electricite, la mere s’evanouit, on laisse le cadavre du nouveau-ne en paix. Mais il finit par se reveiller.
Philippe Lancon, Liberation

  • La revue de presse Francois Riviere – Liberation

James Matthew Barrie, apres avoir ete salue a ses debuts, notamment par Stevenson et Henry James, comme un authentique genie, s’est vu longtemps soustrait a l’admiration des amateurs de litterature anglaise par la figure faunesque et fascinante de son Peter Pan, avant de devenir enfin, recemment, un auteur-culte. Barrie, fils d’un modeste artisan ecossais, emigre a Londres dans les annees 1880 pour y devenir, au detour des deux siecles, un dramaturge aussi en vue que George Bernard Shaw, culminant dans cet art de la facon la plus originale avec Peter Pan ou le garcon qui ne voulait pas grandir, en 1904, a cherement paye la rancon du mythe par lui cree…

Une mere tyrannique, Margaret Ogilvy, a laquelle il consacrera un livre emouvant, inconsolable de la mort d’un autre fils, le culpabilise au point que Barrie cessera de grandir a l’age de 14 ans d’ou Peter Pan… Puis c’est la jolie Mary Ansell, une actrice que Barrie epouse au debut de sa gloire, qui lui reproche de ne pas se montrer a la hauteur, et l’abandonne a ses reveries. Lesquelles trouvent a se concretiser lorsque surviennent l’encore plus ravissante Sylvia, soeur du comedien Gerald du Maurier, et ses quatre petits garnements que le dramaturge adopte comme compagnons de jeux dans le decor des Jardins de Kensington.

C’est ici que Rodrigo Fresan entre en scene. Tombe sous le charme de Barrie et des turbulents modeles aux Garcons perdus de la piece mythique, baby-boomer encore hante par le dessin anime de Walt Disney, il decide voici trois ans de se lancer dans un exercice de fiction ou le delire personnel le dispute a l’erudition pour se mesurer avec le sens profond du mythe…

  • La revue de presse Emilie Grangeray – Le Monde

C’est l’histoire d’un livre qui aurait pu ne jamais voir le jour. L’histoire d’un livre qui n’a, en quelque sorte, jamais voulu grandir. Tout comme Peter Pan. Et tout comme son createur, James Barrie, dont Rodrigo Fresan signe une biographie romancee… Rodrigo Fresan insere, a la fin de ses textes, une liste impressionnante de remerciements.

Qu’ils soient litteraires – Proust, Melville -, cinematographiques – Kubrick, Capra – ou musicaux. A la fin des Jardins de Kensington, sont ainsi salues les Pink Floyd, les Who et les Beatles – sur lesquels Fresan est intarissable. Car si Les Jardins de Kensington est bien une biographie de l’auteur de Peter Pan, c’est tout autant le recit hallucine des swinging sixties. Pour Rodrigo Fresan, ces deux epoques inventerent une nouvelle forme d’enfance : les victoriens en promulguant nombre de lois imposant un cadre plus humain au travail des enfants, les rockers en etant de joyeux irresponsables… Rodrigo Fresan livre ses plus belles pages sur l’enfance, qui n’est pas un paradis perdu “mais un paradis qu’on se rappelle”. Et, donc, sur la memoire, qui “n’est guere que le scenario de notre vie. Based on a true story, oui, mais truffe d’alterations qui profitent au rythme, a l’interet et aux possibilites dramatiques de l’histoire, a notre talent d’acteur toujours insuffisant”. Lire et ecrire, c’est se souvenir, dit en substance Rodrigo Fresan dans ce vertigineux roman…