Auteur : Christophe Deshoulieres
Date de saisie : 04/06/2008
Genre : Romans et nouvelles – francais
Editeur : Fayard, Paris, France
Collection : Litterature francaise
Prix : 30.00 / 196.79 F
ISBN : 978-2-213-63594-1
GENCOD : 9782213635941
Sorti le : 02/04/2008
- La voix des auteurs : Christophe Deshoulieres – 17/09/2008
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Christophe Deshoulieres – 22/05/2008
- Les presentations des editeurs : 17/09/2008
Dix beaux jeunes gens s’isolent en Toscane, sur les hauteurs de Florence, et se racontent des histoires (de sexe, bien entendu). S’agit-il du Decameron, que Boccace situait pendant la grande peste de 1348 ? Non, nous sommes autour de l’an 2000 a la Villa Malin et nos amis, pensionnaires du hasard, orphelins prives de catastrophe, jouissent du bel ete italien sans rien faire… Mais ce rien est-il matiere a ecrire ?
Nos petites histoires navrantes ont-elles un lien avec l’autre histoire ? Plaisir simple du livre de l’ete : la paresse de nos vacances s’y double d’un vrai roman d’aventures avec complots, masques, combats au sabre ou au pistolet, galopades et gaillardises bien troussees. Au bordel sous Napoleon Ier, un duo saphique, Coralie et Delphine, charme deux clients qui ont le meme nom : Fourier et Fourier. Charles et Joseph inventent la meme chose : des series. Des series mathematiques pour Joseph, pionnier de la physique moderne et des statistiques ; des series passionnees pour Charles, l’utopiste de la liberte sexuelle ; des series de series qui exaltent la propagation de la chaleur, sexes en rut, futs de canon,
De l’amour a la guerre, entre France et Italie, l’ironie cruelle de l’Histoire modifie les lois de l’attraction magnetique : les aimants se repoussent au lieu de s’attirer. De nos jours, les series ne sont que televisees. Fade ou grotesque, la comedie du savoir et de l’art ne cultive plus que notre melancolie. Neanmoins, polarises ensemble, Bien-pensants et Mal-aimants, en avance ou en retard d’un siecle ou d’une generation sur le Grand Soir de l’amour libre, croient toujours au Paradis.
Christophe Deshoulieres est l’auteur de Madame Faust (1989, reedite par Fayard en 1999) et de caMemoires d’Aramis (Fayard, 1999).
- La revue de presse Baptiste Liger – Lire, juin 2008
Quel est le lien entre une bande de jeunes venus faire la fete en Toscane, le Decameron, un mathematicien ayant vecu sous Bonaparte et un theoricien de la liberte sexuelle ? C’est tout l’enjeu du pave de Christophe Deshoulieres. Une odyssee intrigante…
Theorique et touffu, Les Mal-aimants multiplie les angles de lecture a l’infini – a la maniere d’un Pynchon – et tente de reunir la grande et les petites histoires en un seul volume. On peut y voir une reflexion sur le langage, la culture, la fin des utopies et la difficulte de communication ou une critique de la liberte sexuelle d’aujourd’hui. La multiplicite des formes litteraires abordees constitue aussi un jeu de piste assez malin – surtout lorsque Deshoulieres se met en abyme et s’amuse avec la typographie ou l’impression.
- La revue de presse Patrick Grainville – Le Figaro du 22 mai 2008
Quel rapport y a-t-il entre les speculations de Joseph et de Charles Fourier, sous Napoleon, et le sejour d’artistes novices et d’etudiants dans la Villa Malin, double de la Villa Medicis, a Florence, aujourd’hui ? Joseph Fourier, physicien, inventeur des series mathematiques et experimentateur des phenomenes d’echauffement dans le fut des canons ! Charles Fourier, plus connu, utopiste, pere du phalanstere, qui imagine de classer les passions humaines et concoit, entre autres lubies, les trottoirs a zebres ! Deux prostituees saphiques, Coralie et Delphine, se partagent les faveurs des deux savants iconoclastes. Ce qui rameute les flics de Fouche. Telle est la partie la plus rocambolesque du livre : cavale en montgolfiere, petarades electriques de Volta, manigances de la societe des Invisibles.
- Les courts extraits de livres : 17/09/2008
Il pleut.
Il pleut, il pleut depuis une semaine sur les jardins du Palais-Royal et Paris a le Bourbon – non : le bourdon… L’Abeille d’or a le blues. L’Aigle eternue malgre une moisson ininterrompue pendant des annees d’eclatantes victoires, glorieuse vendange de drapeaux que Le Moniteur Imperial raconte comme un feuilleton monotone aux sujets de Napoleon… Pourtant, a present, c’est la paix. Un peu de paix… Au prix d’un mariage autrichien. On vient de feter le bapteme du roi de Rome. Les fetes somptueuses en l’honneur de Napoleon II et l’ouverture d’un nouveau jardin de loisirs, Tivoli II, ne font pas oublier aux eternels sujets de mecontentement que sont les Parisiens, pourtant deja indifferents aux questions agricoles, que la saison est en retard ! Les chaudes et belles soirees du debut du mois de juin sont deja oubliees ; l’ete approche et personne ne sort plus de chez soi, comme en plein hiver : autour des jardins, les galeries commercantes sont desertes.
Le troisieme banc a compter depuis l’entree du Theatre-Francais est mouille, bien entendu… Voudrait-on obstinement s’y rendre avec un parapluie, que de larges et profondes flaques d’eau boueuse empecheraient de s’y rafraichir les fesses les pieds au sec. Depuis lundi, Monsieur Charles vient a midi moins cinq contempler son banc depuis l’arcade la plus proche. On est jeudi, et le Baron Joseph n’est toujours pas venu.
Trois fois deja, Charles Fourier est reste la debout pendant une heure avant de repartir chez lui. Aujourd’hui, bien a l’abri sous les voutes en berceau de la promenade, plante au milieu de la galerie, son chapeau sur la tete comme le mannequin-enseigne du tailleur pour hommes le plus proche, le grand distrait oublie de refermer son parapluie.
Un passant ricane dans son dos, mais il ne bouge pas.
Les deux premiers matins, avant de se rendre a son rendez-vous, Monsieur Charles avait reserve une table pour deux a l’excellent restaurant. Le troisieme, malgre l’indignation de son virtuel client, qui aussitot l’accusa d’affamer l’avenir de ses propres enfants, le patron refusa de reprendre une reservation probablement inutile. Et ce jeudi, le client econduit remache son amertume en anticipant l’humiliation qui serait la sienne s’il avait a se presenter tout a l’heure avec le Baron a l’entree du restaurant, plus que jamais excellent mais… complet.