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Les Patarins

Auteur : Claude Denys

Date de saisie : 16/11/2007

Genre : Romans et nouvelles – francais

Editeur : Benevent, Nice, France

Prix : 17.00 / 111.51 F

ISBN : 978-2-7563-0604-9

GENCOD : 9782756306049

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  • Les presentations des editeurs : 24/08/2007

Les jours sont comptes pour la Patarie, ce quartier ancien de Milan, fief des brocanteurs, fripiers et autres artisans fiers de leurs origines et de leur passe.
Un arrete d’expropriation circule, provoquant la revolte de ceux que l’on surnomme les Patarins.
La resistance s’organise tant bien que mal, chacun des habitants proposant le remede miracle pour resister a cet ennemi implacable : le bulldozer inhumain.
Un tombeau providentiel est mis au jour dans la cave du principal opposant au projet quartiericide des promoteurs. Les Patarins sautent sur cette occasion tombee du ciel, d’autant que le gisant ne serait autre qu’un ancien archipretre de la cathedrale toute proche assassine quelques siecles auparavant. De la a sanctifier l’obscur cadavre, il n’y a qu’un pas, vite franchi. Pour les futurs expropries, la chose est simple : on ne demenage pas un saint comme on demenage un vulgaire paquet d’ossements, on le respecte et mieux encore, on le venere.
Mais s’agit-il d’une vraie relique ou d’une supercherie ?
Le lecteur, a travers de multiples rebondissements cocasses, trouvera le clef du mystere.
Le ton pagnolesque du recit est egalement un hommage a la comedie italienne des sixties dont le maitre d’oeuvre a ete Mario Monicelli, avec ses interpretes fetiches, Marcello Mastroianni et Toto.

  • Les courts extraits de livres : 24/08/2007

Alfredo sortit tout d’abord un pupitre d’ecolier. Il en essuya la surface d’un revers de sa manche et constata que le vernis qu’il avait applique la veille n’arrivait pas a dissimuler les taches d’encre qui le grelaient de toutes parts. Il l’avait acquis voila pres de dix ans dans une vente d’un college religieux de Trezzano et, depuis, n’avait pas reussi a interesser un seul client. Alfredo sortait le pupitre par habitude. Il deposa dessus une pendule en bronze de l’epoque du Directoire dont il esperait beaucoup.
On lui avait affirme que l’objet avait ete fabrique a Paris par le celebre Dubuc Laine. Le brocanteur avait reussi, par ruse, a le soustraire a la convoitise d’un antiquaire de la via Monte Napoleone. Bien sur, le mecanisme offrait des manques cruels. Une seule aiguille, celle des minutes, marquait les six heures dans une attirance magnetique qui ne variait que lorsque la pendule changeait d’orientation. Ce qui avait attire Alfredo, c’etait une fine sculpture representant une negresse aux formes elancees qui surmontait le cadran. Une main bandait un arc qui avait perdu sa fleche mais Alfredo pensait que ce n’etait la que miseres anodines et que l’objet devrait rapidement interesser un touriste en quete d’une rarete bon marche. Tel etait du moins le slogan des brocanteurs de ce quartier de Milan plus connu sous le nom obscur de Patarie.
Alfredo acheva de mettre en place son eventaire en trainant une malle emplie de fripes qui alla rejoindre une table de toilette a la faience fendue. Puis il jeta un regard vers la boutique d’Emilio Sarti, le coiffeur, et constata que celui-ci n’avait pas encore ouvert. II imagina Emilio dans son lit et cela lui provoqua un baillement.
Au faite de l’orme occupant le centre de la placette, un rayon de soleil se coula, jouant dans les feuilles une jolie musique de lumiere. L’oeil d’Alfredo chavira au-dessus des toits roses et se fixa sur la fleche d’une grue. Il lui sembla que l’engin mecanique s’etait un peu plus hausse depuis la veille et cela lui parut insupportable. A bien la considerer dans sa froide hauteur, il l’imagina progressant sournoisement vers son echoppe dans l’evidente volonte de l’ecraser de son mepris inhumain.
Au meme instant, le bruit d’un marteau-piqueur s’insinua jusqu’a lui, confirmant toutes ses craintes. Ce leger tremblement souterrain s’etira dans les ruelles proches avec une perfide insistance venant, du meme coup, confirmer les rumeurs qui couraient sur l’avenir de la Patarie.
Alfredo, ronge par l’inquietude, envoya son fils Paolo aux nouvelles. Celui-ci revint deux heures plus tard avec quelques informations de caracteres purement geographiques.
– C’est dans la via Santa Rodegonda. Tu sais, papa, l’immeuble de Mimi Ferlano, celui qui vend des images pieuses sur la Piazza Duomo.
Alfredo connaissait Mimi Ferlano. Tout le monde, a Milan, le connaissait. On savait aussi d’ou venaient ses modeles. Il recrutait ses vierges immaculees et ses pietas aux regards extatiques dans une boite de nuit proche de la Piazza San Babila. La decence rend muet, c’est bien connu. Alors, on se contentait de quelques regards entendus entre inities, ce qui avait l’avantage d’eviter tout jugement moral.