
Auteur : Jerome Garcin
Date de saisie : 01/10/2007
Genre : Romans et nouvelles – francais
Editeur : Gallimard, Paris, France
Collection : Blanche
Prix : 14.50 / 95.11 F
ISBN : 978-2-07-076659-8
GENCOD : 9782070766598
Sorti le : 04/01/2007
- Le choix des libraires : Choix de Olivier Augier de la librairie Arts & LIVRES a Le Plan de Grasse, France – 06/03/2007
Dans son nouveau roman, Jerome Garcin nous conte l’ascension et la chute d’une agence litteraire a Paris, au debut du XXIeme siecle. Particularite de l’agence, elle est dirigee par Klara, puis Hilda Gottwald, deux soeurs originaires de Prague, que le tout Paris grincant des dents de par leur succes surnommera bientot les soeurs de Prague. Dans ce milieu difficile, se faire des ennemis est chose aisee, surtout lorsque l’on ecrase tout sur son passage et que le succes fait tourner la tete. D’autant plus encore lorsque l’on n’est pas originaire de la capitale, et que l’on cache derriere soi des secrets difficiles.
Derriere le masque de deux agents litteraires, la plume de Jerome Garcin – toujours efficace – nous presente la vie et la mort, les astres et les desastres d’une agent que rien n’arrete : Klara, qui passionne un auteur plus ou moins rate qu’elle a pris sous son aile – le narrateur – lors d’une rencontre au Lutetia. Un bon roman !
… C’est toujours tres emouvant d’etre lu par des libraires qui sont des intermediaires sans lesquels, tout simplement, la litterature n’existerait pas. Et j’en suis d’autant plus conscient qu’exercant depuis pres de trente ans le metier de critique et de journaliste, ca n’est un secret pour personne que j’ai acces directement a tout ce qui parait. On m’envoie chaque jour des dizaines et des dizaines de livres, que ce soit des romans, des essais des documents. Bref, je croule sous les piles d’envois qu’on appelle les services de presse et malgre tout, j’ai vraiment besoin d’aller moi-meme en librairie. J’y vais pour deux raisons : d’abord parce que j’aime voir comment les livres sont presentes, et puis je trouve que ce sont des lieux qui sentent, pas simplement bon le papier, qui sentent vraiment l’air litteraire. Et puis, je vais vous faire un aveu : j’achete beaucoup de livres. J’ai beau en recevoir gracieusement pour en parler, j’en achete beaucoup. Il y a deux ans, je crois, je suis tombe fou amoureux d’un petit livre qui s’appelait Elisa de Jacques Chauvire qui, depuis, a disparu, et qui est un livre qui a paru aux editions Le temps qu’il fait. Je ne compte plus les exemplaires d’Elisa que j’ai achetes pour les offrir a des proches, a des amis, a des amis d’amis…, c’est-a-dire que je suis paradoxalement peut-etre le plus mal place, un acheteur de livres parce que j’aime les offrir. Et il est vrai que par nature, par gout, par passion, je vais en priorite vers des petits editeurs pour lesquels j’ai non seulement une passion mais une grande fidelite. Je viens de citer Le temps qu’il fait ; je pourrais citer les editions Finitude a Bordeaux ; je pourrais citer les editions du Dilettante, a Paris… Toutes ces maisons-la font des livres, fabriquent des livres d’une qualite assez exceptionnelle, et je sais bien que si on n’est pas certain d’aller les acheter en librairie, ils ne seront pas distribues comme les livres de grande circulation. Donc j’aime les lire, et meme quand je les ai, moi, je vais les acheter chez des libraires dont je sais, encore une fois, qu’ils sont des intermediaires reves entre ceux qui ecrivent et ceux qui lisent. A travers Olivier Augier, je remercie tous ceux qui persistent a croire que, non seulement, on a besoin de lire mais qu’on a besoin de respirer, de vivre avec des livres. J’en profite pour souhaiter une bonne journee a tous ceux qui lisent et qui vont lire.
(Propos recueillis par telephone)
- Les courtes lectures : Lu par Marie Nicolle – 12/03/2007
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Marie Nicolle – 12/03/2007
- Les presentations des editeurs : 06/03/2007
1. Agent. a) Celui qui agit, contrairement a celui qui subit l’action. b) Ce qui produit un effet determine, force, corps ou substance intervenant dans la production de certains phenomenes. Exemple : agent atmospherique. 2. Agent. a) Personne chargee, en affaires, d’agir pour le compte d’autrui, jouant le role d’intermediaire dans des operations commerciales, industrielles et financieres. Exemple : agent de change ou d’assurances.
b) Employe d’une societe ou d’une administration. c) Agent secret : espion, membre d’un service de renseignements. 3. Agent. a) Agent artistique : impresario procurant des engagements aux artistes moyennant remuneration. b) Agent litteraire : intermediaire contractuel entre les auteurs et les editeurs. Exemple : Klara et Hilda Gottwald, alias ” les soeurs de Prague “, dont l’agence artistique et litteraire a connu a Paris, au debut des annees 2000, une ascension et une chute retentissantes.
Jerome Garcin dirige les pages culturelles du Nouvel Observateur et anime Le Masque et la Plume sur France Inter. Il est notamment l’auteur, aux Editions Gallimard, de Pour Jean Prevost, prix Medicis essai 1994, de La chute de cheval, prix Roger Nimier 1998, et de Theatre intime, prix France Televisions 2003.
- La revue de presse Jean-Paul Enthoven – Le Point du 11 janvier 2007
Le vrai sujet de ce roman – inattendu, avec ses scenes de genre et de sexe – est pourtant ailleurs : c’est la solitude de deux etres, le jeunot et la papesse, qui, par faiblesse ou instinct de survie, ont consenti a jouer le jeu de la frime, du fric, du trafic. La diabolique Klara s’humanise dans sa chute ; l’arriviste stendhalien se retrouve echotier dans un journal de province. Au passage, Garcin aura passe en contrebande sa propre morale : mieux vaut une promenade a cheval qu’un aller-retour au pays factice de la renommee. Mieux vaut un bonheur un peu gris qu’un feu d’artifice qui risque d’incendier les cervelles en etoupe. Est-ce, de la part d’un amateur de Herault de Sechelles, un roman sur l’ambition ? Ou une fable sur les cometes mondaines ? Ou la confession d’un misanthrope masque ? Au lecteur de juger. A lui de se projeter dans, ou de s’exclure de, cette fresque moderne ou tout est noir. D’un noir brillant. Garcin aura mis son monde en garde. A bon entendeur…
- Les courts extraits de livres : 06/03/2007
Au matin du 5 fevrier 2004, la Smart noire de Klara Gottwald fut detruite par une explosion d’origine criminelle au deuxieme sous-sol du parking Vinci de l’avenue George-V. J’appris la nouvelle en ecoutant le journal de treize heures de France Inter presente par Yves Decaens.
La veille, vers minuit, Klara avait gare son pot de yaourt a sa place habituelle et etait rentree chez elle. Elle avait ete reveillee par un coup de telephone de la police lui annoncant l’attentat dont elle, ou plutot sa voiture, avait ete victime. Interrogee par le reporter d’Inter, elle s’etait appliquee a paraitre indifferente : Une de perdue, dix de retrouvees, lacha-t-elle en parlant de sa Smart forfour jack black. On lui demanda qui pouvait donc lui en vouloir. Elle repondit : Tout le monde, c’est-a-dire personne. Elle jugeait grotesque que l’on fit, de cet incident mecanique, une telle affaire. Au micro, elle jouait son role a merveille. Elle y mettait du cran, de l’equanimite et une pointe d’humour. Une sage femme.
A quatorze heures, j’achetai Le Monde. En derniere page, un article etait deja consacre a l’evenement dont Paris se gargarisait. Enfin, un article… C’etait une succession affolee de pointilles et d’interrogations. La seule certitude etait qu’on n’avait pas cherche a tuer Klara Gottwald, on avait seulement voulu l’intimider, selon l’expression convenue et consacree. Le journaliste, prudent, evoquait toutes les pistes possibles, depuis la tres improbable querelle politique (un groupuscule d’extreme gauche, qui l’avait prise pour cible depuis quelque temps, lui reprochait de servir la soupe aux chiraquiens et d’en tirer de juteux benefices) jusqu’a l’invraisemblable rivalite professionnelle (tous les agents de la capitale souhaitaient sa chute et aspiraient, au milieu des ruines, a se partager equitablement ses liasses de contrats), en passant par l’incomprehensible chantage de la mafia russe, mais pourquoi diable la mafia russe ?, qui signait ses crimes en utilisant un explosif derobe dans les stocks pretendument perimes de l’ex-Armee rouge, et dont, etrangement, la carcasse fumante de la Smart portait la trace.