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Lettre a Jimmy

Auteur : Alain Mabanckou

Date de saisie : 16/08/2007

Genre : Essais litteraires

Editeur : Fayard, Paris, France

Collection : Litterature francaise

Prix : 17.00 / 111.51 F

ISBN : 978-2-213-62676-5

GENCOD : 9782213626765

Sorti le : 16/08/2007

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  • Les presentations des editeurs : 30/08/2007

Ne a Harlem en 1924, mort a Saint-Paul de Vence en 1987, noir, batard, homosexuel, ecrivain, James Baldwin a combattu sans relache la segregation raciale.
Mais ce n’est pas a ce titre que l’admire Alain Mabanckou. Dans cette longue lettre qu’il lui adresse post-mortem, il salue en Baldwin l’esprit libre qui refusa, en litterature comme en politique, que sa lutte mene au repli communautaire. L’hommage epistolaire se mue alors en echange complice ; citations de l’oeuvre du maitre et commentaires se confondant presque pour rappeler qu’il n’est d’homme qu’universel.
Alain Mabanckou et James Baldwin avaient bien des choses a se dire. L’un comme l’autre, ils n’acceptent que deux identites : celle d’ecrivain, et celle d’etre humain.

Laureat du prix Renaudot pour Memoires de porc-epic (Seuil, 2006), Alain Mabanckou est l’auteur de recueils de poemes et de romans dont Verre Casse (Seuil, 2005) et African psycho (Le Serpent a plumes, 2003). Ses oeuvres sont traduites dans une douzaine de langues. Il est professeur titulaire de litterature francophone a l’Universite de Californie Los Angeles (UCLA).

  • La revue de presse Jean-Claude Perrier – Le Figaro du 18 octobre 2007

Vingt ans apres la mort de James Baldwin a Saint-Paul-de-Vence, Alain Mabanckou celebre un homme quelque peu oublie aujourd’hui, pour qui il eprouve admiration et respect. Pour tout ecrivain, ecrire sur un autre, c’est aussi ecrire sur soi-meme…
Dans un essai a la fois erudit et familier, tres enleve – forme epistolaire et tutoiement de rigueur – Mabanckou montre la modernite de Baldwin, en l’integrant au coeur de l’actuel debat sur l’identite.

  • La revue de presse Gregoire Lemenager – Le Nouvel Observateur du 6 septembre 2007

Par porc-epic interpose, il s’adressait l’an passe a un cher Baobab fort attentif. Cette fois, plutot que de publier un essai convenu sur l’ecrivain noir americain James Baldwin, il ecrit directement a son cher Jimmy. On voit par la qu’Alain Mabanckou, qui enseigne la litterature francophone a l’UCLA en Californie, est bien ce qu’on appelle un homme de lettres. Le conteur et le conferencier se reconcilient dans la forme epistolaire : cet apotre d’une litterature-monde n’ecrit pas pour se regarder le nombril, mais pour sortir de soi, et transmettre.

  • Les courts extraits de livres : 30/08/2007

Une mere courageuse, un pere qui ne s’aimait pas

La photo est devant moi, accrochee au mur. Ce sont d’abord tes yeux qui retiennent mon attention. Ces grands yeux a fleur de tete que raillait naguere ton pere, ignorant qu’ils questionneraient plus tard les ames, perceraient la part la plus tenebreuse de l’humanite avant de se fermer a jamais, avec toutefois la volonte de poursuivre leur quete dans l’autre monde.

Regard vers le ciel, sourcils bien releves. A quoi penses-tu au moment ou le photographe pose son objectif sur toi ?
L’image est en noir et blanc.
Elle m’apparait aujourd’hui comme le prolongement de tes personnages qui ont ta voix, tes gestes, ton rire, ta colere, ton exasperation. J’ai beau m’attarder sur ce demi-sourire interrompu sans doute par le flash au moment ou tu redressais la tete vers la droite, je sais qu’il gardera son mystere…

Tu es vetu d’une chemise blanche a manches longues, la cravate noire desserree, une cigarette calee entre l’index et le majeur. Chacune de tes rides est une sente a suivre, a explorer jusqu’a l’envoutement. Il m’arrive, te devisageant ainsi, d’imaginer que se tisse entre nous un dialogue, et tu m’ecoutes, amuse par mes questions sans queue ni tete.
Quand je retourne la photo – c’est devenu un reflexe -, je relis a voix haute les quelques mots que j’ai griffonnes dessus : Quel temps fait-il au paradis, Jimmy ?

L’image me ramene dans les annees 20, devant un etablissement public, Harlem Hospital, a New York City. Emma Berdis Jones est alors agee de vingt-huit ans. En ce 2 aout 1924, elle met au monde un enfant hors mariage, donc illegitime, donc batard. Et toi, tu viens au monde par la petite fenetre. Tes yeux ne craignent pas la lumiere, tout au plus ils cernent l’environnement et enregistrent pour plus tard les blessures d’une societe ecartelee, batie sur une mosaique d’ethnies. Les unes dominent, dirigent, decident. Les autres subissent, respectent les limites du ghetto, n’ont pas le droit de s’asseoir pres du Blanc dans les transports en commun…