Auteur : Guy Des Cars
Date de saisie : 10/05/2008
Genre : Romans et nouvelles – francais
Editeur : Vauvenargues, Paris, France
Collection : Un grand roman de Guy des Cars
Prix : 6.80 / 44.61 F
ISBN : 978-2-7443-1522-0
GENCOD : 9782744315220
Sorti le : 07/05/2008
- Les presentations des editeurs : 17/09/2008
Monsieur Lucien n’a rien d’un aventurier, encore moins d’un seducteur. Jeune et paisible employe, sa vie est banale, presque entierement consacree a son travail… jusqu’au jour ou il epouse Adrienne, une terrible maitresse femme. C’est par elle et pour elle qu’il va se transformer en un personnage sans nom, sans visage et qui cache son second metier. Un etrange metier, longtemps inimaginable… Lucien devient l’un de ces hommes grace auxquels l’insemination artificielle est desormais possible. Il est un donneur… anonyme. Ma premiere pensee fut pour la belle creature que je savais maintenant enceinte de moi : c’etait a la fois fantastique et grisant de se dire qu’elle portait le fruit d’un amour que nous n’avions pas fait ensemble…. Sans pudeur ni dissimulation, cet homme revele ici ses hantises, ses joies bizarres, ses desirs refoules. Il contribue a donner la vie sans jamais savoir le resultat de ses dons. Entre l’ethique et la medecine, il est trouble. Et dans cet extraordinaire roman, d’une grande actualite, son existence tourne au drame, precisement le jour ou ce mari pas comme les autres decouvre qu’il est aussi un pere…
Ne a Paris, Guy des Carsest l’un de nos plus grands romanciers populaires. Sa remarquable analyse des sentiments et des pulsions, sa connaissance des caracteres, notamment feminins, ou l’ambition le dispute a la jalousie et ses histoires bien construites ont conquis un immense public : en plus de cinquante livres, cet auteur a seduit, etonne et diverti pres de cent millions de lecteurs. Plusieurs de ses celebres romans ont ete adaptes avec succes au cinema et a la television.
- Les courts extraits de livres : 17/09/2008
LA FACON DE DONNER
La premiere responsable de l’etrange existence que je viens de vivre pendant vingt annees est une petite affiche, de couleur jaune, que d’innombrables Parisiens connaissent et sur laquelle on peut lire, imprimes en caracteres noirs, ces mots qui contiennent une constatation et une promesse : Ne soyez plus ridicule en public. Apprenez a danser. Phrase lapidaire, suivie de l’adresse d’un cours de danse et de la mention : Cours publics ou lecons particulieres.
Cette affiche quelconque, je crois bien etre passe devant elle mille fois, peut-etre plus, lorsque je me rendais a mon travail dans le XVe arrondissement il y a de cela vingt-quatre annees deja… Ma profession d’alors ? La meme qu’aujourd’hui, a quarante-six ans. Sans etre tout a fait un artisan, puisque je travaille dans une entreprise employant plus de quatre cents personnes, je pense avoir quand meme le droit de me considerer comme un artiste. J’oeuvre sur des chaises, tables, fauteuils, canapes, tabourets, gueridons vendus un peu partout en France ou a l’etranger et qui permettent de meubler avec plus ou moins de bonheur – et grace a des paiements a temperament – ces interieurs qui proliferent d’annee en annee dans les immeubles-casernes des grands ensembles, allant de la Residence dite de reve aux H.L.M. les plus modestes.
Aucun style n’a de secrets pour moi. L’ensemble Henri II, le Renaissance, le Regence, le Louis XV, le Louis XVI, le Directoire, l’Empire, le Restauration, le Louis-Philippe, le Napoleon III, le IIIe Republique, le 7900, le Modem ‘ Style, le genre Meubles anglais, le style Arts decoratifs, l’archimoderne, le confortable et l’inconfortable, le discret et le tape-a-l’oeil, celui que l’on subit parce qu’il plait au conjoint mais que l’on a envie de flanquer par la fenetre, le banal surtout qui s’impose de plus en plus, tout cela me connait ! C’est mon royaume. Je suis dans une immense fabrique ou le plus gros du travail se fait a la machine et qui n’a de Temple du Meuble que le nom.
Apres etre passe par tous les stades, depuis celui d’apprenti jusqu’au poste envie de directeur de la fabrication qui est maintenant le mien, j’estime ne pas avoir une trop mauvaise situation. Ce n’est pas le Perou, bien sur, mais lorsqu’on arrive a gagner – deduction faite des charges sociales, des retenues de la Securite sociale et des impots – trois mille francs a quarante-six ans, ce n’est pas tellement mal ! Ca pourrait etre pire, et, comme l’a toujours dit Adrienne, cela pourrait etre aussi beaucoup mieux !
Adrienne ? Oui, parlons d’elle maintenant. Elle le merite. Sans l’affichette jaune qui m’a conduit a elle, et sans elle, qui m’a permis de me reveler a moi-meme, je n’aurais toujours pour vivre, aux approches de la cinquantaine, que mes trois mille francs. N’ayant aucune chance de devenir le P.-D.G. du Temple du Meuble puisque son proprietaire a trois fils solides, je sais tres bien avoir atteint mon plafond financier. Mais, comme le dit encore Adrienne, c’est toujours une poire pour la soif. Poire officielle qui me permettra, quand l’heure de la retraite sonnera, de toucher ces allocations de vieillesse qui seules expliquent qu’un individu puisse rester aussi longtemps dans une meme place ou dans une meme fonction.