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L’oreille en coin, une radio dans la radio : 22 ans de week-ends sur France Inter

Auteur : Thomas Baumgartner

Preface : Cavanna

Date de saisie : 12/12/2007

Genre : Presse Audiovisuel

Editeur : Nouveau Monde editions, Paris, France

Prix : 26.00 / 170.55 F

ISBN : 978-2-84736-281-7

GENCOD : 9782847362817

Sorti le : 22/11/2007

  • La voix des auteurs : Thomas Baumgartner – 17/09/2008

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Thomas Baumgartner – 13/12/2007

  • Les presentations des editeurs : 17/09/2008

Entre mars 1968 et juillet 1990, L’Oreille en coin fait des week-ends de France Inter un moment a part.
Jusqu’a trois demi-journees de programmes ironiques, innovants et modernes. Du jamais entendu jusque-la ! La radio de L’Oreille est une radio sans vedettes, a la fois sophistiquee et populaire, un atelier creatif qui contient toutes les formes de radios. Il y a bien sur les dimanches matin des chansonniers, ou passent Jean Amadou, Patrick Burgel, Pierre Saka, Maurice Horgues, Jacques Mailhot, Francoise Morasso, Yves Lecoq…
Et, a partir de 1984, hommes et femmes politiques commencent a defiler, et certains vieux briscards, comme Gaston Defferre, Valery Giscard d’Estaing ou Edgar Faure n’hesitent pas a mettre a l’epreuve leur sens de la repartie. On y rencontre aussi les jeunes loups du moment, parmi lesquels Alain Juppe, Dominique Strauss-Kahn et meme Nicolas Sarkozy. Les samedis et dimanches apres-midi sont de vrais moments de convivialite et d’inventivite radiophonique.
Nombreux sont ceux qui y apprennent leur metier ou developpent leur talent : Kriss, Daniel Mermet, Paula Jacques, Daniela Lumbroso, Eve Ruggieri… Entre autres. Ils y cotoient certains anciens qui marquent deja l’histoire de la radio : Claude Dominique, Yann Paranthoen, Gerard Sire, RobertArnaut… Un voisinage fecond rendu possible par les deux figures qui creent et dirigent L’Oreille en coin : Jean Garretto et Pierre Codou.
Ce livre raconte l’histoire de cette emission unique et fait la part belle aux souvenirs de ses acteurs et aux temoignages de ses auditeurs.

Thomas Baumgartner est journaliste et producteur radio, il travaille a France Culture et a Arte Radio.

  • Les courts extraits de livres : 17/09/2008

Les racines de L’Oreille

La prefecture de Police a dit stop. Trop dangereux, trop de monde compresse dans le batiment de la Maison de la Radio. Alors, l’emission va -s’arreter apres moins de deux saisons, bien obligee.
Pourtant, depuis 1965, Entree libre a l’ORTF est un succes sans precedent. Et c’est bien la le probleme. Roland Dhordain, directeur de France Inter, avait demande au depart a deux producteurs de trouver une solution pour animer les longs couloirs de la maison ronde, et particulierement son grand hall… La Maison de la Radio, inauguree avec faste moins de deux ans auparavant par le general de Gaulle, permettait enfin de rassembler dans un seul et meme lieu les activites radiophoniques publiques, eclatees jusque-la dans plusieurs studios et bureaux de Paris. Batiment futuriste, rond, brillant, il est comme un OVNI pose en bords de Seine, une anomalie dans ce 16e arrondissement ou les extravagances architecturales se limitaient jusque-la a quelques immeubles Art nouveau dessines par Hector Guimard. Mais maintenant que le vaisseau avait atterri, il fallait y faire entrer la vie.

En 1965, Roland Dhordain s’adresse donc a Jean Garretto et Pierre Codou, 33 et 38 ans. Habituellement charges des operations speciales de la radio, ils savent comment organiser des evenements. C’est a eux qu’on s’est adresse pour couvrir l’inauguration du paquebot France, en janvier 1962. Sur une idee du realisateur Yves Darriet, ils ont aussi lance les Radio Vacances : en 1960, Jean Garretto a ainsi monte de toutes pieces Radio Cote basque, une station locale qui a emis en juillet et en aout de 7 heures du matin a minuit, a destination des autochtones et des touristes. Pierre Codou a fait la meme chose au meme moment a Canet-Plage, dans les Pyrenees-Orientales. Les emissions en public, les jeux, l’esprit de proximite ont remporte un enorme succes. Tout le monde se branchait sur nous, tout le monde se sentait concerne, se souviendra plus tard Jean Garretto. Cette decentralisation ephemere etait un test. Il a ete juge concluant. A tel point que, des l’annee suivante, l’experience a ete elargie a la Cote d’Azur, la Bretagne, la Normandie et la Corse. Tout cela se passait vingt ans avant les radios pirates ou l’avenement des premieres stations locales de Radio France. Bref, Roland Dhordain ne se tourne pas vers eux par hasard.

Des tours, des tours…

La cogitation est intense et longue. Animer les couloirs de la radio… cela signifie faire venir physiquement les auditeurs a la radio. Mais comment ? Paris est traversee de frontieres mentales qui mettent des annees a etre repoussees. A l’epoque, plus qu’aujourd’hui, le 16e est un arrondissement bien lointain pour de nombreux Parisiens. Peut-on faire plus a l’ouest ? Rendez-vous compte : pour s’y rendre, il faut traverser la Seine ! Certes, si le RER n’est encore qu’une chimere, on peut venir en train, depuis la gare Saint-Lazare, en descendant a la station Quai de Passy. Mais tout ca fait un sacre voyage. Et le metro ? Vous n’y pensez pas. Le choix du site de la Maison de la Radio a ete fait justement parce qu’il est loin des lignes souterraines, ce qui permet d’eviter les vibrations intempestives qu’on risquerait de ressentir dans les micros a chaque passage de rame. Alors que faire ? Pour l’instant, tourner. En ce printemps 1965, Jean Garretto et Pierre Codou promenent tout autour de la maison leurs silhouettes dissemblables, a la recherche de la bonne idee. L’Italien sec et vif, l’oeil clair, et l’homme du Sud-Ouest, plus rond, plus grand, l’oeil noir, tous deux marchant d’un meme pas autour de ce batiment neuf qu’ils sont charges de rendre attractif et vivant. Quelle mission !

A force de tours, l’idee vient, ambitieuse. On s’est dit qu’il fallait investir tous les studios publics, se souvient Jean Garretto. C’est-a-dire le 103, le 104, le 105, le 107, le 120… Et y faire des spectacles permanents, avec le studio de l’accordeon, celui du lyrique, celui de la musique de chambre, le studio des jeux. Ainsi, quel que soit l’auditeur qui se deplace, il trouve des choses a son gout. A l’antenne, ce spectacle multiple et simultane est soigneusement organise pour que ceux qui sont a l’ecoute n’aient pas l’impression d’un m?lstrom desordonne. Garretto et Codou ont ainsi entre les mains un petit clavier qui permet de choisir quel studio passe a l’antenne. Et dans chaque studio, un animateur (Louis Bozon, Arnaud Monnier, Jean Bardin…) est informe, juste avant, que c’est a son tour de parler. Cette maniere de dispatcher, c’est une forme de radio que l’on a inventee, raconte Jean Garretto. L’ambiance etait fabuleuse. On passait des applaudissements d’un studio a ceux d’un autre, ce qui fait qu’il y avait une impression de gaiete, de joie, dans cette Maison de la Radio, habituellement sinistre.