Auteur : Daniel Alarcon
Traducteur : Pierre Guglielmina
Date de saisie : 22/05/2008
Genre : Romans et nouvelles – etranger
Editeur : Albin Michel, Paris, France
Collection : Grandes traductions
Prix : 22.00 / 144.31 F
ISBN : 978-2-226-18238-8
GENCOD : 9782226182388
Sorti le : 27/02/2008
- Les presentations des editeurs : 04/04/2008
Apres dix annees de guerre civile, un pays d’Amerique latine non identifie est plonge dans un etat d’extreme desolation. La junte militaire, apres avoir defait les rebelles, a entrepris de rebaptiser les lieux en leur affectant un simple numero. Desormais, evoquer le passe est devenu suspect.
Norma, presentatrice vedette de l’emission Lost City Radio, est le dernier espoir de tous ceux qui sont a la recherche d’un disparu. Mais lorsqu’un enfant lui demande de diffuser sur les ondes les noms des habitants de son village portes disparus, Norma doit se confronter a son propre passe et au souvenir de son mari dont elle a perdu la trace tandis qu’il faisait route vers ce meme village perdu dans la jungle…
Ce roman sombre, au style minimaliste, touche a l’universel a la facon des plus grands maitres de la litterature sud-americaine.
Un livre d’une puissance exceptionnelle.
The Guardian
Ne au Perou en 1977, eleve en Alabama, Daniel Alarcon a ete distingue en 2007 par le magazine Granla comme l’un des dix meilleurs romanciers de moins de trente cinq ans (a l’instar de son compatriote Dinaw Mengestu). Il est aujourd’hui directeur adjoint d’Etiqueta Negra, prestigieux mensuel litteraire de Lima. Lost City Radio, son premier roman, lui a valu un concert d’eloges a sa parution. Il est deja traduit en huit langues. Son premier livre, un recueil de nouvelles, War by Candlelight, a ete finaliste du prix de la Fondation PEN/Hemingway ; il sera traduit l’an prochain chez Albin Michel. Le dossier de presse (un entretien et un portrait de l’auteur) est disponible sur demande.
- La revue de presse Fabienne Pascaud – Telerama du 21 mai 2008
Il raconte dans un etrange passe-present les destins de personnages fantomes pas forcement sympathiques, juste passionnement humains ; et depeint, jusqu’a la magie noire, l’anonymat mortifere auquel reduisent les dictatures, les individualites qui se noient, les memoires interdites. Choisir la mort, ici, devient un bouleversant acte de vie.
- La revue de presse Andre Clavel – Lire, avril 2008
Sur ce suspense, Daniel Alarcon greffe un tableau effrayant de la guerre civile, avec son lot de tortures et d’epurations : son roman est a la fois un requisitoire politique et une remarquable meditation sur la solitude de ceux que la violence a rendus orphelins. Branchez vous sur Lost City Radio, vous y entendrez un requiem bouleversant.
- La revue de presse Michel Braudeau – Le Monde du 28 mars 2008
Lost City Radio a valu a son auteur d’etre classe par la revue britannique Granta parmi les meilleurs nouveaux ecrivains americains. Il est peut-etre un peu tot pour affirmer que la releve de Mario Vargas Llosa ou de V. S. Naipaul est assuree, mais la bravoure et la maitrise que deploie ici Alarcon sont impressionnantes. Aux lecteurs francais souffrant d’une trop forte absorption de “moi” nombrilique, on se doit de recommander ce livre, mieux, le prescrire d’urgence : Lost City Radio est garanti sans autofiction ni ego litterairement modifie.
- La revue de presse Astrid Eliard – Le Figaro du 13 mars 2008
L’auteur americain Daniel Alarcon, ne au Perou evoque un pays d’Amerique du Sud ou les villes et les etres disparaissent sans raison. Deroutant et fascinant…
Dans le premier roman de Daniel Alarcon, auteur americain ne au Perou en 1977, on ne sait pas trop si l’apocalypse a deja eu lieu ou si elle est imminente. Des villes, des quartiers, ont ete rayes de la carte puis reconstruits sauvagement apres une guerre civile, depouilles de toute humanite. On n’est pas loin de 1984, dans ce pays indetermine d’Amerique du Sud, ou les lieux se nomment comme les annees de la Terreur ou presque : 1791, 1793, 1797… La capitale ressemble a une grille de bataille navale, a chercher une adresse, F-10, on pourrait meme se faire torpiller…
Qui est vraiment Rey ? Un homme aux cent visages et a la double vie deroutante, qui est terrifie par la repression, mais la suscite en ecrivant dans des journaux dissidents. Un personnage complexe, aussi odieux qu’attachant. Exactement comme l’univers de Daniel Alarcon, un monde hostile, inhumain, au climat impossible, mais dans lequel on se plonge avec volupte.
- Les courts extraits de livres : 04/04/2008
Ils ont interrompu l’emission de Norma ce mardi matin-la parce qu’un garcon avait ete depose a la station. Il etait silencieux et maigre, et il tenait un mot a la main. Les gens a la reception l’avaient laisse entrer. Une reunion avait ete organisee.
La salle de conferences etait inondee de lumiere et offrait une vue panoramique sur la ville, vers l’est en direction des montagnes. Lorsque Norma est entree, Elmer etait assis a la tete de la table et se frottait le visage comme s’il venait de se reveiller d’un sommeil sans repos, insatisfaisant. Il a hoche la tete au moment ou elle s’est assise, puis s’est mis a bailler tout en tripotant le capuchon d’une fiole de medicaments qu’il avait sortie de sa poche. Va me chercher de l’eau, a-t-il grogne en direction de son assistant. Et vide ces cendriers, Len. Nom de Dieu.
Les yeux fixes sur ses pieds, le garcon etait assis sur une chaise tres raide, en face d’Elmer. Il etait mince, l’air fragile, et ses yeux etaient trop petits pour son visage. Il avait le crane rase – pour se debarrasser des poux, a pense Norma. Il y avait un debut de duvet sur sa levre superieure. La chemise etait elimee et son pantalon sans ourlet etait tenu a la taille par un lacet de chaussure.
Norma s’est assise le plus pres possible de lui, le dos tourne a la porte, en faisant face a la ville blanche.
Len est reapparu, une carafe a la main. La surface de l’eau etait couverte de bulles d’une teinte legerement grise. Elmer s’est servi un verre et a avale deux pilules. Il a tousse dans sa main. Bon, allons-y, a dit Elmer, une fois que Len a ete assis. Nous sommes desoles d’avoir interrompu les nouvelles, Norma, mais nous voulions que tu fasses la connaissance de Victor.
– Dis-lui quel age tu as, petit, a dit Len.
– J’ai onze ans, a dit l’enfant d’une voix a peine audible. Et demi.
Len s’est eclairci la gorge, a jete un coup d’oeil en direction d’Elmer, comme pour obtenir la permission de parler. Au hochement de tete de son patron, il a commence. C’est un age formidable, a dit Len. Et tu es venu voir Norma, c’est bien ca ?
– Oui, a repondu Victor.
– Vous le connaissez ? Norma ne le connaissait pas.
Il dit qu’il est venu de la jungle, a poursuivi Len. Nous avons pense que tu aimerais faire sa connaissance. Pour l’emission.
– Parfait, a-t-elle dit. Merci.
Elmer s’est leve puis s’est dirige vers la baie vitree. Sa silhouette se decoupait sur la lumiere a la fois eclatante et voilee. Norma connaissait bien ce panorama : la ville au-dessous, s’etirant sur la ligne d’horizon et meme au-dela. Le front colle sur la vitre, on pouvait voir la rue en bas, cette large avenue congestionnee par la circulation et les pietons, les bus, les moto-taxis et les charrettes de marchands de legumes. Ou bien la vie sur les toits : dans la forte brise en provenance de la mer, les vetements suspendus sur les fils a cote des poulaillers rouilles, des vieux qui jouaient aux cartes sur un vieux carton de lait, des chiens qui aboyaient furieusement, les crocs etincelants. Elle avait meme vu, un jour, un homme assis sur son casque de chantier jaune, en train de sangloter.
Elmer voyait peut-etre quelque chose a l’instant meme, mais il n’avait pas l’air d’y accorder le moindre interet. Il s’est retourne vers les autres. Pas seulement de la jungle, Norma. De 1797.
Norma s’est redressee sur son siege. Qu’est-ce que tu racontes, Elmer ?
C’etait une des rumeurs qu’ils savaient fondees : les fosses communes, les villageois anonymes, assassines et empiles dans des fosses. Ils n’en avaient jamais parle aux nouvelles, bien sur. Personne ne l’avait fait. Ils n’en avaient pas parle depuis des annees. Elle a senti un poids sur sa poitrine.
Ce n’est sans doute rien d’important, a dit Elmer. Montrons-lui la note.
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