Auteur : Sylvie Germain
Date de saisie : 06/11/2005
Genre : Romans et nouvelles – francais
Editeur : Albin Michel, Paris, France
Prix : 17.00 / 111.51 F
ISBN : 978-2-226-16734-7
GENCOD : 9782226167347
L’Alinea (Martigues)Dialogues (Brest)Durance (Nantes)Maison du livre (Rodez)Mollat (Bordeaux)Ombres Blanches (Toulouse)Sauramps (Montpellier)Thuard (Le Mans)
- Les presentations des editeurs : 14/05/2006
L’univers romanesque de Sylvie Germain est hante par d’etranges forces, d’inquietants personnages. Franz-Georg, le heros de Magnus, est ne avant la guerre en Allemagne. De son enfance, “il ne lui reste aucun souvenir, sa memoire est aussi vide qu’au jour de sa naissance”. Il lui faut tout reapprendre, ou plutot desapprendre ce passe qu’on lui a invente et dont le seul temoin est un ours en peluche a l’oreille roussie : Magnus. Dense, troublante, cette quete d’identite a la beaute du conte et porte le poids implacable de l’Histoire. Elle s’inscrit au coeur d’une oeuvre impressionnante de force et de coherence qui fait de Sylvie Germain, prix Femina pour Jours de colere, un des ecrivains majeurs de notre temps.
- La revue de presse Thierry Gandillot – L’Express du 17 novembre 2005
L’operation Gomorrah portait bien son nom: au coeur de l’ete de 1943, la ville de Hambourg fut enfouie sous un deluge de flammes porte par les forteresses volantes de la Royal Air Force, appuyees par la 8e flotte americaine. Rescape d’une cave ou il s’est terre, un petit garcon de 5 ans va surgir, un ours a l’oreille roussie sous le bras. La peluche porte autour du cou un mouchoir brode en fils de coton multicolores au nom de Magnus. Faute de mieux, c’est celui qu’on donnera a l’enfant avant de l’aiguiller vers une famille d’accueil. Lui ne sait plus rien de sa langue, les mots ne sont plus que des sons foules en vrac dans le pressoir-fournaise de la guerre. Frappe d’amnesie, Magnus, devenu a l’etat civil Franz-Georg Dunkeltal, va rassembler, petit a petit, douloureusement, les debris epars de son existence…
- La revue de presse Patrick Kechichian – Le Monde du 23 septembre 2005
Notre memoire ne remonte pas au jour de notre naissance. Comblant le vide, nos parents sont, dans l’ordre naturel des choses, les depositaires legitimes de ces souvenirs manquants. Ils nous les racontent, nous en montrent les images et, plus tard, nous apprenons, ou verifions, de quels episodes de l’histoire nous avons ete, en nos toutes premieres annees, les inconscients et innocents contemporains. Sur le theme de cette memoire manquante, enfouie ici dans le secret et la honte d’un XXe siecle de ruines et de carnages, Sylvie Germain a construit un roman complexe mais limpide, riche d’une sensibilite a la fois exacerbee et parfaitement maitrisee. C’est l’art fremissant et sans retenue de l’auteur du Livre des nuits, de Jours de colere, ou du plus secret recit, La Pleurante des rues de Prague, que l’on retrouve ici en plenitude.
De l’histoire de Magnus, “homme a la memoire lacunaire, longtemps plombee de mensonges puis gauchie par le temps, hantee d’incertitudes”, Sylvie Germain aurait pu faire un tres gros roman. Elle a choisi au contraire de concentrer sa matiere dans un livre relativement court, dispose en brefs chapitres, qu’elle nomme “fragments”. Et ceux-ci sont coupes de notes, digressions et citations qui ne ralentissent en rien le rythme de la narration. De plus, cette disposition permet d’ouvrir des portes sur la realite, ou sur la litterature, donnant au propos plus de profondeur… Avec audace et intuition, avec une force spirituelle et lyrique peu commune dans le roman contemporain, Sylvie Germain campe des personnages assez pleins et habites pour etre credibles, malgre la multiplicite et l’accumulation haletante des episodes. Et c’est comme naturellement que l’emotion dont temoigne son ecriture se communique au lecteur.
- La revue de presse Valerie Marin La Meslee – Le Point du 15 septembre 2005
Elle avait confie, dans Les personnages, comment les siens venaient reveiller sa plume. Le dernier d’entre eux, Magnus, vient de loin et ira loin… Le heros de Sylvie Germain donne son nom au tres beau roman avec lequel l’un de nos meilleurs ecrivains arrive chez son nouvel editeur, Albin Michel, et d’un bon pas… Quand le roman d’une quete d’identite est aussi bien compose, avec ces fragments evoquant les bribes dont le heros dispose pour reconstruire son histoire (tel l’ecrivain face a son personnage), on ne deflore pas le parcours qui attend son lecteur… D’ou vient ce sentiment d’avoir lu dix romans en un seul, et qui est court ? De la richesse du canevas romanesque, de la diversite des genres, visibles a l’oeil nu, et des styles (ici et la, disons-le, un propos se fait trop insistant), de sa forme de palimpseste. Et, surtout, du souffle qui porte l’ecrivain a faire de Magnus le premier homme du livre toujours recommence.
- La revue de presse Dominique Fernandez – Le Nouvel Observateur du 3 novembre 2005
Etonnante Sylvie Germain ! Un des meilleurs ecrivains de sa generation, auteur d’une dizaine de romans independants de toute mode, qui nous ont laisse le souvenir d’une oeuvre taillee dans le roc d’une prose hautaine et forte. Magnus nous projette dans un univers tres different de la province francaise ou elle ancrait precedemment ses textes. Franz-Georg, ne juste avant la guerre, est le fils de nazis allemands. Ses parents ont disparu – morts ou caches – et il doit grandir avec cet enorme poids de culpabilite indirecte. Problemes d’identite, de langue. Qui suis-je ? Son puzzle familial ressemble a un tableau d’Otto Dix ou de Georg Grosz, ces peintres allemands qui ont erige l’horrible en regle d’art, representant des hommes et des femmes defigures par la laideur, la betise, la cruaute.
Comment faire le deuil de tels parents ? Ils tiennent son coeur captif ; il est l’otage posthume de deux predateurs auxquels la mort assure desormais une eternelle impunite, et donc une perpetuelle malfaisance a son egard. Toute la premiere partie du livre se maintient a ce niveau, et l’on suit avec interet les aventures de l’orphelin et ses vains essais pour tordre le cou au spectre paternel. Malheureusement la suite est bien decevante…