Auteur : Milena Agus
Traducteur : Dominique Vittoz
Date de saisie : 08/02/2007
Genre : Romans et nouvelles – etranger
Editeur : L. Levi, Paris, France
Collection : Litterature etrangere
Prix : 13.00 / 85.27 F
ISBN : 978-2-86746-433-1
GENCOD : 9782867464331
- Les courtes lectures : Lu par Francois Attia – 16/09/2008
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Francois Attia – 19/03/2007
- Les presentations des editeurs : 16/09/2008
Au centre, l’heroine : jeune Sarde etrange “aux longs cheveux noirs et aux yeux immenses”.
Toujours en decalage, toujours a contretemps, toujours a cote de sa propre vie… A l’arriere-plan, les personnages secondaires, peints avec une touche d’une extraordinaire finesse : le mari, epouse par raison pendant la Seconde Guerre, sensuel taciturne a jamais mal connu; le Rescape, breve rencontre sur le Continent, a l’empreinte indelebile; le fils, inespere, et futur pianiste; enfin, la petite-fille, narratrice de cette histoire, la seule qui permettra a l’heroine de se reveler dans sa verite.
Mais sait-on jamais tout de quelqu’un, aussi proche soit-il… Milena Agus dit de sa famille qu’ils sont ” sardes depuis le paleolithique “. Et c’est en Sardaigne que l’auteur de Mal de pierres a resolument choisi de vivre, d’enseigner et de situer son recit. Deja remarquee par la presse italienne pour son premier roman, Milena Agus confirme ici son exceptionnel talent et sa liberte de ton.
- La revue de presse Jerome Garcin – Le Nouvel Observateur du 8 fevrier 2007
C’est elle qui ecrit Mal de pierres, l’histoire de sa grand-mere, aujourd’hui disparue, dont on ne saura pas le prenom. Avec minutie, elle reconstitue le destin de cette femme sinon derangee, du moins decalee, que le manque d’amour mettait au supplice, chez qui la musique provoquait d’insupportables emotions et pour qui l’ecriture etait un exutoire…
La vie magmatique et l’ile volcanique de cette Bovary sarde etaient trop etroites pour contenir ses reves. Fabuler etait sa seule maniere de survivre. Ce recit sans doute autobiographique, d’une sensibilite a fleur de page, devient ainsi un tres bel eloge de l’imagination qui a raison de la realite, un fervent art du roman. Lisez-le, faites passer, c’est du vif-argent.
- La revue de presse Christine Ferniot – Lire, fevrier 2007
L’autre heroine de ce livre est la Sardaigne : un pays sec, rugueux qui rend les femmes un peu cinglees et les hommes en decalage avec le reste du monde. Milena Agus est de cette ile qui tourne les sens. Elle y vit, y enseigne et ecrit. Son roman debute comme une biographie familiale, se poursuit en aventure fusionnelle, fait un tour par l’Histoire, porte un regard sur la societe italienne et ses injustices de classe, n’oublie jamais de glisser une pointe d’humour. Le bilan est deja assez brillant, mais l’auteur ne s’arrete pas la : la romanciere aime les mensonges de la fiction et nous offre un retournement de derniere minute. En fait, les Sardes doivent etre comme ca : seduisants et imprevisibles, libres de tout reinventer et avec un sacre talent.
- La revue de presse Valerie Marin La Meslee – Le Point du 25 janvier 2007
Quel est ce mal de pierres dont souffre l’heroine de ce livre venu de Sardaigne et qu’on brule, des les premieres pages, de faire connaitre ? Ces coliques nephretiques ne cachent-elles pas un mal plus obscur qui expliquerait mieux pourquoi les pretendants de cette belle celibataire, agee pour l’epoque (la trentaine), finissent tous par la fuir, au grand dam de sa famille ?.. Le recit de l’heritiere-confidente distille peu a peu, comme un suc, les elements qui composent le destin d’une femme desirante ou folie et ecriture se rejoignent en une seule et derniere page…
- La revue de presse Raphaelle Rerolle – Le Monde du 12 janvier 2007
Ce bref roman, son deuxieme en Italie, a quelque chose de la pierre, en effet : compact, lisse en apparence et cependant plein d’anfractuosites, de retenue, de secrets. A cause de la folie qui l’infuse et l’emporte des le commencement, sans que le lecteur n’en sache rien. A cause, aussi, d’un style sobre et poetique, concentre, sans ornement, semblable aux murs de granit des maisons sardes. A cause enfin d’une narration en spirale, qui ne devoile que progressivement et presque fortuitement le motif central du roman. Comme si le recit rechignait d’abord a dire la verite sur la femme dont il est question, cette jeune Sarde aux cheveux sombres, semblables a un “nuage noir et luisant” quand elle ote ses epingles…
Ou est la folie ? Ou est le mensonge, dans cette societe sarde pleine de replis bien caches ? Certainement pas sur la lune.
- La revue de presse Astrid de Larminat – Le Figaro du 11 janvier 2007
Mal de pierres montre aussi qu’un fou, en mettant du jeu dans le tissu social, en assure la stabilite : Dans chaque famille, il y a toujours quelqu’un qui paie son tribut pour que l’equilibre entre ordre et desordre soit respecte et que le monde ne s’arrete pas. Sans parler de l’etrangete des gens normaux, ici incarnee par de beaux personnages secondaires, notamment le grand-pere, qui jusqu’au bout garde son mystere, en particulier celui de la sollicitude infinie dont il fait preuve a l’egard de sa femme : une autre maniere d’amour fou. L’idee maitresse du livre, dont les dernieres lignes donnent la cle, est que la folie est mortifere tant qu’elle est consideree comme un handicap, contenue ou forcee a se conformer ; elle devient feconde, reellement feconde, quand l’imaginaire envahissant d’une personne trouve un sujet de dilection autour duquel se cristalliser, et un art pour s’exprimer. C’est en ecrivant un roman que grand-mere est rendue a la vie…
- La revue de presse Delphine Peras – L’Express du 4 janvier 2007
Ce livre est un bijou. On voudrait en rester la, de crainte de trahir sa construction insolite, de deflorer sa sensibilite…
Mal de pierres est le deuxieme roman de Milena Agus, originaire de Sardaigne, ou elle vit toujours, mais le premier a etre traduit en francais. Cela n’en reste pas moins une revelation.
- La revue de presse Jean-Baptiste Marongiu – Liberation du 4 janvier 2007
Les romans d’amour ne sont jamais aussi prenants que lorsqu’ils nous parlent du malheur d’aimer, ou, variante, de comment une vie aimante ne peut etre admise qu’au prix de sa denegation la plus obstinee. Parce que l’amour, justement, est si important (surement la chose la plus belle du monde) qu’il ne pourra jamais etre celui que l’on vit soi-meme. Ce sont les delices et les tourments d’un tel amour que nous donne a gouter Mal de pierres, un petit bijou de roman, poli comme une pierre precieuse et delicieux, pour ne pas dire entetant, comme certains gateaux sardes, tout miel et tout anis.
- La revue de presse Martine Laval – Telerama du 3 janvier 2007
On lit. Et l’on est pris (epris ?) d’une fievre malefique, melange de plaisir et de spasmes. Abasourdi. Ravi d’etre piege par tant de finesse, de prise de risques, de liberte. Milena Agus, que l’on imagine ecrivant sagement dans un coin de sa Sardaigne, fait de l’entourloupe du grand art – de la litterature. Ses menteries et ses boniments crachent, avec violence et melancolie, une histoire d’amour, de sexe et de folie, tous unis. La narration, elle, style et construction, est simplement hypnotique…
Agus passe a la moulinette l’amour, le sexe, la tendresse, le reve et n’oublie pas bien sur la litterature, cet art du mensonge, ou de la verite. Allez savoir.
- Les courts extraits de livres : 16/09/2008
Le dimanche, quand les autres filles allaient a la messe ou se promenaient sur la grand-route au bras de leurs fiances, grand-mere relevait en chignon ses cheveux, toujours noirs et abondants quand j’etais petite et elle deja vieille, alors imaginez dans sa jeunesse, et elle se rendait a l’eglise demander a Dieu pourquoi, pourquoi il poussait l’injustice jusqu’a lui refuser de connaitre l’amour, qui est la chose la plus belle, la seule qui vaille la peine qu’on vive une vie ou on est debout a quatre heures pour s’occuper de la maison, puis on travaille aux champs, puis on va a un cours de broderie supremement ennuyeux, puis on rapporte l’eau potable de la fontaine, la cruche sur la tete; sans compter qu’une nuit sur dix, il faut rester debout pour faire le pain, et aussi tirer l’eau du puits et nourrir les poules. Alors, si Dieu ne voulait pas lui reveler l’amour, Il n’avait qu’a la faire mourir d’une facon ou d’une autre. En confession, le pretre disait que ces pensees constituaient un grave peche et que le monde offrait bien d’autres choses, mais pour grand-mere, elles etaient sans interet.
Un jour, mon arriere-grand-mere attendit sa fille avec le tuyau pour arroser la cour et la frappa si fort qu’elle en eut des blessures jusque sur la tete et une fievre de cheval. Mon aieule avait appris, par des rumeurs qui couraient le village, que si les pretendants de grand-mere se defilaient, c’etait parce qu’elle leur ecrivait des poemes enflammes qui contenaient meme des allusions cochonnes et que sa fille salissait non seulement son honneur, mais celui de toute la famille. Elle la frappait a tour de bras en vociferant : Dimonia ! dimonia ! et elle maudissait le jour ou ils l’avaient envoyee a l’ecole apprendre a ecrire.