Auteur : Rodrigo Fresan
Traducteur : Isabelle Gugnon
Date de saisie : 00/00/0000
Genre : Romans et nouvelles – etranger
Editeur : Passage du Nord-Ouest, Albi, France
Collection : Traductions contemporaines
Prix : 24.00 / 157.43 F
ISBN : 978-2-914834-22-3
GENCOD : 9782914834223
L’Alinea (Martigues)Dialogues (Brest)Durance (Nantes)Maison du livre (Rodez)Mollat (Bordeaux)Ombres Blanches (Toulouse)Sauramps (Montpellier)Thuard (Le Mans)
- Les presentations des editeurs : 14/09/2006
Il est possible que Mexico soit une tumeur geographique. Ce qui est sur et certain, c’est que cette ville ne cesse de grandir. Comment faire tenir tout Mexico dans un livre ? C’est ce que je me suis propose de faire dans ce roman demontable qu’est Mantra. Je trouvais interessant qu’un livre sur une ville aussi gigantesque qu’un pays puisse correspondre a la forme et a l’esprit qui l’avait inspire. De la la monstruosite de Mantra, qui est presque une aberration litteraire ou les narrateurs se transforment en d’autres narrateurs (le roman commence sur le recit d’une tumeur cerebrale et se poursuit dans la bouche d’un mort francais qui raconte ce qui se passe dans un inframonde precolombien ; il se conclut entre les dents et la langue d’une sorte de momie-robot qui cherche son pere dans les ruines futures d’un District Federal apocalyptique ou le temps est circulaire et ou les morts relatent l’histoire)…
J’irai meme plus loin : je crois que Mexico est franchement une autre planete ou culture terrienne et culture extraterrestre s’entrechoquent. […] C’est un grand cut-up, un crack-up, un up-up en soi, un tremblement de terre permanent.
Rodrigo Fresan, juillet 2006
J’ai lu peu de romans aussi passionnants ces dernieres annees. Mantra esf aussi celui qui m’a fait rire le plus […]. Il s’agit d’un roman sur le Mexique, mais en realite, comme dans tout grand roman, c’est du passage du temps, de la possibilite et de l’impossibilite des reves dont il parle vraiment. Et il parle aussi de l’art de faire de la litterature.
Roberto Bolano
- La revue de presse Philippe Lancon – Liberation du 12 octobre 2006
Mantra est un livre sur l’enfance, le souvenir d’enfance. Comme Martin Mantra est mexicain, Mantra est donc un livre sur le Mexique. Comme celui qui ecrit Mantra est un ecrivain argentin, Mantra est un livre sur les rapports qu’entretiennent l’enfance, le Mexique et la litterature. On ne peut les approfondir que si l’on est drogue, depressif, euphorique, inconsolable, ou les quatre. Ou en lisant ce livre, maniere efficace de passer en riant par chacun de ces etats…
D’apres un medecin, le narrateur est atteint non seulement d’une tumeur, mais du syndrome de Combray. Rodrigo Fresan, lui, semble atteint du syndrome de Peter Pan : il ne grandit pas. Beaucoup d’ecrivains ne grandissent pas, c’est ainsi qu’ils ecrivent.
- Les courts extraits de livres : 14/09/2006
Nous sommes immortels a nos debuts. Nous sommes invincibles. Nous savons tout parce qu’il n’y a pas grand-chose a savoir. Nous ne sommes qu’un Chapitre Un. Nous connaissons les bases, ce qui importe reellement, les choses indispensables : des regles simples pour survivre dans la jungle de nos journees breves mais intenses au cours desquelles nous pressentons a la perfection qui sont nos amis et nos ennemis. Alors, nos antennes flambant neuves captent sans difficulte le langage secret de l’univers. Au fil des annees – au contact du bruit sourd de la connaissance de l’inutile, du cote statique de l’information superflue et du lent rapprochement de la mort -, nous devenons de plus en plus ignorants. Nous avons peur des portes que le vent fait claquer ou des telephones qui sonnent dans le noir, au coeur meme de la nuit. Donc, a l’heure incertaine ou nous nous rappelons avec tristesse notre passe vigoureux, nous ne sommes plus que les astronautes corrompus d’une Lune innocente ou nous avons un jour plante un drapeau. Quand nous y etions, tout nous semblait plus grand et plus majestueux. Contrairement a ce que l’on peut croire, cela n’etait pas lie a notre petite taille par rapport aux chambres qui nous abritaient, mais plutot a notre capacite d’etonnement. Loin d’etre motivee par l’exercice d’un petit muscle difficile d’acces, elle etait un battement constant, et il suffisait de fermer les yeux pour la sentir rythmer le temps des hommes et la vitesse des choses a l’interieur de soi. Eh oui, notre passe le plus recule etait si proche, si bref et si precis qu’il se confondait avec ce qui etait survenu quelques heures plus tot pendant que nous glissions sur un present plus long que notre avenir tout entier. Voila pourquoi dans notre enfance, nous sommes particulierement attires par le rugissement des moteurs de science-fiction…