Auteur : Leila Sebbar
Date de saisie : 11/12/2008
Genre : Romans et nouvelles – francais
Editeur : Ed. Elyzad, Tunis, Tunisie
Prix : 15.00 / 98.39 F
ISBN : 978-9973-58-015-3
GENCOD : 9789973580153
Sorti le : 22/01/2009
- Les presentations des editeurs : 12/12/2008
Un vieil homme, ouvrier chez Renault, revient vivre a Alger apres trente ans passes dans l’usine-forteresse de Boulogne-Billancourt, l’ile Seguin. Il vit seul, dans une petite maison aux volets verts, face a la mer. Il a eu sept filles et un fils dont il est sans nouvelles depuis longtemps et a qui il n’a jamais reussi a parler. Avec la complicite de la jeune Aima, ecrivain public a la Grande Poste, il lui ecrit, il tente de lui ecrire.
Un roman sur les silences de l’histoire, du roman familial dans l’exil, le silence qui separe un pere de son fils.
Leila Sebbar est nee en Algerie d’un pere algerien et d’une mere francaise. Elle vit a Paris. Elle a publie des essais, des romans, des nouvelles et a dirige des recueils collectifs. Ses derniers titres parus : Les femmes au bain, L’arabe comme un chant secret, Voyages en Algeries autour de ma chambre, abecedaire (texte et images), Bleu autour. L’habit vert, Le ravin de la femme sauvage, Thierry Magnier. Le peintre et son modele, M Manar-Alain Gorius. Ma mere, des ecrivains du Maghreb racontent leur mere (collectif dirige par Leila Sebbar), Chevre-feuille etoilee.
- Les courts extraits de livres : 12/12/2008
Le vieil homme est assis, face a la mer.
Elle habite loin de la poste. On l’appelle toujours la Grande Poste. Grande oui, et sombre, la lumiere de la mer est comme interdite, trop de bleu, trop d’eclat pour un lieu ou tout circule dans l’ombre, les mots, l’argent, les objets, les larmes et les rires… ca ressemble a une gare, licite, illicite, les pauvres et les riches. Que sait-on de chacun ? Qui voudrait savoir ? Des vies minuscules, on cache le mauvais on exagere malheur et bonheur. Qui parle vrai de soi, sinon peut-etre ce vieil homme.
S’il ne pleut pas, elle va a pied. Attendre le bus, elle sera en retard et la bombe a la station il n’y a pas si longtemps, les attentats on sait qu’ils n’ont pas cesse, moins nombreux mais au hasard des civils, des civils pourquoi, chacun se dit non pas ce ne sera pas moi cette fois-ci, mais Dieu l’a voulu ainsi si un eclat le blesse et le mutile, s’il meurt c’est la famille, les voisins, les amis Dieu l’a voulu, Dieu a voulu le jour et l’heure de la mort, a-t-il voulu cette mort-la ? Et celui qui meurt ainsi, celle qui meurt ainsi de quoi sont-ils coupables ? Qui le sait ? Pas meme les proches. On se rappelle ces annees de fer, a peine quelques annees de cela et on fait comme si la barbarie criminelle s’etait exercee ailleurs, dans un autre pays, loin, tres loin, un pays inconnu, disparu depuis ou qui n’a jamais figure sur la carte du monde.