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Mon coeur a l’etroit

Couverture du livre Mon coeur a l'etroit

Auteur : Marie NDiaye

Date de saisie : 16/03/2007

Genre : Romans et nouvelles – francais

Editeur : Gallimard, Paris, France

Collection : Blanche

Prix : 17.50 / 114.79 F

ISBN : 978-2-07-077457-9

GENCOD : 9782070774579

Sorti le : 01/02/2007

  • Les courtes lectures : Lu par Agathe Lhuillier – 17/04/2007

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Agathe L’huillier – 15/03/2007

  • Les courtes lectures : Lu par Celia Nogues – 17/04/2007

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Celia Nogues – 27/02/2007

  • Les presentations des editeurs : 17/04/2007

Nadia, la narratrice, est institutrice a Bordeaux dans la meme ecole que son mari, Ange.
Ils vivent leur profession comme un apostolat et en tirent une authentique felicite. Mais depuis quelque temps le couple est l’objet d’une vindicte generale, harcelante et inexplicable. Personne ne les regarde plus en face, personne n’accepte d’entendre le son de leurs voix, les enfants ont peur d’eux… Nadia tente de comprendre la nature du complot qui la broie, tandis qu’un brouillard epais ensevelit Bordeaux.
Quelle faute a-t-elle commise, qui justifierait ses malheurs ? Pourquoi son fils s’est-il eloigne d’elle ? Ange est-il vraiment son allie dans l’epreuve ? Et qui est ce voisin qui les accable de propos lenifiants, ce Noget qu’ils avaient toujours meprise et qui s’impose peu a peu comme leur protecteur tout-puissant ? Le nouveau roman de Marie NDiaye baigne dans une clarte crepusculaire. L’ecriture etonne encore une fois par sa precision, sa retenue, sa profonde singularite.
La douceur constante du ton, le caractere familier des episodes qui se succedent, l’enchainement implacable et comme naturel des malheurs qui frappent la narratrice, mais aussi les frequentes pointes d’humour et la cocasserie des situations plongent le lecteur dans le ravissement inquiet que font naitre les contes.

Marie NDiaye est nee en 1967 a Pithiviers. Elle est l’auteur d’une douzaine de livres – romans, nouvelles, theatre.

  • Les courts extraits de livres : 17/04/2007

4. Il faut bien endurer

Je depasse sans lui preter attention un petit homme qui marche lentement au bord du trottoir.
– Nadia ! appelle-t-il faiblement.
C’est Ange, mon mari. Il tient sa serviette de maitre d’ecole serree sous son bras, soigneusement plaquee contre son echine. Nous avancons ensemble jusqu’a notre immeuble de la rue Esprit-des-Lois et je remarque qu’il me faut freiner mon pas afin de ne pas distancer Ange. Nous ne parlons pas. Nous n’osons plus nous demander l’un a l’autre si la journee a ete bonne, sachant bien qu’elle ne peut l’avoir ete. Aussi nous ne parlons pas, progressant tete baissee, les yeux au sol afin de ne rien pouvoir remarquer autour de nous qui nous froisserait ou nous generait, toute espece de vexation a laquelle on sait qu’on n’opposera qu’un douloureux silence etant encore plus penible a entendre a deux que seul.
Il fait froid. Depeche-toi donc, voudrais-je dire a Ange, et cependant je ne dis rien. Il a laisse sa veste ouverte malgre le froid. Les boutons du haut de sa chemise ne sont pas attaches. Ange, mon mari, n’a pas l’habitude de se montrer neglige ni dans son allure ni dans ses actions. Cependant je ne dis rien, redoutant d’attirer l’attention sur nous.
Tout au long de ces semaines pendant lesquelles le comportement de notre entourage s’est modifie si intensement qu’il est passe de la bienveillance respectueuse a une sorte d’execration meprisante, il m’est venu une certaine intelligence des circonstances necessaires a la manifestation de tel ou tel aspect de ce comportement. Ainsi, dans la rue, il me semble que rien ne nous arrivera tant que nous demeurerons silencieux. Certes, des regards hargneux se posent sur nous, sans dissimulation, comme si nous etions des chiens fouineurs et si laids qu’on ne peut les regarder qu’avec rancune. Mais il ne se produit rien de plus. Nous sommes vus et juges defavorablement, pareils a de vilains chiens. Je tourne la tete et murmure vers Ange :
– Depeche-toi, il fait si froid.