Auteur : Leila Sebbar
Preface : Nourredine Saadi
Date de saisie : 01/03/2007
Genre : Biographies, memoires, correspondances…
Editeur : Chevre-feuille etoilee, Montpellier, France
Prix : 19.00 / 124.63 F
ISBN : 978-2-914467-38-4
GENCOD : 9782914467384
- Les presentations des editeurs : 03/05/2007
Textes inedits recueillis par Leila Sebbar
Des filles racontent leur pere
Femmes du Livre, filles du pere.
31 femmes. Elles ont choisi le territoire du livre et du savoir. Le pere ne et eleve au Maghreb – Tunisie, Algerie, Maroc – dans les cultures musulmane, juive, chretienne, laique… a transmis a sa fille son gout des lettres et des sciences, transgressant ainsi l’ordre patriarcal qui, partout, inferiorise une fille.
Elles racontent dans un cours recit, inedit, cette aventure complexe, singuliere, qui a fait d’elles des femmes du livre, des femmes libres. Des filles parlent de leur pere. Chaque texte est accompagne d’une photo du pere.
Les livres de la fille seront le lien secret au pere. (Vu sur http ://www.africultures.com)
- Les courts extraits de livres : 03/05/2007
Ma mere aimait a dire les exploits de son defunt mari que personne au monde n’egalait en bravoure, pas meme le cure, son eternel rival. Papa, ne chretien, etait pourtant sceptique et critiquait les Eglises.
Vous dites que les tunnels sont un mythe ? Je les ai trouves et parcourus ! Si j’avais dispose de torches et de masques a oxygene, je ne serais pas revenu bredouille, disait-il. Voyez-vous Monsieur, moi je ne crois ni au diable ni aux Djinns qui interdisent le progres.
Tu es drole de parler ainsi, toi qui crois aux saints de l’Islam ! Au point de sacrifier des boeufs a des mausolees. On t’a vu sortir la viande de la grosse marmite avec ta fourche pour la deposer sur le plat de couscous.
Tu peux te moquer, les Oualis c’est pas pareil ! Mais toi l’Abbe, tu peux pas comprendre. Tu peux me dire pourquoi l’oxygene rentre pas dans le tunnel, sous la terre, alors qu’il y a une ouverture ? Et pourquoi la fusee decolle et va dans l’espace ? La ou tu crois que ton Bon Dieu habite. J’explique pas ; je donne pas les perles aux cochons, moi !
A ta sante ! Encore un peu d’anisette pour ce vieux raleur ! Il risque de ne pas nous faire le mechoui dimanche dans sa ferme.
Je souriais sous les etoiles. Le cauchemar de la marmite etait oublie. Demain j’y retournerai. A plusieurs, nous y entrerons mais je ne laisserai personne la retourner sur moi car j’avais encore peur du noir, meme si, tres tot, j’ai admis que le jour et la nuit etaient indissociables.
Cela remontait a ma toute petite enfance. Je pleurais tous les soirs pour la veilleuse. Mon pere me gatait (j’etais la fille qu’il avait attendue apres quatre garcons), n’osant pas me contrarier lui-meme, ou pour une toute autre raison, il souffla a ma mere une solution.