Auteur : Robert Pagani
Date de saisie : 25/08/2008
Genre : Romans et nouvelles – francais
Editeur : Table ronde, Paris, France
Collection : Vermillon
Prix : 17.00 / 111.51 F
ISBN : 978-2-7103-3069-1
GENCOD : 9782710330691
Sorti le : 25/08/2008
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- Le courrier des auteurs : 02/07/2009
Cher libraire…
Je vous connais depuis de longues annees. Je vous ai rencontre partout. Vous m’accompagnez depuis toujours.
Je ne sais par ou commencer. Alors disons Lisbonne. Rua da Torre Queimada, a deux pas du funiculaire, vous cheminez, coiffe d’une casquette a visiere, entre deux murailles de livres si hautes qu’elles paraissent se rejoindre au plafond. Vous etes monte sur une echelle, votre bras s’est enfonce entre deux volumes lourds de poussiere, comme dans une matrice. C’en est une, en effet, celle de la culture, et, apres une longue fouille ou vous guidait l’instinct plus que le sens de l’orientation, vous le denichez et me le tendez, le petit volume cache sur l’inquisition a Goa, que je cherchais depuis toujours.
C’est vous que je retrouve quelques annees plus tard a Saigon. Dans votre sombre librairie de la rue Catinat, face a la terrasse du celebre Hotel Continental, rendez-vous des grands reporters de la guerre d’Indochine, remplaces alors par ceux d’une autre guerre finissante, vous savez, entre vos rayons a moitie degarnis, qui seront bientot demontes, que votre guerre, celle contre l’ignorance et pour la litterature, est peut-etre perdue, elle aussi, comme celle de la plus forte armee du monde, mais une idee vous conforte : vous reprendrez le combat ailleurs, parce que l’amour de la litterature est eternel, et, en me remettant le volume des Lettres de Madame de Sevigne que j’ai apercu d’en bas, vous ne pouvez vous empecher de le feuilleter avec gourmandise. J’entends encore votre voix, par-dela les defaites et les empires : “Ecoutez ca ! Ne craignez point pour moi l’ennui que me peut donner la solitude; hors les maux qui viennent de mon coeur, contre lesquels je n’ai point de forces, je ne suis a plaindre sur rien; mon humeur est heureuse, et s’accommode et s’amuse de tout…”
Dix ans plus tot, je vous ai rencontre a Leopoldville, pas encore devenue Kinshasa. La aussi, vous saviez votre combat perdu, sauf que les lettres ne perdent jamais. Elles emigrent, elles vadrouillent de meridien en latitude, de siecle en siecle, sures de toujours rencontrer en chemin un esprit sensible a leurs sortileges. Ce jour-la, je vous ai achete le premier volume des memoires de Simone de Beauvoir.
C’est vous encore dont je vois le visage ravine au fond d’une echoppe mal eclairee de Bloomsbury, a deux pas du British Museum, ou venait peut-etre vous voir Virginia Woolf. Je ne vous etonne pas en vous demandant un petit livre d’Oscar Wilde paru clandestinement avant son proces. Pour le chercher, vous descendez dans vos souterrains, ou vous alliez vous refugier pendant la guerre, quand tombaient les bombes. Je vous attends au bord du trou qui vous a englouti. Vous remontez les mains poussiereuses, mais vides. Come back next year. (Vous ne perdez pas de temps en salamalecs : seule compte la parole ecrite). Car un livre qui a existe un jour continue d’exister a jamais. Il suffit d’attendre qu’il remonte a la surface.
A Manhattan, c’est encore vous, avec vos demi-verres dresses obliquement au bas d’une vaste calvitie, qui cherchez pour moi un etrange dictionnaire de je ne sais quel esperanto, et je m’enchante d’apprendre un peu plus tard que vous avez, l’annee precedente, refuse de vendre pour une fortune a la femme d’un potentat asiatique une edition originale de Shakespeare, un des fameux folios, parce que vous l’en jugiez indigne. Certes, la litterature peut conquerir, convertir a ses charmes, tirer a elle, mais il faut pour cela qu’une graine au moins dorme sous les couches de frivolite. Chez Mme Marcos, cette graine etait tragiquement absente.
A Rio de Janeiro, au bout de Copacabana, c’est encore vous, et vos paroles me remplissent de honte. L’ouvrage en deux volumes sur l’architecture baroque des petites villes du Minas Gerais coutait… je ne sais plus… cent mille, cinq cent mille cruzeiros ou cruzados (c’etait le temps des taux d’inflation surrealistes). J’ai pose sur le comptoir deux liasses epaisses comme des plaques de beurre. En achevant de compter les billets, vous m’avez dit : “Eh bien voila : ca, c’est mon salaire d’un mois”.
C’est toujours vous, a Geneve, place du Bourg-de-Four, au coeur de la vieille ville, a deux pas du lieu ou se situait l’axe urbain de l’agglomeration romaine. Nonagenaire, libraire depuis votre enfance, vous ne receviez plus que quelques clients par jour. J’avais le privilege de compter parmi eux. Vous ne quittiez plus votre chaise. Ce n’etait pas necessaire. Vous aviez tous vos livres ranges dans votre tete. Vos reponses etaient claires et nettes : “Je ne l’ai plus. – Je ne l’ai jamais eu. – Regardez tout au fond, dernier rayon a droite. Prenez l’escabeau.”
Etait-ce encore vous, plus tard, Grand’rue, ou sont nes, presque face a face, Rousseau et Michel Simon, qui m’avez vendu, presque a regret, en en caressant le cuir use, un Regnard en quatre petits volumes, mal relies, mal imprimes, mais publies en “l’an VII de la Republique, chez Belin, Imprimeur-Libraire, rue Jacques, no. 22” ?
Je pourrais continuer. C’est vous qui m’avez vendu, pour une somme derisoire, touche peut-etre par le desir que vous lisiez dans mes yeux, cette etonnante edition du Voyage de Celine, parue en Belgique en 1949, sur du mauvais papier et dans un format etrange, 13,5 x 22, qui m’a, adolescent, ouvert une fenetre inconnue sur la litterature. Vous aussi, 14e rue, jeune homme echevele, fou de livres, le premier roman de Salinger, The Catcher in the Rye, que j’ai lu en marchant, sans decoller, indifferent a la pluie comme aux feux rouges, jusque chez moi, 53e, ou je l’ai fini sur le paillasson, trempe comme moi, oubliant d’introduire la cle dans la serrure. Et puis il y a Edimbourg, Mexico, Panama, Carthagene-des-Indes, la ville fetiche de Garcia Marquez, et Vienne, Pavie, Cremone… Car vous etes partout, toujours. Et toujours aussi passionne et desinteresse. Vous ne me lachez pas. Malgre les operations financieres planetaires, les concentrations industrielles monstrueuses qui cherchent a vous tuer, et souvent vous tuent en effet, vous ne mourez pas, vous renaissez, sans fin, et cela pour une raison tres simple : parce que la fascination des mots, de leurs combinaisons innombrables, dont vous etes l’infatigable vecteur, est indestructible.
Et voici enfin qu’a mon tour, modestement, je viens glisser un petit volume sur vos rayons, parmi tant de noms illustres. Tout a ete dit, certes. L’imagination des romanciers est sans limites. Mais l’histoire d’une jeune reine qui, la nuit de ses noces, choisit de se donner d’abord a un criminel pour epargner a son roi tout neuf, par amour, la tache penible, croit-elle, de la rendre femme, est neanmoins, vous en conviendrez, assez singuliere. Cela s’appelle Mon roi mon amour (La Table Ronde).” Je vous en donne, en guise de hors-d’oeuvre, l’incipit : “Le jour ou elle devint reine, il y eut beaucoup de fleurs, beaucoup de bruit, beaucoup de sang et beaucoup de morts, mais elle ne fut pas vraiment surprise.” Cela s’appelle Mon roi mon amour et a paru aux Editions de La Table Ronde en 2008. Avec ma gratitude inalteree.
Robert Pagani
- Les presentations des editeurs : 26/06/2008
Le 31 mai 1906, a Madrid, le peuple en liesse celebre le mariage d’Alphonse XIII avec une princesse anglaise de dix-neuf ans, Victoire-Eugenie de Batten-berg. Le cortege nuptial progresse lentement a travers la ville. Mais le pas paisible des chevaux cache mal ce qui se prepare au bout du parcours, a deux pas du palais royal.
C’est cet evenement historique qui a inspire a Robert Pagani Mon roi mon amour. Seduit par le sort d’une jeune femme devenue reine d’Espagne dans des circonstances aussi dramatiques que violemment romantiques, il s’est glisse dans la peau de Victoire-Eugenie.
Melange d’innocence et d’erotisme, ce court roman au style tres vif est a la fois lyrique, torride et plein d’humour.
Ne a Lugano, au Tessin, en Suisse, Robert Pagani a fait toute sa carriere a l’ONU comme traducteur de conference. Il est l’auteur de nombreuses pieces de theatre, dont certaines ont ete portees sur scene ou mises en ondes par la Radio Suisse Romande. Mon roi mon amour est son premier roman.
- Les courts extraits de livres : 26/06/2008
LE JOUR OU ELLE DEVINT REINE, il y eut beaucoup de fleurs, beaucoup de bruit, beaucoup de sang et beaucoup de morts, mais elle ne fut pas vraiment surprise. Dans les dix secondes qui suivirent l’explosion, elle ne fut pas non plus vraiment inquiete, mais non a cause du choc : parce que son esprit etait ailleurs. Trois mois plus tot, elle avait lu un livre, plus exactement la premiere page d’un livre, car il lui fut enleve aussitot, vu qu’il provenait d’un rayon de la bibliotheque qui lui etait interdit, lequel racontait l’histoire d’un professeur de musique et de sa femme, et commencait ainsi :
La premiere fois, ce fut a Calais, ou le bateau les avait deposes en debut de soiree, dans un petit hotel pas tres propre, situe en face d’un bassin de l’avant-port, et la derniere fois, soixante-deux ans plus tard, dans une bourgade du lac Majeur, au retour d’un voyage a Rome, et qui, du reste, lui fut fatal (a lui). Entre les deux, ils celebrerent quatre mille six cent vingt-trois congres (elle tenait le compte dans un petit carnet relie en basane; lui, a l’insu de sa femme, dans un petit carnet cartonne), qui presque tous furent des succes. Ils ne furent, du debut a la fin, jamais separes plus d’un jour. Leur vie fut un Mississippi, une Amazonie, un Himalaya de bonheur tranquille. Mais ne remplacez pas bonheur tranquille par ennui. Ce fut tout le contraire. Ils connurent, au fil des annees, bien des evenements dramatiques et bruyants. Ainsi, la premiere nuit deja, sous leur fenetre, un crime. Une rixe de marins avait mal tourne, et le matin on distinguait encore sur le trottoir les contours d’une grosse flaque de sang. Puis, six mois apres, chez eux, a St. Martin-upon-Soames, a cote de leur maison, le marchand de bestiaux, qui avait trop celebre les bonnes affaires qu’il avait faites a la foire, etait tombe dans un puits et…
Elle ne sut jamais si, dans son bled perdu au fond du Shropshire, ce malheureux avait reussi a grimper hors du puits, mais cela n’avait pas d’importance. Un mot l’intriguait, congres. Les dictionnaires qu’elle consulta ne disaient rien qui correspondit au sens qu’elle devinait vaguement. Et puis un autre mot, succes. En quoi un congres pouvait-il etre un succes ? Cela impliquait donc qu’il pouvait aussi etre un echec. Mais surtout, ce qui la plongeait dans un abime de reflexions, c’etait le chiffre : quatre mille six cent vingt-trois. Quatre mille six cent vingt-trois congres : etait-ce possible ? Etait-ce concevable ?
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