Auteur : Camille Laurens
Date de saisie : 00/00/0000
Genre : Romans et nouvelles – francais
Editeur : POL, Paris, France
Collection : Blanche
Prix : 19.90 / 130.54 F
ISBN : 978-2-84682-121-6
GENCOD : 9782846821216
L’Alinea (Martigues)Dialogues (Brest)Durance (Nantes)Maison du livre (Rodez)Mollat (Bordeaux)Ombres Blanches (Toulouse)Sauramps (Montpellier)Thuard (Le Mans)
- Le courrier des auteurs : 19/05/2007
… Je suis ravie d’etre sur le site Lechoixdeslibraires.com a l’occasion de la sortie de mon dernier roman : Ni toi ni moi, aux editions POL. Je suis particulierement heureuse parce que j’ai toujours aime les librairies, depuis l’enfance. Pour moi, la librairie, c’est un peu comme la bibliotheque, c’est un lieu ou il y a des livres, et la ou il y a des livres, je suis bien. Dans librairie, il y a le mot libre. Je crois que je suis bien, parce que les livres me rendent libre et que j’aime circuler librement parmi eux. Comme d’autres se rejouissent a l’avance d’aller au cinema ou d’aller faire une promenade, eh bien, moi, je me rejouis toujours a l’idee que l’apres-midi ou le lendemain, je vais aller dans une librairie et passer une demi-heure ou une heure. Cela est vrai depuis tres longtemps. Alors, depuis un certain nombre d’annees, c’est un peu different puisque, parfois, dans les librairies, il y a mes propres livres, et ca, c’est un petit peu plus angoissant. Mais je suis toujours a la fois tres heureuse et etonnee de l’accueil tres chaleureux qui m’est fait par les libraires. Je crois que les libraires sont des sortes de super lecteurs qui, souvent, connaissent tres tres bien beaucoup des livres qu’ils vendent, qu’ils proposent. Ils en parlent de maniere tres juste, des miens, comme des autres. Je me souviens, une fois, dans une librairie, d’avoir entendu deux personnes qui parlaient, que je n’avais pas identifiees comme etant le libraire et une cliente. Ces deux personnes parlaient. L’un disait : Mais la, on ne comprend pas bien pourquoi il a honte de son pere a ce moment-la. Et l’autre disait : Mais si, parce que la veille, son pere lui a dit telle chose. Je pensais qu’ils parlaient de relations communes, mais en fait, ils parlaient d’un livre. Je l’ai compris peu a peu. Ils parlaient d’un livre comme d’une realite. Et c’est une realite, la litterature. J’ai donc trouve ca tres emouvant d’entrer dans l’histoire d’un livre comme si c’etait la vie. D’une certaine maniere, les libraires sont des passeurs de vie, puisque ce sont des passeurs de litterature. Voila, j’ai donc une grande estime et une grande admiration pour les libraires et je les remercie.
(Propos recueillis par telephone)
- Le journal sonore des livres : Lu par Camille Laurens – 01/10/2006
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Camille Laurens – 30/09/2006
- Les presentations des editeurs : 30/08/2006
Il est realisateur, elle est romanciere. Ils savent ou croient savoir quelque chose des histoires qu’on se raconte et du cinema qu’on se fait. Et pourtant, comment enchainer ces deux phrases qui les lient, puis les delient, ces deux plans fixes : je t’aime – Je ne t’aime plus ? Qu’est-ce qui se passe entre deux ? Qu’est-ce qui passe – ne fait que passer ? Comment dire ce qui ne s’entend pas, comment montrer ce qui ne peut pas se voir ? C’est un roman d’amour ? Un roman de haine ? Peut-etre un roman policier : on enquete sur la disparition de l’amour.
- La revue de presse Patrick Grainville – Le Figaro du 12 octobre 2006
Ni toi ni moi : le titre separe ! C’est un miroir brise, un constat froid et fatal, un regret, un depit vengeur, un deuil, une lucidite… Le contraire de l’idylle partagee, chantee dans les fameux poemes du recueil Toi et moi de Paul Geraldy dont raffolaient nos grand-meres…
La construction du livre est eclatee, composee des multiples facettes d’un jeu de miroirs entre roman, cinema, theatre, sous l’embleme d’Adolphe de Benjamin Constant. Mais cela n’a rien de formellement gratuit et ne cree nul casse-tete. Car il faut justement multiplier les angles, creuser leurs clartes plongeantes pour approcher l’angle mort, cette porte primordiale et noire.
- La revue de presse Nathalie Crom – Telerama du 2 septembre 2006
Parce que tout amour porte en germe la promesse du desamour, parce que ce desamour est peut-etre tout simplement une des facettes de l’amour, son ultime declinaison, il n’est pas surprenant de croiser Camille Laurens sur ce terrain : apres avoir deploye le nuancier du sentiment amoureux avec Dans ces bras-la, tente d’en definir l’essence dans L’Amour, roman, l’heure est venue d’en decoudre avec sa defaillance. Voila mon projet, d’une facon ou d’une autre : enqueter sur la disparition de l’amour, previent-elle dans Ni toi ni moi.
Pour cela, elle se choisit une figure tutelaire : Adolphe, le personnage de Benjamin Constant, seducteur et fuyant, contre l’inconstance duquel vint se fracasser la tendre Ellenore… Construction romanesque subtile et savante, pleine d’ironie et de gravite, Ni toi ni moi fonctionne comme un jeu de miroirs…
- Les courts extraits de livres : 20/09/2006
La seule raison que j’aurais de faire ce film avec vous, si j’y reflechis bien comme vous m’y invitez, ne reside dans aucune de ces deux images. Leur description telle quelle ne m’interesse plus, elles ont presque epuise leur puissance d’emotion. Il y a meme en elles quelque chose qui me glace, qui me gele la langue. Oh ! Je ne doute pas qu’un acteur jouerait ca tres bien, qu’il ramenerait cette douleur poignante si particuliere au visage humain lorsqu’il s’impose et visse en nous a double tour l’existence d’autrui. Vous-meme, loin ou vous etes, vous avez surement des idees, vous ne m’en parlez pas, c’est trop tot, mais vous avez surement quelqu’un en tete, un beau visage qui prenne aussi bien l’ombre que la lumiere. Pourtant moi, vous savez ce que je voudrais ? C’est voir non pas ces images, mais le passage de l’une a l’autre, comment s’opere le passage, le saut de page, reperer le tournant, la sortie de route, voir comment ca tourne, ca tourne rond, ca tourne vinaigre, qu’est-ce qui se passe entre deux, qu’est-ce qui passe, comment ca se passe quand ca passe ? Vous trouvez normal, vous, que l’amour passe ? Qu’il ne fasse que passer ? Il est la, puis il n’y est plus : vous avez une explication ? Vous avez quelque chose a montrer au bord de l’image heureuse, sur le lisere du cadre, dans l’interstice, a la frontiere du hors-champ ? Parce qu’il ne suffit pas de constater – une vague ellipse, un fondu au noir, c’est trop facile. Je veux voir comment, mais je veux aussi savoir pourquoi. La cause des choses, le sens qu’elles ont et le sens qu’elles prennent, pourquoi ca bifurque, pourquoi ca derape, qu’est-ce que j’ai fait, pourquoi tu dis ca, qu’est-ce que je t’ai fait, pourquoi tu ne m’aimes plus ? Parfois les mots peuvent en rendre compte, l’absence, ca les connait. Mais les images ! Il n’y a rien a developper, vous comprenez, rien a deployer. Le cinema cherche des histoires d’amour qui se deroulent dans le temps, qui miment les experiences les plus courantes : la rencontre, l’euphorie, puis la deception ou l’usure, la trahison, jusqu’a la rupture. Mais la il n’y a rien de tout ca : pas de mouvement decelable, pas de cinema, si vous preferez. Cela ferait un film contre nature, un film petrifie.