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Notre vie s’use en transfigurations

Auteur : Gwenaelle Aubry

Date de saisie : 05/01/2007

Genre : Essais litteraires

Editeur : Actes Sud, Arles, France

Collection : Un endroit ou aller

Prix : 19.00 €

GENCOD : 9782742765447

Sorti le : 05/01/2007

  • Le journal sonore des livres : Emmanuelle Cousin – 23/01/2007

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Emmanuelle Cousin – 23/01/2007

  • Les presentations des editeurs : 13/01/2007

“Je raconterai plus tard quand et comment j’ai fait l’apprentissage de la violence, decouvert ma laideur”, ecrivait Sartre dans Les mots.

Cette histoire, on ne la lit nulle part. La litterature a engendre des monstres sublimes et des bouffons difformes, des Caliban, des Thersite et des Quasimodo, mais la laideur banale, celle sur laquelle les regards glissent et les promesses se brisent, elle s’en est peu souciee. Elle l’a abandonnee aux contes, dont les vilains petits canards, les miroirs flatteurs et les peaux d’ane ont berce nos reves et nos terreurs enfantines, et ou s’abreuve encore, bien apres, nos visages devenus des masques qu’on ne peut plus oter, notre desir secret de metamorphose.

Gwenaelle Aubry est nee en 1971. Ancienne eleve de l’Ecole Normale Superieure et du Trinity College de Cambridge, agregee et docteur en philosophie, elle est chercheur au CNRS et enseignante a la Sorbonne. Elle est l’auteur d’essais, de traductions du grec ancien, d’une adaptation radiophonique de La mort de Virgile et de trois romans : Le diable detacheur (Actes Sud, 1999), L’Isolee (Stock, 2002) et L’Isolement (Stock, 2003). Elle a ecrit Notre vie s’use en transfigurations lors d’un sejour comme pensionnaire a la Villa Medicis.

  • La revue de presse Catherine David – Le Nouvel Observateur du 26 avril 2007

Que nous soyons beaux ou laids, conformes ou non conformes, nous sommes tous conditionnes, opprimes, rendus stupides par cette dictature du regard. Une difference minuscule, un nez pointu ou trop long, et la face du monde en est changee. C’est une discrimination diablement efficace, qui dans notre univers narcissique transcende et aggrave toutes les autres. Cela donne un court recit plein de subtiles notations et traverse d’une etrange fureur, qui se termine bien loin des reflets et des masques, dans la salle de travail ou va naitre une petite fille, la ou la beaute n’a plus que le visage exquis de l’amour.

  • Les courts extraits de livres : 14/01/2007

JE suis nee sans crier et les yeux grands ouverts. Un petit tas glaireux aux reflets violaces, poings serres, corps arque, le crane deforme, les narines dilatees par la dechirure de l’air. J’ai ete recue dans une lumiere crue. La table metallique, les pinces et les etriers la renvoyaient en eclats d’acier. Autour de moi des formes aux contours indecis, revetues de vert pale, executaient des gestes lents et precis. Elles oscillaient sans bruit, longues algues, au rythme des machines qui inscrivaient en lignes tremblantes sur du papier millimetre les contractions de ma mere et les battements de mon coeur : pics refletes en ravins, montagnes effondrees, le calque de nos vies dedoublees. J’ai senti contre mon ventre le froid d’une lame, bref eclair, des serres de caoutchouc m’ont saisie et deposee sur cette chair dont la tiedeur, les bruissements avaient loge la mienne et qui devenue peau, retournee comme un gant, ne m’etait plus qu’a demi familiere. J’ai senti son odeur, et celle du lait qui commencait a la gonfler. Puis on m’a emportee.
On m’a mesuree palpee auscultee et pesee, tout allait bien, doigts et orteils en nombre et distincts, quelques kilos et un demi-metre a annoncer au monde avec le prenom de reine ancienne qui ceignait mon poignet, mes yeux clignaient a la lumiere electrique, je criais, cette fois, pleurais, peut-etre, a pleins poumons : vivante et viable, le reste on s’en moquait.
Sur le berceau transparent ou je reposais, des visages innombrables, heure apres heure, se penchaient. La porte s’ouvrait et ils entraient, les visiteurs, dans la chambre noyee de vide et de blancheur, certains apportant avec eux le fracas du dehors, les bras charges de peluches multicolores, impatients, excites, d’autres hesitants, frappes de timidite comme au seuil d’un musee, un instant englues, malgre l’air, malgre la lumiere, dans le long ressac de la gestation, puis ils se reprenaient, respiraient un bon coup, un baiser a ma mere, et ils fondaient sur moi. Je gisais la, surgie, exposee.

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