Auteur : Francois Mauriac
Date de saisie : 28/09/2006
Genre : Biographies, memoires, correspondances…
Editeur : 10-18, Paris, France
Collection : 10-18. Domaine francais, n 3946
Prix : 7.80 / 51.16 F
ISBN : 978-2-264-04326-9
GENCOD : 9782264043269
- Les presentations des editeurs : 16/09/2008
Le second volet des Memoires de Francois Mauriac marque la poursuite et l’aboutissement de son projet autobiographique : il y revient sur ses convictions religieuses, laisse resurgir des souvenirs de jeunesse, affirme sa foi dans l’homme et, plus que tout, exprime son amour de la litterature. Dans ce texte d’une grande finesse, sa vie interieure et ses lectures s’entrelacent jusqu’a se confondre, pour accomplir, dans une prose brillante, la difficile tache de se raconter.
Mauriac n’a rien ecrit de plus depouille que cette libre meditation, apres un retour aux sources de l’enfance, sur Dieu, la vieillesse et la mort. Meditation a travers laquelle la musique du style mauriacien deploie plus que jamais ses prestiges. Henri Hell, Le Nouvel Observateur
Francois Mauriac (1885-1970) est ne a Bordeaux dans une famille de la haute bourgeoisie chretienne dont il fait la description dans la plupart de ses livres. Il publie son premier ouvrage, un recueil de poeme intitule Les mains jointes, en 1909, mais c’est avec Le Baiser au lepreux (1922) et Therese Desqueyroux (1927) qu’il acquiert une veritable notoriete. Il est l’auteur d’une oeuvre immense, parmi laquelle on retrouve des romans comme Le Noeud de viperes, Le Sagouin, mais egalement des pieces de theatre, et une biographie du General de Gaulle.
Francois Mauriac a ete elu a l’Academie francaise en 1933 et a recu le Prix Nobel de litterature en 1952.
- Les courts extraits de livres : 16/09/2008
J’ai commence a le pressentir lorsque le premier octobre, je faisais mes derniers tours de parc, les narines gonflees, l’oreille dressee, le pas suspendu – faon qui entend craquer une branche. Le Roi des Aulnes de ma legende a moi ne tue pas le petit d’homme ; il l’initie, sans hate, prenant son temps, d’automne en automne, a un secret inscrit partout, certes, mais indechiffrable pour l’enfant qui se croit eternel. Arrete au milieu de l’allee, les yeux clos pour mieux sentir ce souffle sur ma ligure, c’etait un philtre que je buvais a mon insu.
Qui sont ces aveugles, capables d’amputer les vacances de ces jours d’une sombre initiation ? Ils me diront : Tous les enfants ne sont pas des poetes. Vos raisons ne valent que pour de petits reveurs dont l’espece est en voie de disparition, en cet age du moteur. Ils se trompent : tous les enfants sont des poetes ; meme les moins enclins au songe, chez nous, preferaient a tous les moments de l’annee ceux de la chasse aux alouettes dans les champs de seigle moissonnes. Les palombes ne passaient pas encore, mais deja les ramiers qui arrivaient les premiers, en avant-garde. Il etait certes cruel de rentrer le 3 octobre. Du moins avions-nous eu l’avant-gout de la saison a laquelle nous etions le mieux accordes. Nous rentrions a la ville, et derriere nous la campagne se refermait sur son mystere. Il me semblait que les paysans assisteraient en mon absence a je ne savais quel sommeil magique du monde, a cette sourde preparation du reveil de la belle au bois dormant que le printemps etait pour moi.
Quand je reviendrais a Paques, ce serait l’heure de cette palingenesie (je ne connaissais pas ce mot, mais qu’il m’aurait plu si je l’avais connu ! J’aurais repete : palingenesie, palingenesie, comme j’aurais suce un bonbon. Ainsi faisais-je des mots que je decouvrais.) Dans la lande, la mort seule serait encore visible, sauf au bord du ruisseau sous ses aulnes verdissants. Les chenes demeureraient charges de leurs plus vieilles feuilles. Les cadavres des fougeres n’auraient meme pas commence de pourrir.