Nul ne sait qui nous sommes

Marie Nicolle – 12/03/2007

Stephane Roy est-il en train de vivre ses derniers instants ? Lorsque nous penetrons dans sa memoire, nous sommes propulses dans l’impensable quete qui l’a lie pour toujours a la tres secrete Adelie Cartwright.
Tout a commence lorsque Stephane est arrive a Paris, porteur d’enveloppes pleines de billets, confiees par l’oncle d’Adelie, Julien Abesteguy, tue a ses cotes dans un accident… Mais quels rapports unissaient vraiment les deux hommes ? Julien a mis en place un emboitement ineluctable d’indices pour mener les jeunes gens vers un heritage inconnu, convoite par un dangereux cartel. Que doit leur reveler Ganesh, le dieu a tete d’elephant ? Pourquoi ce voilier de luxe en partance vers une ile turque ? Que dissimulent les ecrits du plus grand voyageur du siecle de Louis XIV ?
Ligne apres ligne, nous disposons de tous les elements pour elucider le mystere. Et a l’instant ou tout semble se resoudre, nous perdons l’equilibre ! Tout ce que nous avons lu n’etait-il que faux-semblants, jeux de miroirs, chateaux de sable ? Qui sont en verite Adelie et Stephane ? Nul ne le saura avant le dernier chapitre de ce roman a l’ecriture intense. Parions que ni les heros… ni les lecteurs n’en sortiront indemnes !

Complices depuis trente ans, ces deux hommes de radio, de television et d’edition se retrouvent pour ce premier roman aux Editions Albin Michel. Une histoire ou la realite n’est jamais celle que l’on imagine, inspiree par Pierre Bellemare et ecrite par Gregory Frank.

Sequence 2

Apres encore, c’est le gros plan sur le visage inquiet de cette jeune femme, les gouttelettes de sueur entre son nez et sa levre, et ses cheveux qui cascadent lorsqu’elle se penche sur moi.
Elle percoit mon sursaut douloureux lorsque j’emerge. Et elle trouve cette idee, incroyable de tendresse : souffler doucement, parcourir ma figure d’un souffle lisse.
Elle demande :
– Vous etes de retour ? J’articule :
– Parti longtemps ?
– Un petit plongeon… Mais qu’est-ce que j’ai eu peur ! Apparemment, les mechants ont fichu le camp. Je bouge le menton vers ma poitrine.
– C’est profond ?
– Non.
Je redresse la tete. Assez pour voir mon T-shirt plein de sang et les mains de la fille aussi, rouges jusqu’au poignet. De ses paumes reunies, elle presse ma blessure.
Plus tard, un oeil medical determinera que, donne par le travers, plus bas que la gorge, plus haut que le coeur, ce n’etait pas un coup destine a tuer. Tout au plus a stopper mon elan. A impressionner, surtout. Le type etait un professionnel, heureusement, pas un vulgaire petit voyou qui s’affole.
Pour l’heure, couche sur le plancher, un plafond a moulures inconnu pour horizon et, tout pres, cette jeune femme ravissante mais tachee de mon sang, je peux me permettre de jouer le gars effraye.
– Si, c’est profond ! Ne me mentez pas !
Elle ne se moque meme pas. Juste un mouvement tres lent des paupieres, puis ses yeux droit dans les miens. Verts, ses yeux. Oh, oui, verts !