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Parc sauvage

Auteur : Jacques Roubaud

Date de saisie : 29/05/2008

Genre : Romans et nouvelles – francais

Editeur : Seuil, Paris, France

Collection : Fiction et Cie

Prix : 14.00 / 91.83 F

ISBN : 978-2-02-091249-5

GENCOD : 9782020912495

Sorti le : 03/01/2008

  • La voix des auteurs : Jacques Roubaud – 17/09/2008

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Jacques Roubaud – 29/05/2008

  • Les presentations des editeurs : 17/09/2008

Septembre 42. Deux enfants dune dizaine d’annees, Dora et Jacques (c’est son nouveau prenom, il ne faut pas qu’il l’oublie), arrivent dans une grande propriete des Corbieres. Dora est venue avec Vlad, son oncle, qui ne peut plus jouer en ce moment. Sa mere est restee a Toulouse. Les parents de Jacques-maintenant sont il ne sait ou, loin. La maison est vaste. Il y a des poules, des canards, des vignes, les jumeaux, qui se ressemblent tellement qu’ils ne savent peut-etre meme pas eux-memes qui est Joan et qui est Jean. Il y a Teresa, leur mere, qui parle catalan, venue avec Jim, qui parle anglais; et Camillou, leur grand-pere, que Dora aime des qu’elle le voit. Sainte-Lucie lui appartient et il les recoit, en attendant. En attendant qu’on vienne les chercher pour les emmener dans la montagne, vers l’Espagne.
Les enfants jouent, explorent. Ils decouvrent le Parc Sauvage. Au fond du parc, le Vieux Bassin abandonne, sans eau, ses figuiers, ses lezards. Et la…

  • La revue de presse Patrick Kechichian – Le Monde du 25 janvier 2008

Les deux livres que publie en meme temps Jacques Roubaud portent la mention “recit”. Si Imperatif categorique se rattache explicitement au projet autobiographique que l’ecrivain avait inaugure en 1989 avec Le Grand Incendie de Londres, Parc sauvage s’en detache, comme une branche autonome : pas d’appareillage formel visible, pas d'”incises” ou de “bifurcations” mais de sages et courts chapitres, deux parties inegales, une narration d’un seul tenant, ou presque…
Tout semble suspendu, et d’abord le temps. Roubaud parla d’ailleurs un jour de la “topologie du temps” ; un autre, il estima qu’il ne fallait pas calculer ce temps en minutes ou en heures mais en “unites de contemplation”. De cette suspension de quelques jours ou semaines, l’auteur fait ressentir admirablement le poids de bonheur et d’angoisse…
Les livres de Jacques Roubaud s’offrent souvent au depliement infini de leur projet. Le lecteur tente de suivre l’auteur dans quelques-uns des meandres qui le constituent. Parfois il y parvient, ou le croit, d’autres fois non. Il lui arrive de se lasser et de desirer s’eloigner. Avec Parc sauvage, l’offre est differente. Pas moins exigeante, mais autrement. Et le rapprochement s’accomplit, sans mediation.

  • Les courts extraits de livres : 17/09/2008

Elle ouvrit les yeux. La clarte qui emplissait la piece n’etait pas celle du jour. Pas celle de l’ampoule nue au plafond. Personne n’avait allume la lampe du bureau. La lumiere venait de la fenetre, a droite. La grande fenetre sans volets, sans rideaux, dont les vitres n’etaient pas couvertes de peinture bleue, comme a la maison, a Toulouse. La fenetre en face d’elle etait noire. Noire de nuit et d’arbres. La tete sur l’oreiller, elle refaisait connaissance, dans la clarte douce, avec cette piece inconnue ou on l’avait mise a dormir sur le cosy. Cosy ne designait pas le capuchon d’etoffe dont sa mere couvrait la theiere mais un divan, engonce dans une encoignure meublee. Le meuble, de bois verni comme celui du bureau, bordait rectangulairement le divan sur deux cotes. Ses compartiments, suspendus a hauteur convenable, avaient des portes rabattantes vers l’exterieur. Ils ne contenaient guere de secrets, mais surtout des pelotes de laine et autres instruments de tricot. L’oreiller s’enfoncait un peu sous le meuble et a sa gauche.
Dans le creux entre le divan et le mur, elle avait glisse un livre de contes. Elle en avait lu plusieurs avant de s’endormir, maintenue longtemps eveillee par l’agitation du voyage : La chute de la maison Usher, Le puits et le pendule… Elle avait ferme les yeux apres Une descente dans le Maelstrom, la tete envahie de la vision d’un gouffre tourbillonnaire blanc et noir, comme un lavoir gigantesque, comme un puits infini, comme un escalier. Lecture effrayante, d’un effroi delicieux.
Sautant du lit, elle alla, pieds nus, contournant le bureau, jusqu’a la fenetre eclairee. Quand Vlad avait fait sa valise, il avait oublie d’y mettre sa chemise de nuit. On lui en avait prete une, celle de la petite Jacqueline, qui avait bien trois ans de moins qu’elle. Elle etait blanche, assez rugueuse, trop courte, et la serrait un peu a la taille. La fenetre donnait sur une verriere et, au-dela, sur la partie cultivee du jardin : potager, fleurs et arbres fruitiers, un quadrillage de treilles enroulees de vigne, avec des muscats noirs et blancs. Il ne restait sur les treilles que des grappillons, en ce debut de septembre. Le jardin etait tout illumine d’une lune pleine, extremement ronde, basse. Au-dela du mur il y avait d’autres villas, avec des jardins descendant vers la riviere. Elle ne voyait pas jusque-la mais elle savait qu’il y avait la riviere, tout en bas. Elle etait deja venue dans cette maison, mais n’avait jamais dormi dans cette piece. La lune etait basse dans le ciel. Elle depassait a peine le mur du fond du jardin. Son disque commencait a etre entame par la plantation de tessons de bouteilles dont les proprietaires de la villa voisine protegeaient leur territoire.
Au moment de se recoucher, elle eut envie de faire pipi. La porte etait a gauche du cosy. Elle sortit sur le palier, hesita un instant. Elle se rappela que pour atteindre les cabinets il fallait aller, a droite, sur le balcon. Le balcon se dirigeait vers la gauche, vers la salle de bains, une excroissance, une piece rapportee collee a la maison a la hauteur de son premier etage, et supportee par le couloir d’entree dans le jardin. A son extremite on descendait par deux marches dans la salle de bains, curieuse addition suspendue au batiment principal. La baignoire etait directement au pied des marches, le sol couvert d’un linoleum crevasse. Il y avait un lavabo et un miroir sur le mur d’en face, une fenetre a droite, directement au-dessus de la terrasse.
Au fond de la salle de bains, a droite, dans une avancee architecturale encore plus audacieuse, etaient les cabinets, qui enfermaient des tresors de lecture.