Auteur : Francois Dormont
Date de saisie : 00/00/0000
Genre : Recits de Voyages
Editeur : Ragage, Neuilly-sur-Seine, France
Prix : 15.90 €
ISBN : 978-2-915460-32-2
GENCOD : 9782915460322
- Les presentations des editeurs : 27/09/2006
J’avais recours essentiellement a trois types de sources.
D’abord les diplomates de l’Ambassade et quelques-uns de leurs amis surs, residents francais, qui sachant ou flairant mes activites occultes, pouvaient discretement et au moment opportun, me remettre une information brute, parfois interessante. A moi de la verifier et d’en tirer parti rapidement. D’ou l’utilite d’entretenir un certain nombre de ces contacts, puisqu’ils pouvaient etre productifs.
Ensuite les HC, Honorables Correspondants, c’est-a-dire des Francais ayant accepte sciemment, en connaissance de cause, de servir leur pays, benevolement. Choisis en raison de la position qu’ils occupent et en fonction de leur pedigree, nous leur demandons d’etre vigilants a notre profit, attentifs a ce qui se passe dans leur entourage et a nous rapporter, dans des domaines precis qui nous interessent, le fruit de leurs observations. Parfois aussi a nous rendre un service d’appui local.
Enfin les espions proprement dits, que nous appelons des agents, c’est-a-dire des personnes, hommes et femmes, amenes, d’une facon ou d’une autre, a travailler pour nous contre remuneration. Ce sont generalement des gens implantes localement, que nous avons recrutes parce qu’ils sont en mesure de couvrir l’objectif que nous voulons surveiller. Ils obeissent a des motivations variees, parfois tres nobles, parfois tres viles, comme l’idealisme, la vengeance ou tout simplement l’appat du gain. Ce sont souvent des instables, des transplantes, des etres qui ont des comptes a regler avec la societe. Istanbul, vaste carrefour du Moyen-Orient, fourmille veritablement de ce genre d’individus.
En plus d’un formidable recit de voyages, avec des escales a travers le monde entier, Francois Dormont entrouvre quelques portes de la defense nationale.
Car il ne s’agit pas d’une vie ordinaire mais d’un parcours professionnel spectaculaire. D’abord marin, Francois Dormont nous raconte sa formation dans l’une des plus grandes ecoles militaires, sa participation aux commandos durant la guerre d’Algerie, jusqu’a son poste de diplomate au Moyen-Orient, rattache aux services secrets.
Un ouvrage depaysant ou un temoin de la politique mondiale des cinquante dernieres annees nous livre ses impressions sur le XXe siecle.
- Les courts extraits de livres : 27/09/2006
En 1938, j’avais donc 8 ans, nous fimes, mes tantes et moi, un grand voyage, mon premier grand voyage. Nous avions un cousin qui demeurait a Riom dans le Puy de Dome, avec lequel elles entretenaient de bonnes relations ecrites mais quelles ne rencontraient pas souvent. Etait-ce un premier effet des conges payes, etaient-ce les bruits de bottes qui se multipliaient et qui assombrissaient l’avenir ? Toujours est-il qu’il fut decide de se retrouver et c’etait nous, ceux de Bourgogne, qui devions aller en Auvergne.
A vol d’oiseau moins de 200 km, mais par le chemin de fer, en plein centre de la France, il fallait compter une petite journee de train, avec deux correspondances. Ce fut pour moi un regal, un merveilleux depaysement. Plus besoin d’imaginer des decors de toutes sortes, lorsque nous voyageons c’est le decor qui defile autour de nous, qui se transforme au hasard d’une colline, d’un bois, d’une riviere, d’un village. J’ai compris ce jour-la qu’il etait bien plus agreable et plus amusant de voyager que de rester au meme endroit. C’est peut-etre cette decouverte simple qui m’a fait aspirer tres jeune a une vie d’itinerant ?
Nous fumes, bien sur, accueillis avec chaleur chez nos cousins et pendant quelques jours nous visitames l’Auvergne et ses volcans eteints.
Malheureusement en ce mois de septembre il se produisit une premiere alerte a la guerre. Un soir, Marcel, qui etait Capitaine dans l’Infanterie de Marine dina sans quitter son uniforme. Le lendemain matin, j’appris qu’il etait reparti dans la nuit, que la France rappelait des reservistes et que devant cette situation il etait preferable de regagner rapidement Avallon.
La joie de l’aller avait fait place a une sorte d’oppression lourde, palpable, tangible. Les gares traversees au retour appliquaient deja les consignes de discretion, notamment les lampes etaient eteintes ou peintes en bleu, ce qui changeait completement l’aspect et l’ambiance. Je ne savais pas tres bien ce que serait cette guerre dont tout le monde parlait, je n’y comprenais pas grand-chose, mais je devinais en voyant la tristesse generale qui s’installait partout et brutalement, que ca n’allait pas etre gai.