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Pathologies

Auteur : Zakhar Prilepine

Traducteur : Joelle Dublanchet

Date de saisie : 20/09/2007

Genre : Romans et nouvelles – etranger

Editeur : Ed. des Syrtes, Paris, France

Collection : Litterature etrangere

Prix : 22.00 / 144.31 F

ISBN : 978-2-84545-135-3

GENCOD : 9782845451353

Sorti le : 20/09/2007

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  • Les presentations des editeurs : 01/09/2007

Un detachement militaire russe est envoye en Tchetchenie : le Spetsnaz, les hommes les plus experimentes et les plus redoutables ; parmi eux, Egor Tachevski. Les combattants russes s’installent dans une ecole abandonnee pres de Groznyi : tout un symbole pour ces jeunes dont l’age ne depasse pas la trentaine. Les conscrits de vingt ans, les officiers rodes, tous gerent a leur facon la peur, l’ennui et la mort. Tous sont, un jour, mis devant l’obligation de tirer, de tuer. Commencent les operations de nettoyage : devant des Tchetchenes tues et la mort des siens, Egor Tachevski, chef du groupe, a peur. Plus qu’une peur primaire de la mort, c’est une folie, une pathologie qui tourne a l’obsession.
Cette pathologie a une soeur rivale, la Jalousie. Dans le monde civil, les relations d’Egor avec Dacha, jeune femme sensuelle et peu ordinaire, ne sont plus que ruines. Le jour ou Dacha confie a Egor avoir eu vingt-six amants avant lui, sa tete explose. Abandonne a la naissance par sa mere, orphelin de son pere a six ans, il pensait avoir trouve en Dacha un refuge, un point de depart et un point de retour.
Le narrateur essaie de se guerir de ces deux pathologies en se plongeant dans l’enfance, certes douloureuse, mais pleine d’espoir.

Zakhar Prilepine construit son roman autour des trois axes nevralgiques de la vie du narrateur : l’amour, la guerre, l’enfance. Avec une aisance narrative sans faille, il tisse son recit de facon a laisser place a l’imagination du lecteur sans lui accorder le temps de reprendre son souffle. Malade de sa Russie malade, Prilepine nous la decrit en proie a ses demons : un pays mis a genoux par les fautes de ses dirigeants. Sans prendre position, il narre la souffrance de tout un peuple, constitue d’ethnies qui ont du mal a vivre ensemble.

Zakhar Prilepine, 34 ans, est redacteur en chef d’une edition regionale de Novaia Gazeta, te journal d’Anna Politkovskaia. Il a participe aux deux guerres tchetchenes (en 1996 et 1999). Pathologies, finaliste du prix russe Natsionalnyi et best-seller en 2005, est son premier roman. Son deuxieme roman, Sanka a ete finaliste du Booker Prize russe en 2006 et elu meilleur livre etranger en Chine la meme annee. Le Peche, sera publie en aout 2007. Il confirme Zakhar Prilepine comme un des auteurs les plus prometteurs de sa generation litteraire. Figure emblematique d’une jeunesse engagee, Zakhar Prilepine participe regulierement aux actions civiques contre le pouvoir en place.

  • La revue de presse Andre Clavel – Lire, novembre 2007

C’est d’abord sur Internet que les lecteurs russes ont decouvert ce roman terrible ou la guerre – sous toutes ses formes – semble etre la metaphore de notre condition…
En alternant les sequences, Prilepine met en scene la double derive d’un damne, la double defaite d’un etre broye par l’Histoire et par ses propres passions – comme un personnage de Dostoievski qui debarquerait dans une Russie transformee en une gigantesque poudriere.

  • Les courts extraits de livres : 01/09/2007

Lorsque je traverse le pont, je suis souvent assailli par la meme vision.

… Sviatoi Spass occupe les deux rives du fleuve. Notre maison est situee sur l’une d’entre elles. Tous les samedis, nous allons de l’autre cote flaner sur le marche aux livres qui se trouve dans le parc, a proximite du quai.
Les eventaires sont tenus par des retraites a l’air maussade. Ils vendent a bas prix des ouvrages classiques d’aspect austere et, beaucoup plus cher, une litterature avec d’horribles couvertures, tout juste bonne a mettre a la poubelle.
D’un doigt de la main gauche, j’ouvre les livres poses sur l’eventaire. Ma main droite tient celle de mon fils adoptif, un adorable petit bonhomme de trois ans, qui porte une casquette rouge et des chaussures de foot avec de longs et epais lacets blancs. Il connait plusieurs mots importants, sait battre des paupieres pour marquer son etonnement et possede une gamme etendue de mimiques pleines de candeur. Nous sommes enchantes l’un de l’autre, bien qu’il n’en montre jamais rien. Nous nous connaissons depuis un an et demi, et il croit que je suis son pere.
Assis sur le quai, nous mangeons une glace en regardant l’eau couler.
– Quand est-ce qu’elle va finir de couler ? demande l’enfant.
Quand elle aura fini de couler, nous serons morts, me vient-il a l’esprit, et comme je ne crains pas encore de l’effrayer, j’exprime ma pensee a voix haute. Il prend cela pour une reponse.
– Et c’est bientot ? demande-t-il, visiblement interesse par le temps que mettra la riviere a disparaitre.
– Mais non, ce n’est pas pour bientot, dis-je sans trop savoir si je parle de la mort ou de la disparition de la riviere.
Nous finissons notre glace. Il ouvre la bouche pour atteindre dans le fond du petit pot en gaufre les derniers morceaux de glace delicieusement ramollis. C’est moi qui termine la gaufre, toute grignotee et couverte de gouttes cremeuses.
– C’est bon, commente le gamin.
J’essuie avec un mouchoir ses menottes, ses joues collantes et les traces noires qu’il a, je ne sais pourquoi, sur le visage. Puis je me leve pour partir.
– On peut attendre encore un peu ? propose-t-il alors.
– Pour quoi faire ?
– On attend qu’elle coule plus.
– Si tu veux.
Il regarde l’eau intensement. Elle coule toujours.