Auteur : Catherine Ecole-Boivin
Preface : Didier Decoin
Date de saisie : 15/12/2007
Genre : Biographies, memoires, correspondances…
Editeur : Ouest-France, Rennes, France
Collection : Ecrits. Societe
Prix : 22.00 / 144.31 F
ISBN : 978-2-7373-4443-5
GENCOD : 9782737344435
Sorti le : 13/11/2007
- Les presentations des editeurs : 16/12/2007
Catherine Ecole-Boivin, nee en 1966, originaire de la Hague, habite Nantes. Historienne de formation, elle est egalement ecrivain. Apres le succes de ses livres, dont Jeanne de Jobourg, La Petite Misere et L’Enfant Loup de Blanche, Paul Bedel, heros du film Paul dans sa vie, l’a autorisee a ecrire ses memoires. Elle nous presente donc Paul, dans les pas du pere, un poeme a la terre et aux elements naturels, un hommage a une vie simple, paisible, faite de grandes joies et de petites resistances face au progres d’un agriculteur normand. Gagne-petit des campagnes mais grand homme sage, Paul verdit la campagne haguaise de sa bonne humeur et de son bon sens, Paul defriche l’horizon et cultive sans le savoir la bonte dans le coeur des hommes, il la seme et regarde patiemment la graine germer.
- Les courts extraits de livres : 16/12/2007
Extrait de l’avant-propos :
L’inquietant voyage commence a certains instants, ou dans le miroir de l’autre jadis aime, soudain meconnu ou pire devenu ennemi, on n’observe plus qu’un pale reflet de nous-meme. Nous sommes faits de rencontres, de bonheurs, de mensonges, de dangers, de destins et de tragedies. Au creux de nos mains, on regarde notre ligne d’amour fauchee, ecretee en pleine ascension, maintes fois reajustee, maintes fois reprise. La paume s’affine puis s’evide, pourtant, malgre les coups et les coupes sombres, ce sillon s’adapte, il continue sa route et rejoint sa destinee. Pour respirer, on leve les yeux sur une silhouette, on la regarde, on l’espere sans qu’elle nous remarque, les choses profondes sont toujours cachees. Les choses de la vie et de l’amour sommeillent en nous, lointains cheminements certes, mais dont leurs ombres affleurent nos reves. Notre grand chemin, nous le parcourons presque toujours sans enlever les cailloux de nos chaussures, gravillons de temps, graviers d’abandons. Nous tatonnons en cherchant dans l’artifice du materiel notre puissance. Nous achetons a brouette en oubliant de recolter le sourire de l’amour. Il suffit d’une rencontre, d’une conversation avec un homme comme Paul Bedel pour esperer changer le cours de notre raisonnement.
A la maniere des plus grands livres, des plus grands films, Paul ecrit sans le savoir, en accueillant chez lui ses admirateurs (3 000 tasses de cafe offertes a l’ete 2007), notre plus beau roman, notre meilleur avenir, notre plus belle aventure. Lorsque quelqu’un trappe chez lui et ses soeurs, il prend son cahier d’ecolier, son livre d’or, s’avance en riant vers son armoire normande cachetee d’ou il ressort deux boites de bonbons rondes et longues. L’une contient des gommes aux fruits pour les vieux qui ont des dentiers comme lui, pour qu’ils ne se petent pas les dents, et l’autre des bonbons durs acidules pour les plus jeunes ; il les glisse sous ses bras. Avec ravissement il avance vers ces inconnus, ils inscriront leurs noms et leurs adresses, une empreinte de leur passage sur ses pages, il fournit meme le crayon. Certains inconnus deposent dans cette charmante maison leurs soucis et leurs questionnements et repartent le plus souvent avec des reponses : comment eviter la pluie, se mettre a l’abri, sans trop se mouiller ? Paul, naturel et spontane, se garde un petit endroit ou le mystere se pelote et protege ses choix de vie. Il sait mais ne sait pas qu’il sait, il tient sous sa casquette des secrets qu’il devoile et distille sans toujours s’en rendre compte. Le visage offert aux ondees de grele, ces anonymes etrangers viennent apprendre a se glisser entre les gouttes ou les grelons. Ce petit paysan sait ce qu’il ne sait pas, en fait il est grand et, contrairement a nous, il ne craint pas la pluie. Le temps pour lui n’est jamais perdu, eviter les averses semble peine perdue ; trouver un sens a notre existence, oser tendre le visage vers l’eau du ciel, seduire notre propre vie apparait a l’ecouter plus raisonnable.
J’ai rencontre Paul, il m’a autorisee a raconter sa vie et sa philosophie, depuis, quelque chose en moi a change, il m’a transmis son humanite et sa bonte, sa force, sa resistance. Paul a remuscle ma foi en Dieu, et dans la resonance de ses mots j’ai de nouveau appris, car je l’avais oublie, qu’une simple fleur peut me sauver la vie. Je fais maintenant partie des passionnes de ce bienheureux dans sa cathedrale de verdure, en ecoutant ses confidences parfois tres intimes, j’ai moi aussi, comme ses visiteurs d’un instant, recu mes reponses. Je suis entree chez Paul en invitee et j’ai recu en cadeau un sentiment de Dieu tres fort, comme lorsque vous ne croyez plus en l’amour ou a la vie, comme lorsque vous priez, priez et que soudain, sous un ciel fane, un carreau de bleu s’ouvre de nouveau. A l’ecouter, j’ai frissonne d’hebetude, ses paroles et son raisonnement sont evidents et liquides, lisses comme une feuille de papier veloute. Paul vit de fer et de bois, d’herbe et d’eau, Paul est harmonie, son sourire m’enchante, son humour si plein d’esprit me surprend a chaque fois que nous avons une conversation. Paul est bienheureux, ni saint, ni pretre, ni moine, non, simplement heureux d’etre bien. Bientot, je poserai mon stylo et remettrai a mon editeur son manuscrit, son heritage, son temoignage, et je regarderai de nouveau avec confiance la paume de mes mains, ma ligne de vie, ma ligne d’amour.