Auteur : Stephane Mahieu
Date de saisie : 04/04/2008
Genre : Essais litteraires
Editeur : Ginkgo, Boulogne-Billancourt, France
Collection : Biloba
Prix : 15.00 / 98.39 F
ISBN : 978-2-84679-059-8
GENCOD : 9782846790598
Sorti le : 20/03/2008
- Les presentations des editeurs : 05/04/2008
Ecrivains, n’ayez plus peur de mourir ! Nos meilleurs mediums sauront vous tirer les vers du nez (pour les poetes] ou vous aider a achever un roman brutalement interrompu par la mort.
La production litteraire des tables tournantes, abondante dans la seconde moitie du XIXe siecle (l’age d’or du spiritisme) et la premiere du XXe, est totalement passee inapercue des specialistes de la litterature. Cette injustice est aujourd’hui reparee grace a ce manuel qui seduira l’enseignant a court de sujets de dissertation, et l’etudiant en mal de citations inedites.
Qu’on en juge : Voltaire renie de sa tombe les combats menes durant sa vie ! Victor Hugo fait virevolter les gueridons en expert : Eschyle, Anacreon, Socrate, ou encore Shakespeare sont convies par le maitre en exil pour y ecrire des oeuvres… typiquement hugoliennes !
De Musset, ces quelques vers – Me voici revenu. Pourtant j’avais, Madame/Jure sur mes grands dieux de ne jamais rimer. C’est un triste metier que de faire imprimer/Les oeuvres d’un auteur reduit a l’etat d’ame – ecrits en 1865, soit huit ans apres la mort du poete, temoignent de son sens aigu de la situation. Oscar Wilde, lui, semble regretter sa vie terrestre : La mort est la plus ennuyeuse experience de la vie, si ion excepte le mariage et les diners avec un maitre d’ecole. Quant a Mark Twain, il profite de ses loisirs eternels pour ecrire un nouveau roman, Jap Herron, qu’il dictera a la medium Lola V. Hays.
- Les courts extraits de livres : 05/04/2008
Les travaux forces du spiritisme
Shakespeare et Musset condamnes a versifier jusqu’a la fin des temps, Dickens a achever un roman laisse en plan, Voltaire a tenir des propos dignes d’une grenouille de benitier et Oscar Wilde a lire tout ce qui se publie vingt annees apres sa mort : si la theorie spirite se verifiait un jour, il n’y aurait pas d’illustration plus flagrante de la malediction d’ecrire. La vie d’ectoplasme n’est pas une sinecure !
Avez-vous une fois pris la plume ou tapote sur le clavier de votre ordinateur quelques lignes romanesques, quelques vers plus ou moins libres ou de vagues considerations sur l’humanite et vous ne pourrez plus vous adonner en paix aux delices du neant. A la moindre requete d’un cercle spirite, il vous faudra continuer d’ecrire et cela parce que votre nom aura frappe un medium, peut-etre inconsciemment. Quant au resultat, il faut bien convenir qu’il risque fort de vous faire honte, fussiez-vous le plus chetif des plumitifs !
Point de panique toutefois ! Cette malediction, c’est surtout aux litterateurs celebres qu’elle s’attache. Pendant la grande epidemie spirite, de 1850 a 1930, Shakespeare, Platon ou Moliere eurent bien peu de soirees de repos. Ils fournirent des supplements considerables a leurs oeuvres completes et acheverent a l’occasion des ouvrages qu’ils n’avaient qu’esquisses de leur vivant. Il est bien humain de preferer s’entretenir avec des celebrites defuntes plutot qu’avec l’esprit de son epicier. La phrase d’Alfred Jarry : Modeler son ame sur celle de son concierge trouve peu de credit dans l’autre monde. En matiere de celebrite, ce phenomene ne se limite pas aux ecrivains : dans l’au-dela, Marie-Antoinette, Cagliostro ou Monsieur Christ ne choment pas. Ce furent naturellement les ecrivains celebres – auteurs classiques ou recents, mais morts en pleine renommee – qui enrichirent les soirees spirites des multiples cercles. Frequenter plusieurs soirs par semaine Lamartine avait certes un effet compensateur pour le medium et ses assistants qui se languissaient des espaces etheres.
Pour les hommes celebres qui, a l’instar de Victor Hugo, s’adonnaient aux tables tournantes, il n’eut pas ete seant de frequenter le premier esprit venu : il fallait pour le moins traiter avec Aristophane ou Socrate ! Imaginez un instant Hugo devisant avec l’esprit d’un charcutier…
Les productions de la litterature d’outre-tombe sont souvent decevantes, surtout si on les compare avec les admirables floraisons graphiques de l’art mediumnique. Il n’est pas d’equivalent d’Augustin Lesage ou de Fleury-Joseph Crepin chez les ecrivains spirites. L’alibi spirite, evoque a propos des artistes mediumniques par Jean Dubuffet, fonctionne aussi pour les ecrivains, comme on le verra dans les pages qui suivent : bon nombre de par leur statut social, par sentiment d’inferiorite ou timidite, vies mutilees ou la tentative de creation n’est meme plus reconnue par le sujet, n’auraient jamais ose avouer qu’ils etaient les auteurs des textes en question. Les messages de l’inconscient ne sont pas integres a la personnalite, mais attribues a une entite autonome; et si elle est celebre, tant mieux : c’est une minime revanche sur les desillusions de la vie. A la difference de la production des dessinateurs, ces creations se heurtent a deux obstacles majeurs.