Auteur : Alain Leroux | Axelia Leroux
Date de saisie : 13/12/2007
Genre : Societe Problemes et services sociaux
Editeur : Economica, Paris, France
Prix : 8.00 / 52.48 F
ISBN : 978-2-7178-5453-4
GENCOD : 9782717854534
Sorti le : 03/09/2007
- Les presentations des editeurs : 14/12/2007
Peut-on eliminer la pauvrete en France ? Sans doute, a condition de pratiquer la solidarite autrement que nous ne le faisons. Prolongeant une etude anterieure, ce petit livre explique en termes simples en quoi consiste le dispositif de l’allocation personnelle. A la lecture de cet entretien, l’objectif vise : zero pauvre, moins d’impots, n’apparait plus comme une chimere mais, au contraire, comme un but que l’on doit politiquement s’assigner.
Le principe de l’allocation personnelle est maintenant clairement etabli. Au plan des institutions et des mecanismes, ses traductions concretes restent toutefois largement ouvertes. Precisement, cet ouvrage a pour vocation d’amorcer un vaste debat public, invitant le citoyen a s’emparer de cette proposition, afin d’y apporter ses suggestions ou ses correctifs.
Alain Leroux est professeur d’economie a l’Universite Paul Cezanne d’Aix-Marseille. Il est l’un des principaux promoteurs de la philosophie economique, concue comme domaine specifique de reflexion, a l’intersection de la philosophie et de l’economie. Fondateur de la Revue de philosophie economique.
- Les courts extraits de livres : 14/12/2007
Extrait de l’introduction :
FAUT-IL ELIMINER LA PAUVRETE ?
1 – Vous soutenez que la pauvrete en France peut etre eliminee, alors meme que la montee de la precarite et de la misere, la multiplication des mal loges et des sans abris, defient toutes les politiques jusqu’ici mises en place. Vous dites meme que cet objectif est assignable sans accroitre l’effort de solidarite actuellement consenti : zero pauvre, moins d’impots ! Pour le dire poliment, ce que vous avancez la parait, au mieux, utopique… mais cette annonce est en meme temps tellement inesperee que l’on n’a pas le droit non plus de ceder a l’incredulite premiere. Nous voulons donc y regarder de plus pres. Le but de cet entretien est de comprendre le pourquoi et le comment de votre proposition, afin de porter un jugement eclaire sur un objectif qui semble, pour le moins, paradoxal…
Votre attitude est la bonne et c’est avec plaisir que je vais repondre a vos questions. Je m’efforcerai de le faire en gommant autant que possible les vieux reflexes professoraux. Encore faut-il que vous sachiez qu’il s’agit la d’une affaire serieuse, serieusement etudiee depuis plusieurs annees dans le cadre universitaire, avec tout l’art et la science dont mon equipe et moi sommes capables. Cela etant, maintenant que la plausibilite de cette proposition est assuree, il n’est que temps de sortir du cadre academique et de la faire connaitre au plus grand nombre. Or bien que le jargon scientifique soit souvent mieux fait pour exprimer precisement sa pensee, la premiere exigence, la premiere politesse aussi, est d’etre comprehensible par tous. Je compte donc sur vous pour me reprendre chaque fois que je cederai, inconsciemment, aux facilites du langage technique.
Avant cependant d’entamer notre dialogue, il me faut rectifier l’objectif que vous me pretez afin de n’entretenir aucune equivoque. La pauvrete est un phenomene complexe, aux manifestations multiples, impliquant le revenu bien sur, mais aussi le logement, l’endettement, l’instruction, la sante, l’emploi… La proposition que je vais expliciter avec vous ne pretend pas atteindre la pauvrete dans toutes ses dimensions. Elle se concentre uniquement sur l’une d’entre elles. Mais la plus importante : la pauvrete monetaire. Vous avez certainement entendu parler du seuil de pauvrete, expression vaguement mysterieuse que nous aurons sans doute l’occasion de preciser. Sans savoir peut-etre exactement comment ce seuil est determine, vous comprenez neanmoins qu’il s’agit d’un niveau de revenu en dessous duquel une personne est reputee pauvre. Aujourd’hui, dans notre pays, le nombre de personnes ayant un revenu inferieur a ce seuil se chiffre en millions. L’objectif que j’ambitionne de vous faire partager est qu’il n’y en ait plus aucune ! C’est cela que synthetise le zero pauvre dans la formule-programme que vous avez citee.
2 – L’aspect purement monetaire de votre proposition etant note, venons en au pourquoi et au comment de cette ambition : eliminer la pauvrete.
Le pourquoi, tout d’abord. Pourquoi en effet vouloir eliminer la pauvrete en France ? La question merite d’etre posee car il ne s’agit pas de se laisser aveugler par la sensiblerie et les bons sentiments. Tout n’est pas possible dans ce bas monde. Il convient donc de fixer avec lucidite les objectifs politiques prioritaires.
Vous avez raison. Et il y a deux arguments au moins pour que l’elimination de la pauvrete ne soit pas consideree comme un objectif politique prioritaire. Selon le premier, la pauvrete serait un phenomene naturel, a tout le moins habituel. Il en irait de la pauvrete comme de la maladie. Pour chacun d’entre nous, certainement, mieux vaut etre riche et en bonne sante que pauvre et malade. Au plan de la population dans son ensemble, en revanche, voila qui serait impossible. La pauvrete ferait partie de la vie sociale aussi surement que la maladie fait partie de la vie biologique. Nos societes modernes doivent en consequence lutter contre la pauvrete comme elles combattent la maladie : dans l’espoir de la contenir mais sans nourrir l’illusion de pouvoir l’eliminer. Selon ce premier argument, il serait aussi stupide de se donner pour objectif politique de n’avoir plus aucun pauvre que de se fixer pour ideal sanitaire de ne compter aucun malade.