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Plantes & chamanisme : conversations autour de l’ayahuasca et de l’iboga

Auteur : Jan Kounen | Jeremy Narby | Vincent Ravalec

Date de saisie : 28/03/2008

Genre : Sociologie, Societe

Editeur : Mama editions, Paris, France

Prix : 24.00 €

ISBN : 978-2-84594-020-8

GENCOD : 9782845940208

Sorti le : 28/03/2008

  • Le courrier des auteurs : 27/02/2008

Vincent Ravalec, Jeremy Narby et Jan Kounen nous livrent leur experience chamanique

Denigre pendant cinq siecles par les Occidentaux, le chamanisme pose aujourd’hui un nouveau defi : comment concilier la vision occidentale du monde avec une experience qui la contredit radicalement ?

En effet, de nombreux Occidentaux s’envolent a present vers differents coins du monde, et notamment l’Amazonie, ou la medecine chamanique traditionnelle repose sur les visions que procurent certaines plantes.
Des chercheurs d’avant-garde, aussi bien que de simples touristes, se tournent vers un rituel millenaire dans le but d’y trouver des informations utiles pour leur discipline ou leur vie.

Vincent Ravalec, Jeremy Narby et Jan Kounen ont en commun d’avoir vecu ces experiences de maniere repetee au fil des dernieres annees.
Ils ont ecrit et realise des livres et des films de reference sur le sujet, avec le souci constant d’etablir des ponts entre les representationsindigenes et occidentales du monde.
En les reunissant pour la premiere fois, ce livre leur permet d’echanger les lecons qu’ils ont tirees des plantes enseignantes.
Melant eblouissements et mises en garde, ses auteurs esquissent une cartographie inedite pour le lecteur interesse par ces autres dimensions de la conscience.

  • Les presentations des editeurs : 27/02/2008

Trois personnalites venant d’horizons divers melent pour la premiere fois leurs voix et temoignent librement d’une pratique qui echappe a l’ordinaire : la decouverte et l’experience du chamanisme par un Occidental.

Plantes sacrees, hallucinogenes, initiations, etats de conscience modifiee, benefices ou dangers possibles pour ceux qui s’y essaient… Jan Kounen, Jeremy Narby et Vincent Ravalec explorent ces sujets avec une sincerite rare.

Leurs regards croises, bienveillants mais sans compromis, livrent une nouvelle approche du monde indigene, et une autre vision de la realite.

Jan Kounen est cineaste. Il a realise Dobermann, Blueberry, l’experience secrete et 99 Francs, ainsi que plusieurs documentaires dont Darshan, l’etreinte et D’autres mondes. Il est aussi l’auteur de Visions : regards sur le chamanisme.

Jeremy Narby est anthropologue. Il a notamment ecrit Le Serpent cosmique, l’ADN et les origines du savoir (publie en douze langues), Chamanes au fil du temps (coecrit avec Francis Huxley), et Intelligence dans la nature, en quete du savoir.

Vincent Ravalec est ecrivain et cineaste. Il a publie, entre autres, Cantique de la racaille (prix de Flore), Un pur moment de rock’n roll et Pour une nouvelle sorcellerie artistique. Il est egalement coauteur de Bois sacre, initiation a l’iboga.

  • Les courts extraits de livres : 11/03/2008

Sequence 1

Vincent : La question que je me pose, c’est : pourquoi faire un livre sur ce sujet ? Est-ce que cela va servir a quelqu’un ? Avant d’aller plus loin, j’aimerais qu’on s’interroge la-dessus, car j’ai deja fait un livre sur l’iboga, plus differentes participations autour des psychotropes, et pour le moment, les consequences que j’en vois, le retour, ne paraissent pas tres positifs.
Je suis extremement dubitatif, d’autant qu’ayahuasca comme iboga sont maintenant interdits en France. Mais au-dela de l’aspect juridique ou penal des choses, d’un point de vue humain, existentiel, est-ce que ca va apporter quelque chose a quelqu’un de lire un livre sur ce sujet ?
Je m’excuse de faire un peu prechi-precha mais je pense qu’il faut poser la question basique de pourquoi on fait les choses, qu’est-ce qu’on a envie de faire, pour soi-meme et pour son prochain, dans cette dimension comme dans les autres.
Je crois que les gens qui ont acces a ce type de connaissance, comme les gens qui ont acces a la science, doivent avoir une reflexion ethique plus importante que les autres, parce qu’ils ont plus de responsabilites. Personnellement, je me pose beaucoup de questions. Ayant une toute petite parcelle d’exposition publique avec mes livres, et surtout depuis le livre sur l’iboga, je reflechis a comment parler de ces experiences.
Je pense que toi, Jeremy, tu as ete confronte a ca avec Le Serpent cosmique ?
Jeremy : Oui, moi ca fait des annees que c’est dans mon esprit.
Vincent : Et quelle est ta position ?
Jeremy : C’est vrai qu’avec Intelligence dans la nature, j’ai fait une sorte de a gauche toute. Je me suis eloigne de quelque chose qui pourrait encourager les gens, tout en tachant de rester fidele au sujet – le sujet etant, en ce qui me concerne, la situation des peuples indigenes d’Amazonie.
Le fait est qu’on a meprise ces peuples et leur savoir pendant des siecles et que les plantes psychoactives sont au centre de leur facon de connaitre le monde et que, ma foi, ca contredit le paradigme occidental. Ca, deja, en soi, c’est interessant; c’est meme trop interessant pour ne pas en parler. On est dans un cas de blocage epistemologique.
Le fait d’en parler me parait constructivement subversif dans ce monde; et en meme temps, je n’ai pas envie d’envoyer de jeunes agneaux occidentaux se jeter dans la gueule du loup, et creer plus de confusion. Par exemple, j’evite soigneusement toute prise d’ayahuasca en Europe, c’est clair.
Dans mes derniers livres, je donne la parole a des chamanes qui expliquent que l’utilisation d’ayahuasca est ambigue, qu’il y a aussi des questions de pouvoir la-dedans.
J’ai l’impression que c’est une bonne chose d’en parler tant qu’on le fait de maniere detaillee, equilibree, avec la lumiere et l’obscurite, et surtout en le replacant dans un contexte de savoir.
En Amazonie, ils ne parlent pas d’hallucinogenes, mais d’outils pour communiquer avec les autres especes. L’ayahuasca, c’est avant tout une facon de transcender la barriere qui nous separe des autres especes et, dans nos visions, de communiquer avec des plantes et des animaux. Je continue a penser qu’en Occident, on a plutot affaire a un deficit de comprehension, et j’aime l’idee de mettre nos trois tetes ensemble ici et de chercher une nouvelle facon de parler de ces choses, une facon qui soit a leur honneur.
Ces plantes sont des outils, des powertools, des outils de puissance, qui peuvent etre productifs, et en meme temps dangereux. Donc, plus on pourra transmettre une intelligence dans l’usage, mieux ce sera. Je pense qu’il s’agit plutot, dans un premier temps, de decourager les gens, de dire : Ecoutez, ce n’est pas la tasse de the de tout le monde. Attention, ce sont des eaux profondes, il faut etre pleinement informe avant d’y aller, c’est de la navigation en haute mer.
Mais j’aime la navigation en haute mer ! Il y a, dans notre culture, des tabous concernant les plantes psychoactives. D’ailleurs, elles sont illegales dans la plupart des pays occidentaux. Et, oui, j’ai plutot envie de rompre le silence. Je trouve qu’on est, les trois, des gens de mots et de communication ; et si, nous trois, on n’est pas capables de trouver des mots pour commencer a parler de l’usage et de l’abus de ces plantes, je ne sais pas qui va pouvoir le faire…